Comme chaque année, le monde célèbre, le 8 mars, la Journée internationale de la femme. A cette occasion, la rédaction de «Jeune Afrique» a consacré un dossier où elle publie une liste de 20 femmes africaines qui inspirent au quotidien plus d’une personne non seulement sur le continent mais aussi à travers le monde. A en croire ce magazine panafricain, il s’agit d’une sélection très subjective et non exhaustive d’Africaines qui ne sont pas forcément les plus connues ni les plus influentes mais dont l’action peut aussi servir d’exemple aux jeunes générations. Parmi elle, l’on retrouve l’ingénieur Thérèse Iza Kirongozi, la RD-Congolaise qui a inventé les robots régulateurs munis des caméras facilitant la circulation routière en RD-Congo. Depuis, son travail est reconnu partout! Difficile d’écarter des profils d’exception que regorgent l’Afrique, car aucune sélection qui se veut succincte n’est parfaite. Dans cette liste, vous ne trouverez ainsi nulle trace des célèbres et très influentes Fatou Bensouda, Procureure de la Cour pénale internationale -CPI-, Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’Union africaine -UA-, ou Murielle Ahouré, sprinteuse ivoirienne, pourtant habituées des classements en tous genres de «Jeune Afrique». Elles ont été déjà distinguées plusieurs fois, comme c’est le cas avec Ellen Johnson, présidente libérienne et Prix Nobel de la Paix 2005, Kasha Jacqueline Nabagesera, militante LGBT ougandaise ou Dorra Bouchoucha, productrice tunisienne de «Inhebek Hédi». Voici donc une sélection non exhaustive de 20 femmes dont les parcours et l’exemple inspirent.
Graça Machel: la Mozambicaine de 70 ans reste l’une des femmes les plus respectées d’Afrique. Ancienne épouse du Président mozambicain Samora Machel, dont elle a partagé la lutte au sein du Front pour l’indépendance, elle a épousé, en 1998, Nelson Mandela, qu’elle accompagnera jusqu’à sa mort. Ancienne ministre de la Culture de son pays, elle s’est consacrée dès la fin des années 80 aux droits des femmes et des enfants. Elle obtient la médaille Nansen en 1995 pour son action en faveur des enfants réfugiés.
Alice Nkom: À 70 ans, elle ne compte plus ni les récompenses ni les menaces de mort. Depuis 2003, Alice Nkom se consacre à la défense des homosexuels au Cameroun. Un temps conseillère de Hillary Clinton ou de la famille Habyarimana, l’avocate de Marafa Hamidou Yaya sillonne la planète en portant aussi fièrement le boubou que son statut de «pestiférée». Son objectif: que la Cour suprême camerounaise déclare anticonstitutionnel l’article 347 bis du code pénal sanctionnant l’homosexualité.
Zohra Drif Bitat: Elle reste une icône de la guerre d’indépendance de l’Algérie. À 81 ans, l’ancienne épouse de Rabah Bitat, l’un des chefs historiques du FLN, reste impliquée en politique. Avocate, enseignante, ancienne sénatrice, cette proche du Président Abdelaziz Bouteflika, dont elle a récemment critiqué l’entourage, s’est régulièrement opposée aux projets du gouvernement, notamment au sujet de la famille et du droit des femmes.
Germaine Acogny: À 70 ans, la Sénégalaise est considérée comme la fondatrice de la danse contemporaine en Afrique. «Fille noire spirituelle» de Maurice Béjart, elle a été une de ses grandes étoiles et directrice durant six ans de son école Mudra Afrique, fondée avec Léopold Sédar Senghor. Depuis plus de 35 ans, Germaine Acogny danse la condition de la femme, la représentation de l’Afrique dans les médias internationaux, le racisme… Et elle n’est pas près de s’arrêter.
