Société

Intrusion dans le quotidien de Nina Nguya, tenancière d’un restaurant de fortune

Il est normal en ce mois de mars, dédié à la femme, de rendre hommage
à cette héroïne ordinaire, cette femme qui, par sa bravoure et son
courage, est devenue le moteur d’une société RD-congolaise où le seul
apport financier de l’homme ne suffit plus. D’ailleurs plusieurs
rapports du Programme des Nations unies pour le développement -PNUD-
et d’autres structures soutiennent que l’économie informelle
représente plus de 90% de l’activité en RD-Congo.
Et la femme occupe une part importante dans cette activité. Voilà
pourquoi «AfricaNews» a fait une intrusion dans le quotidien de Nina
Nguya, propriétaire depuis près de 10 ans d’un restaurant de fortune,
«Malewa» dans le jargon kinois, au quartier Bantandu dans la commune
de Matete.
C’est aux petites heures du matin, entre 4 heures et 4 heures et demi,
que Nina Nguya, mariée et mère de deux enfants de moins de dix ans,
débute sa journée. Après un bain rapide, elle prend un taxi-moto pour
se rendre à son restaurant «La Nguya» situé à trente minutes de sa
maison. Arrivée à son établissement, elle commence la cuisson des
aliments déjà assaisonnés la veille.
Elle est un véritable cordon bleu! Dès 7 heures du matin, celle qu’on
appelle l’américaine, pour sa forte carrure, reçoit les premiers
clients friands de ses délicieux plats. «Il y a pas mal des
restaurants à Matete mais nous préférons celui-ci parce qu’il est
propre, l’accueil est bon, la nourriture est un délice, le prix est
abordable: avec un CDF 1000, tu peux manger quelque chose de
consistant», témoigne un jeune mangeant des feuilles de manioc
accompagné d’un plat de poissons salés et du fufu. Et à mesure que le
temps passe, le restaurant se remplit et les commandes pleuvent. Le
travail est plutôt harassant. Mais l’Américaine le fait avec plaisir…
avec passion.
C’est grâce à ce métier qu’elle aide son mari à maintenir l’équilibre
de son foyer. «Avec ce métier, je gagne beaucoup qui, du reste, est
un secret entre mon mari et moi. Grâce aux bénéfices, je loue une
maison toujours à Matete et mes enfants vont à l’école. Je paie USD
270 par année pour un enfant, USD 540 pour les deux. Mon travail me
permet  tant bien que mal de prendre en charge  presque toute ma
maison», confie-t-elle.
L’Américaine brave les Kuluna…
A en croire Nina Nguya, le plus grand obstacle à son boulot n’est pas
la jalousie de son mari mais l’insécurité qui sévit dans sa commune.
Elle est obligée à braver, dès l’aurore, le risque de tomber nez à nez
avec les Kuluna qui font la loi dans le coin. «Vous savez, il est
difficile de sortir de sa maison vers 4heures du matin sans rencontrer
des bandits. Mais, nous sommes contraintes de le faire, si nous
voulons maintenir notre clientèle.
Avez-vous une idée de ce qui peut arriver, si toutes les femmes
vendeuses de Malewa refusaient de sortir à cette heures?»,
Ironise-t-elle, le sourire aux lèvres. Battante, Nina Nguya estime que
la femme du 21ème siècle est une source financière pour son ménage,
n’a qu’un seul jour de congé: le lundi. Les six autres, elle est
partagée entre ses casseroles, les enfants et le marché. Elle passe
ainsi de longues journées allant généralement à 5 heures du soir.

Frezia KABAMBA

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