2015-2016, 8% seulement des enfants handicapés ont été scolarisés à l’école primaire et 9% à l’école secondaire. Un tableau très sombre. Pour cette association, le gouvernement et les parents sont complices de cette exclusion
92% d’enfants handicapés ne sont pas scolarisés. Tels sont les résultats d’une enquête menée par la Fédération nationale des associations des personnes vivant avec handicap du Congo -FENAPHACO- dans les provinces du Kongo Central, le Kasaï Oriental dans son ancienne configuration, le grand Bandundu et Kinshasa. Patrick Pindu-di-Lusanga, coordonateur national de cette structure, est révolté. Il monte sur ses grands chevaux et interpelle les autorités du pays. Me Pindu est formel: le gouvernement RD-congolais et les parents des enfants handicapés sont tous complices de cette exclusion. Pour inverser la tendance, le coordonateur national de la FENAPHACO plaide pour quelques avantages en faveur des enfants handicapés dont la suppression des frais scolaires pour les enfants vivant avec handicap afin de leur faciliter l’accès à l’école ainsi que l’introduction d’un cours sur leurs droits spécifiques dans le programme de l’enseignement primaire et secondaire.
Mardi 2 août 2016, Patrick Pindu a dévoilé les résultats d’une enquête menée par la FENAPHACO sur la scolarisation des enfants vivant avec handicap en RD-Congo dans les provinces du Kongo Central, le Kasaï Oriental dans son ancienne configuration, le grand Bandundu et Kinshasa. Le verdict est très alarmant: les enfants handicapés sont exclus de l’école. Pour l’année scolaire 2015-2016, 8% seulement d’entre eux ont été scolarisés à l’école primaire et 9% à l’école secondaire. Un tableau très sombre. A en croire ses propos, cette non-scolarisation ne se limite pas qu’aux provinces enquêtées. Elle s’étend jusqu’aux autres provinces du pays. «Les enfants handicapés sont délaissés par le système scolaire RD-congolais depuis 1960. Lorsque les parents acceptent de scolariser leurs enfants, les structures de proximité sont souvent inadaptées à leur prise en charge et les centres spécialisés restent encore très rares. La RD-Congo est le premier pays en Afrique australe et centrale à compter le plus d’enfants handicapés», a-t-il déploré. Et ce, malgré toutes les bonnes intentions et tous les efforts fournis par le gouvernement pour y remédier. Constatant que ce phénomène est d’autant plus inquiétant chez les filles handicapées en particulier, Patrick Pindu demande que soit accordée la même importance à tous les enfants au sein de ce système scolaire. Chiffre à l’appui, Me Pindu a révélé: «l’étude de la FENAPHACO démontre que plus de 13.000 enfants handicapés ont été chassés ou exclus de l’école durant l’année scolaire 2015-2016 par manque de frais d’études à payer avec pour cause le désengagement du politique, la mauvaise volonté des responsables scolaires et la méconnaissance des parents».
Patrick Pindu ne s’est pas contenté de peindre un tableau sombre de la situation des enfants vivant avec handicap. Il a même fait des propositions pour améliorer cette situation. Modeste, il a sollicité l’implication et la mobilisation de toute la Société civile pour interpeller les pouvoirs publics. «La FENAPHACO préconise l’adoption des mesures législatives visant à améliorer le bien-être socio-économique des enfants handicapés et la mise en place des programmes de protection et de réinsertion, la suppression des frais scolaires pour eux ainsi que l’introduction d’un cours sur leurs droits spécifiques dans l’enseignement primaire et secondaire», a-t-il sollicité. Et de renchérir à l’intention des partenaires techniques et financiers: «initiez des projets pour l’éducation inclusive et la prise en charge ainsi que la promotion de la scolarisation des enfants vivant avec handicap, appuyez des projets et des microprojets des organisations des personnes handicapées qui travaillent pour la prise en charge de la scolarisation des enfants handicapés, renforcer les capacités des enseignants sur l’éducation inclusive et la convention des Nations-Unies relatives aux droits des personnes handicapées». Patrick Pindu a, par la même occasion, invité le gouvernement à ne pas considérer que les ONGs nationales et internationales banalisent les efforts qu’il fournit et qu’elles dramatisent les défis réels. Le cri d’alarme de la FENAPHACO est d’autant plus préoccupant que la RD-Congo a ratifié la Convention des Nations-Unies relatives aux droits de l’enfant et également la Convention internationale sur les droits des personnes handicapées protégeant les enfants vivant avec handicap contre toute forme de discrimination et leur confère un droit d’accès à l’éducation et à la santé égal à celui des autres enfants. Patrick Pindu a promis de ne pas se reposer tant que les droits de tous les enfants ne seront pas égaux.
Barick BUEMA
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