Société

Lutte contre les érosions, difficile combat de jeunes de l’ASBL Solidarité de Badiadingi

Il y a péril en la demeure! Le camp Badiadingi est menacé de disparition. Deux têtes d’érosions s’y sont créées depuis trois ans. Jusqu’alors, ce sont les membres du génie militaire qui travaillaient pour réduire la progression de ces érosions, mais leurs efforts titanesques n’ont pas abouti, la nature ayant recouvré ses droits. Les dernières pluies diluviennes qui se sont abattues sur la capitale ont éveillé la conscience des jeunes de l’ASBL Solidarité de Badiadingi. Ces jeunes se sont engagés contre l’érosion qui menace leur cité. Ils entendent travailler en synergie avec les hauts responsables militaires du camp pour apporter leur contribution dans les travaux de canalisation. La bataille s’annonce âpre, ils en sont conscients.
 
C’est à l’occasion du combat du siècle entre deux boxeurs noirs américains, Mohamed Ali contre George Forman, sous le patronage du Maréchal du Zaïre, Mobutu Sese Seko, en 1974, que le camp Badiadingi a été construit par les ingénieurs belges. Ce camp a servi de centre officiel d’accueil aux étrangers venus assister au combat du siècle entre ces deux poids lourds de la boxe mondiale toutes sections confondues WBC et WBA. Le camp Badiadingi a été érigé suivant des normes urbanistiques pointues. Les maisons ont été construites en bêton armé, sans compter le parfait aménagement des routes et de la voirie. Une cité de rêve. A ce jour, ce centre abritant des officiers militaires est en voie d’être emporté par deux têtes érosions dangereuses. La première tête d’érosion a déjà englouti trois villas et a séparé le camp Badiadingi du marché Libulu; même la cabine électrique placée sur le site des blocs 116 à 120 n’a pu résister à la force de la nature.  Cette érosion, selon les habitants de ce coin, a commencé au lieu où se situait un des parkings du camp. «Nous n’avons été très attentifs lorsque cette érosion s’est formée. En tout cas, rien ne laissait présager cette tournure des événements!», a regretté une habitante, visiblement impuissante et désemparée. La seconde érosion, plus menaçante encore risque de ravager les villas situées entre les rangers des 332 et 336.
 
Travail de Titan abattu par le corps du génie militaire
Jusqu’alors, les membres du corps du génie militaire ont pris leur courage à deux mains pour tenter de réduire sensiblement la progression de ces érosions. Les militaires ont cherché à canaliser les eaux des pluies par la construction des digues et des caniveaux. Mais ces travaux n’ont pas été achevés pour diverses raisons. Aujourd’hui, la nature a repris ses droits. Les pluies diluviennes de ces dernières années ont déversé des trombes d’eau qui se sont frayé leur chemin n’importe comment, exposant les maisons d’habitations ainsi que leurs résidents.
Les récentes précipitations ont éveillé la conscience individuelle et collective tant des habitants que des voisins, au vu de l’inquiétante progression des têtes d’érosion. Les jeunes de l’ASBL Solidarité de Badiadingi, eux, se sont donné pour mission de combattre ces érosions à travers un projet de canalisation des eaux de pluie, l’objectif principal étant l’arrêt de l’expansion des érosions. Cette association regroupe, en son sein, différentes compétences ; et tous ses membres résident au camp. Pour démarrer les travaux, l’ASBL Solidarité de Badiadingi a sollicité l’accord des responsables du camp.  «La lettre  a déjà été introduite au niveau du commandement du camp; nous attendons la suite», a déclaré Patrick Ngulu, président de l’Association qui a vu le jour en 2010.
 
Combattre la mal à la racine
Ces jeunes voudraient apporter leur modeste contribution dans ce combat titanesque contre la nature. Car, disent-ils, mieux vaut attaquer le mal à ses racines. Et rien n’est plus dangereux que la mauvaise canalisation des eaux dans une agglomération.
Patrick Ngulu a lancé un SOS aux habitants du camp et des quartiers environnants d’adhérer et d’accompagner cette initiative. Car, ajoute-t-il, les érosions risquent d’engloutir toute cette partie de la ville, si les habitants n’y apportent pas des mesures adéquates en temps opportun. L’Association compte battre le rappel des troupes dans ses huit cellules du camp et d’autres situées à Télécom et du côté du champ des tirs.
L’ASBL Solidarité de Badiadingi est une plateforme regroupant non seulement les jeunes du camp, mais aussi ceux des quartiers limitrophes. Elle vise l’épanouissement et le développement des habitants du camp et d’autres quartiers. L’Association prévoit d’organiser, dans deux semaines, plusieurs activités de mobilisation collective au cours desquelles il y aura aussi des jeux concours.
 
 
Christofer NGWATE

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