Lupita Nyong’o: Étoile montante du cinéma américain, il n’aura fallu qu’un rôle dans «Twelve Years a Slave» à l’actrice kényane de 33 ans afin de s’imposer dans le cercle aussi prestigieux que fermé du cinéma hollywoodien. Depuis, elle ne cesse de faire parler d’elle et enchaîne les unes de magazines et les collaborations avec les marques les plus prestigieuses. Actrice engagée, fervente militante anti-braconnage et promotrice de la beauté noire, l’actrice a de beaux projets devant elle.
Genzebe Dibaba: L’Éthiopienne de 24 ans a été élue athlète de l’année 2015. Une distinction de plus en attendant les Jeux olympiques de Rio en 2016. Outre le 1 500 mètres, dont elle est championne du monde, Genzebe Dibaba est attendue sur le 5 000 mètres. Dernier fait d’armes: l’Éthiopienne a battu en février le record du mile, qui n’est toutefois pas une discipline olympique. Le destin de la famille Dibaba, dont fait aussi partie une autre championne -Tirunesh-, s’écrit en lettres d’or.
Folorunsho Alakija: Avec une fortune personnelle estimée en 2015 par le magazine panafricain «Ventures Africa» à USD 3,2 milliards, la femme d’affaires nigériane aurait détrôné l’animatrice américaine Oprah Winfrey de son titre de femme noire la plus riche du monde. La businesswoman nigériane avait commencé sa carrière en tant que secrétaire dans une banque au début des années 1970. Après un passage par Londres, elle était rentrée au Nigeria pour se lancer dans le secteur pétrolier.
Angélique Kidjo: Féministe convaincue, chantre des grandes causes humanitaires, la diva béninoise a reçu, à 55 ans, un troisième Grammy Award pour son album «Sings» le 15 février à Los Angeles. La diva aux influences zouk, rumba, jazz, gospel ou encore classique a alors répété son mantra, affirmant que la musique peut bâtir des ponts entre les êtres et éloigner la violence. «L’Afrique se lève! L’Afrique est positive! L’Afrique est joyeuse!», s’est-elle exclamée. Un message qui méritait d’être entendu. Encore et encore.
Loubna Abidar: L’actrice marocaine de 31 ans s’est imposée grâce à son rôle de prostituée dans le film «Much Loved» de Nabil Ayouch, interdit au Maroc pour «outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine». Une performance artistique qui l’a toutefois forcée à se réfugier en France. Nommée dans la catégorie «meilleure actrice» aux Césars du cinéma français, récompensée à Angoulême, Namur et Gijon, l’actrice marocaine a depuis pris le parti de défendre la cause des femmes marocaines, malgré les menaces qui pèsent sur elle.
Nathalie Koah: La Camerounaise de 28 ans est devenue la cible de toutes les critiques dans son propre pays. Son tort: avoir osé se rebeller et attaquer en justice la star nationale Samuel Eto’o, qu’elle accuse d’avoir publié plusieurs photos d’elle dans le plus simple appareil sur internet. Avec un livre, «Revenge Porn», pour le moment interdit de parution, elle est devenue un symbole de la lutte de nombreuses Camerounaises pour leur indépendance face aux hommes.
Chimamanda Ngozi Adichie: L’écrivaine nigériane vient de frapper fort. À seulement 37 ans, son nouveau roman, Americanah, s’est déjà vendu à plus de 500 000 exemplaires aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Vivant entre les États-Unis et le Nigeria, elle n’hésite surtout pas à prendre la parole contre les extrémistes, qu’ils soient islamistes de Boko Haram ou simples homophobes. Une voix qui peut déranger, mais qui porte de plus en plus.
Habiba Ghribi: La première médaillée tunisienne de l’histoire olympique, à Londres en 2012, reste la meilleure chance de son pays pour les J.O. 2016 de Rio, au Brésil. Nommée, début décembre 2015, «femme arabe de l’année» -une distinction remise à Londres-, elle est également devenue, à 31 ans, un épouvantail pour les islamistes tunisiens. Alors qu’elle remportait sa médaille d’argent olympique, elle avait ainsi suscité la colère des radicaux, offensés par sa «tenue dénudée et indécente».
