Société

L’ONU stigmatise la restriction de l’espace démocratique

 Toute restriction de la liberté d’expression affecte et a un impact négatif dans le climat démocratique et dans la qualité de la démocratie du pays 
Les violations des Droits de l’homme en RD-Congo ont connu une régression au courant du mois d’octobre 2016, selon le dernier rapport établi par le Bureau conjoint des Nations unies aux Droits de l’homme -BCNUDH. L’annonce a été faite par le directeur de cet organisme onusien, José Maria Aranaz, mercredi 16 octobre au cours du point de presse hebdomadaire de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo -MONUSCO.
Le rapport fait état de 434 violations des Droits de l’homme sur l’ensemble du territoire RD-congolais, ce qui représente une baisse par rapport au mois de septembre 2016 au cours duquel 506 violations avaient été enregistrées. Au cours de ce rendez-vous hebdomadaire, la question de Sonia Rolley de «RFI» sur les relations qui semblent tendues ces dernières semaines entre les autorités et les médias tant locaux qu’internationaux, a provoqué une réaction vive de la part du chef du BCNUDH en RD-Congo qui s’est dit préoccupé.
Le Bureau conjoint des Nations unies aux Droits de l’homme -BCNUDH- a stigmatisé la restriction de l’espace démocratique sur l’ensemble du pays. Selon cet organisme onusien, il s’agit du troisième mois au cours duquel il a documenté le plus grand nombre de violations de ce type depuis le début de l’année 2016, après les mois de mai et de septembre. Ceci porte à 1.006 le nombre total de violations des Droits de l’homme en lien avec les restrictions de l’espace démocratique documentées depuis le 1er janvier 2015, dont 746 violations pour 2016, soit près du triple du nombre total de ce type de violations documentées sur toute l’année 2015. Au cours de ce point de presse, l’ONU a exprimé sa vive préoccupation pour toute restriction de la liberté d’expression et de la liberté de presse, qu’il considère essentielles pour la santé démocratique du pays. «Toute restriction de la liberté d’expression affecte et a un impact négatif dans le climat démocratique et dans la qualité de la démocratie du pays». a souligné José Aranaz.
 
Le rapporteur spécial des droits à la liberté d’expression  devra s’exprimer de manière officielle sur le cas de la RD-Congo. Par rapport aux arrestations dont font l’objet les journalistes, ainsi que les remous suscités par l’Arrêté du ministère de la Communication par rapport aux médias étrangers, le directeur du BCNUDH a noté que son bureau a déjà condamné toutes les attaques et arrestations contre les journalistes. Réponse du berger à la bergère, le porte-parole de la MONUSCO, Félix Prosper Basse, a souligné: «évidemment, nous ne cesserons de marteler que la liberté d’expression qui est d’ailleurs inscrite dans la loi fondamentale RD-congolaise, devrait être respectée et devrait être promue».
Création d’une milice au Kasaï Central
Les exactions commises par la milice d’auto-défense dans la province du Kasaï Central a également figuré dans ce rapport. C’est dans ce cadre que plusieurs composantes de la MONUSCO y compris le BCNUDH ont conduit une mission d’évaluation conjointe entre les 12 et 21 octobre dans certaines zones des territoires de Dimbelenge et Dibaya, afin de s’enquérir de la situation sécuritaire et des Droits de l’homme en lien avec la création de la milice du chef du village de Kamuina Nsapu. Le BCNUDH est fortement préoccupée par les violations graves commises par la milice d’auto-défense depuis le mois d’août 2016, ainsi que les exécutions extra-judiciaires, arrestations arbitraires, détentions au secret à l’encontre de civils.
 
L’ONU a lancé un appel particulier à l’endroit des commandants des unités déployées sur le terrain qui ont une responsabilité primaire quant à la conduite de leurs subordonnés. Le BCNUDH est encore revenu sur la reddition du chef de guerre Gédéon Kyungu Mutanga. José Maria Aranaz a indiqué que depuis sa reddition aux autorités militaires et provinciales du Haut-Katanga, le 11 octobre 2016, le BCNUDH a noté avec inquiétude qu’aucune avancée n’a été enregistrée quant à son incarcération, et à l’exécution de la peine déjà prononcée à son encontre ainsi que l’ouverture de nouvelles poursuites pour les crimes commis depuis son évasion de prison en 2011, conformément à la loi et à la lutte contre l’impunité. Le rapport a noté que Gédéon Kyungu Mutanga a été condamné en 2009 à la peine de mort pour crimes contre l’humanité, participation à un mouvement insurrectionnel et terrorisme, peine plus tard commuée en prison à perpétuité.
Christiane MUNOKI EKAMBO

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