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L’autorité de l’aviation civile de la RD-Congo renvoyée à ses études

Le climat est à l’orage à l’autorité de l’aviation civile/RD-Congo. Les signaux émis par cette structure de supervision des activités de l’aéronautique civile sont plus qu’inquiétants. La session du Conseil d’administration tenue en début de semaine s’est terminée sur une note empreinte de grande déception. L’accès aux résultats de la dernière mission d’audit effectuée par les experts de l’Organisation de l’aviation civile internationale -OACI-, a provoqué l’effet d’une véritable douche froide. Au lieu de progresser, l’AAC/RD-Congo marche plutôt à reculons. Elle est passée de près de 30% à moins de 20% de réalisations des actions recommandées par l’OACI. Un véritable crash aérien.
L’opinion se souviendra que la RD-Congo se trouve depuis plus d’une décennie dans le collimateur des sommités de l’aviation civile internationale concrétisée du reste par son inscription sur la liste noire des pays réputés extrêmement dangereux en matière d’exploitation aérienne. Pour sortir du gouffre, des mesures drastiques ont été plusieurs fois recommandées aux ministres en charge des Transports et Voies de communication en vue de garantir la sécurité des vols. Des missions d’audit de l’OACI se sont succédé au moins deux fois l’an sans pour autant produire les résultats escomptés. A l’avènement de José Makila Sumanda au ministère en charge des Transports et Voies de Communication, ceux qui suivent de près l’évolution du transport aérien ont assisté à un grand remue-ménage qui pouvait augurer des lendemains enchanteurs. Les gestionnaires de ce domaine sensible se sont engagés à corriger les graves lacunes révélées par les différents audits de l’OACI dans la mise en œuvre des normes internationales de sécurité et de sûreté de l’aviation en RD-Congo.
La RD-Congo pique toujours du nez malgré ses énormes potentialités
Les observations pertinentes de l’instance faîtière de l’aviation civile internationale ainsi que des actions correctrices ont été proposées touchant à la supervision de la sécurité, aux procédures d’immatriculation des aéronefs, à la délivrance et au suivi des certificats de navigabilité, à la mise en place d’une administration de l’aviation civile dotée de l’autonomie et de l’indépendance nécessaires pour superviser l’ensemble du secteur aérien. Mais qu’est-ce qui fait que la RD-Congo continue à piquer du nez alors qu’elle renferme d’énormes potentialités pour jouer un rôle de premier plan tant sur l’échiquier régional que continental? «AfricaNews» est tombée sur une correspondance adressée il y a dix ans de cela par le président du conseil de l’OACI Roberto Koberl Gonzalez au ministre des Transports et Communications dans laquelle il a relevé un certain nombre d’insuffisances récurrentes qui demeurent d’actualité à ce jour. Ce haut responsable de l’aviation civile internationale a eu l’élégance de proposer l’accompagnement de l’OACI dans les efforts des autorités de la RD-Congo pour la mise en place d’un système d’aviation civile efficace. Cependant, cette assistance a été assortie par un engagement ferme de la part de la RD-Congo ainsi que par l’application par l’administration de l’aviation civile des mesures visant à préserver la sécurité des vols. Et de conclure: un système de transport aérien sûr est d’une importance vitale pour la prospérité économique de la RD-Congo et du peuple congolais.
Huit items majeurs soumis à l’évaluation de l’OACI
Lorsque les inspecteurs de l’OACI sont venus expertiser les cracks de l’AAC, leur évaluation a porté sur huit items majeurs, à savoir: a. la législation aéronautique de base; b. les règlements d’exploitation spécifiques; c. les structures et fonctions de supervision de la sécurité de l’AAC; d. les qualifications et formation du personnel technique; e. les indications et outils techniques et fourniture d’informations critiques pour la sécurité; f. les obligations en matière de délivrance de licences, de certification, d’autorisation d’approbation; g. les obligations en matière de surveillance continue; h. la résolution des problèmes de sécurité. Ces éléments sont décrits en détails dans l’Annexe 6, Partie 1, Appendice 5 ainsi que dans le Manuel de supervision de la sécurité -Doc 9734-, Partie A. Force est de constater que les experts de l’AAC soient passés largement à côté de la plaque. Les résultats de l’évaluation de l’audit de l’OACI sont dignes d’une cote d’exclusion. Moins de 20%. Dans les couloirs du rez-de-chaussée de la SCTP, ex-ONATRA où se situent les bureaux de la direction générale de l’AAC, la météo n’est pas au beau fixe. D’autant plus que lors de la dernière session du conseil d’administration, les gestionnaires se sont vertement fait remonter les bretelles par les administrateurs.
Reprise du contrôle des gestionnaires par le conseil d’administration
Dans les milieux proches des aviateurs, les langues se délient pour fustiger l’évolution en électrons libres de certains gestionnaires de l’AAC. L’on croit savoir que les membres du conseil d’administration seraient tellement remontés qu’ils auraient résolu de leur coller aux basques pour infléchir la courbe et permettre à l’AAC de résorber ce grand retard d’ici la prochaine évaluation programmée en novembre 2017. Une autre opinion fustige aussi l’influence néfaste de certains dignitaires qui ne laisseraient pas les coudées franches aux actuels mandataires en les maintenant sous leur joug, quitte à priver même le conseil d’administration des moyens de fonctionnement. Dans tous les cas, pour l’intérêt supérieur de l’aviation civile en RD-Congo, il est temps que soient convoquées autour du tapis vert toutes les têtes pensantes et agissantes de ce secteur sensible en vue de procéder à une autopsie sans complaisance de la situation et proposer des pistes de solution idoines pour faire sortir le pays du gouffre. Lorsqu’on évalue les efforts fournis par les dirigeants des pays de la région pour hisser leur aviation au diapason des normes internationales de sécurité et de sûreté, l’on ne voit comment les RD-Congolais dont l’expertise avérée fait autorité ne puissent pas en faire autant. C’est une question de vision managériale, de volonté politique et de sanction des mandataires au regard des résultats fournis.
Tino MABADA

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