Aïssa Dione: Métisse d’une mère française et d’un père sénégalais, elle est une fervente promotrice du «made in Africa». Depuis Dakar, elle a conquis les plus grands marques, telles que Hermès et Paco Rabanne, et exporte ses créations à travers le monde. Internationalement reconnue dans son milieu, Aïssa Dione met un point d’honneur à parfaire ses créations et suscite la passion de la confection chez des milliers de jeunes africains.
Marie Diongoye Konaté: Elle arrive à concurrencer de grandes multinationales comme Danone et Nestlé en Côte d’Ivoire. Son entreprise, PKL, y occupe la deuxième place du marché de l’alimentation pour bébé. Lancé en 1994 avec un investissement initial de 600 000 francs CFA -915 euros-, PKL réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires de 1,3 milliard de francs CFA -deux millions d’euros.
Irène Koki Mutungu: La pilote kényane est la première femme africaine de l’histoire du transport aérien à avoir accéder au grade de commandant de bord. Fille d’un père pilote, Irène Kiko Mutengi a depuis son enfance nourri l’ambition de succéder à son père. Première femme pilote de Kenya Airways, engagée en 1995, formée aux États-Unis, elle vole aujourd’hui, à 39 ans, sur un Boeing 787 pour la compagnie kényane.
Thérèse Iza Kirongozi: L’ingénieure de 42 ans a inventé des androïdes munis de caméras et équipés de panneaux solaires. Leur rôle: réguler la circulation en RD-Congo, voire au-delà. Elle emploie une dizaine de personnes à temps plein et plusieurs autres à temps partiel pour concevoir ces géants 100 % «made in Kin». Son travail est aujourd’hui reconnu en Afrique comme en Europe, et l’Angola, le Congo-Brazzaville, la Côte d’Ivoire et le Nigeria seraient intéressés par son invention.
Hakima El Haité: À l’heure où les enjeux environnementaux en Afrique sont cruciaux, Hakima El Haité, actuelle ministre marocaine de l’Environnement mène une politique active pour remettre le pays au vert. Future présidente de la COP 22 qui se tiendra en novembre prochain à Marrakech, elle souhaite offrir toutes les chances au Maroc de s’inscrire dans une trajectoire de durabilité environnementale.
Thuli Madonsela: Médiatrice de la République d’Afrique du Sud depuis 2009, Thuli Madonsela mène une lutte active contre les dysfonctionnements et les abus de pouvoir. À 53 ans, elle a notamment enquêté sur des détournements imputés au Président Jacob Zuma lui-même. En véritable gardienne de la transparence, la Sud-Africaine représente l’espoir d’une large partie de la population de mettre fin à l’impunité en matière de corruption et d’abus de biens publics.
Dambisa Moyo: Elle est l’une des premières économistes à avoir décelé l’aspect négatif des politiques internationales de développement. Du haut de ses 47 ans, la Gambienne Dambisa Moyo s’attèle à mettre en avant le vaste champ d’opportunités dont dispose le continent. À travers des études économiques et un ouvrage largement plébiscité, elle réfute l’idée d’un continent assisté et montre la voie à suivre afin de faire émerger l’Afrique de demain.
Aicha Chenna: Aujourd’hui âgée de 73 ans, elle est la première à avoir brisé le tabou de l’avortement au Maroc. Aicha Ech Chenna, autrefois infirmière, œuvre depuis plus de 30 ans en faveur des mères célibataires à travers son association «Solidarité féminine», fondée en 1985, qui vient en aide aux femmes isolées et souvent rejetées par la société. En mai 2015, elle a obtenu une victoire de taille avec la légalisation du droit à l’avortement sous conditions.
Avec Jeune Afrique
Le titre et le chapeau sont d’AfricaNews
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