Analysant froidement la pluie qui s’est abattue, jeudi 23 juin dernier, dans la ville de Kinshasa en pleine saison sèche, le président national de l’Alliance des écologistes du Congo – AECO-, le député national Didace Pembe Bokiaga a révélé plusieurs faits liés à l’écologie. «Le fait est remarquable car, la dernière pluie observée le 23 juin à Kinshasa date de 1961. La grande saison sèche débute en moyenne le 15 mai et est caractérisée par l’absence de précipitations et des températures nettement moins élevées. Cette pluie inopinée ne peut être attribuée au changement climatique car, le phénomène avait été observé 61 ans plus tôt», a-t-il souligné.
Pour Didace Pembe, cette pluie de jeudi est très acide car en tombant, elle s’est chargée de particules matières -PM-, d’ozone O3, de dioxyde d’azote NO2, de monoxyde de carbone CO, de dioxyde de soufre SO2, de plomb Pb ainsi que d’autres particules nocives. «Ce phénomène météorologique nous interpelle donc sur un autre problème de santé publique largement ignoré par nos autorités. Il s’agit de la pollution de l’air dans la capitale qui est située dans une cuvette avec peu de vent pour évacuer les particules toxiques», a indiqué cet élu de Mushie.
Et de poursuivre: «l’OMS estime que la pollution de l’air est à l’origine de près de 200.000 décès chaque année en Afrique -WHO, 2016. Si cette question sur la dégradation de la qualité de l’air reste pendante, l’Afrique atteindrait 600.000 décès en 2050».
Le président national de l’AECO-les Verts a fait remarquer que le trafic routier est intense dans la ville de Kinshasa, avec presque 90% de vieux véhicules en mauvais état, ne disposant pas de pot catalytique ni d’autres dispositifs d’épuration de gaz. «Les moteurs diesel rejettent des doses massives de dioxyde d’azote NO2 tandis que les moteurs à essence utilisent toujours un carburant avec une teneur en plomb égale à 0,10 g/l. Or il n’existe pas de seuil en-dessous duquel l’exposition au plomb n’aurait pas d’effets nocifs -WHO, 2019», a expliqué le grand tribun de Mushie.
Didace Pembe a même rappelé qu’en 2017, la ville de Kinshasa ne disposait même pas d’une stratégie de collecte de données en rapport avec la pollution de l’air. Voilà pourquoi un système de télédétection atmosphérique a été installé sur le toit de la faculté des Sciences de l’Université de Kinshasa -UNIKIN- dans le cadre d’une collaboration avec l’Institut d’Aéronomie spatiale de Belgique -IASB.
«Ces instruments fournissent des renseignements sur les densités de la colonne verticale troposphérique de quelques molécules traces dont le redoutable NO2. Comme le satellite l’avait déjà observé depuis de nombreuses années, la signature saisonnière du NO2 est marquée par un pic en saison sèche, expliqué par l’absence de précipitations pour “laver” l’atmosphère», a-t-il fait savoir.
En conséquence, a martelé le député écologiste de l’Assemblée nationale, la pollution de l’air diminue durant la saison des pluies grâce aux précipitations. «Mais ces pluies acides polluent l’eau du fleuve et les nappes phréatiques. Les végétaux que nous consommons, contiennent du plomb et n’effectuent plus correctement la photosynthèse. En saison sèche, la pollution en suspens est ‘’respirée” par nos concitoyens», a-t-il souligné.
Dorian KISIMBA