Société

Accès à l’eau potable: les habitants du quartier Kinkole devront encore attendre

Dans un pays où le salaire minimum interprofessionnel garanti -SMIG- est de USD 3 par jour, pour s’approvisionner en eau potable, certaines familles du quartier Kinkole, dans la commune de la N’Sélé dépensent plus que leur revenu mensuel. Selon les sources administratives de la commune de N’Sele, il n’existe jusqu’à ce jour aucun projet public d’approvisionnement en eau potable pour ce quartier.
Les habitants du quartier Kinkole, situé à quelques 50 Km du centre-ville de Kinshasa, dans la commune de N’Sele, éprouvent depuis toujours des difficultés pour se procurer de l’eau potable. La majorité de la population de ce quartier parcourt, chaque jour, de longues distances à la recherche de l’eau en vue de répondre à leurs besoins ménagers -lessive, vaisselle et autres.
D’importants cours d’eau nullement exploités
D’autres recourent aux eaux de la rivière Mosolo dont la bonne qualité n’est pas évidente. «Nous souffrons pour nous approvisionner en eau potable. Nous consommons de l’eau puisée dans la rivière Mosolo, ici à Kinkole au quartier Canada», s’écrie Marceline Tshiyoyo, une mère de famille résidant dans ce quartier.
Selon les responsables municipaux, près de 376.000 habitants vivent dans ce site historique rendu célèbre par la célébration de la journée du poisson chaque 24 juin sous le mandat du maréchal Mobutu. Malgré la présence du fleuve Congo qui coule à quelques encablures et d’autres rivières et ruisseaux qui baignent ce site, les résidants de ses 31 quartiers ne sont pas desservis en eau potable par la regideso. Et pourtant, non loin de là un château d’eau est visible sur le terrain de la Régie des voies aériennes -RVA-, le long du boulevard Lumumba, peu après la station de distribution d’essence Plazza.
En l’absence des services compétents de la REGIDESO dans ce coin éloigné du centre-ville, la fourniture de l’eau potable est assurée par des organisations non-gouvernementales qui ont installé des bornes fontaines. Parmi ces ONG figure le Réseau d’approvisionnement et de distribution d’eau potable-RADEP. Cette structure fournit cette denrée de base aux habitants des quartiers Bahumbu 1, Bahumbu 2 et SICOTRA, dans la commune de N’Sele.
Des budgets familiaux déficitaires malmenés quotidiennement
Seuls 173 abonnés reçoivent l’eau grâce à des raccordements installés par le RADEP. Le reste de la population, avec des budgets familiaux déficitaires, doit délier sa bourse au quotidien pour avoir de l’eau potable dont l’accès est pourtant garanti par la Constitution de la République au même titre que l’électricité. «Nous achetons l’eau chaque jour. Un bidon de 25 litres revient à 100 CDF. Avec 8 membres de famille, nous dépensons 30 000 CDF en moyenne par semaine. A cela s’ajoutent les frais de transport quotidien de 1.500 CDF», poursuit Marceline Tshiyoyi, appelant de tous ses vœux l’implication de l’entreprise publique en charge de la distribution de l’eau qu’est la REGIDESO.
Ces difficultés d’accès à l’eau potable dans la commune de N’Sele ont un impact négatif sur l’expansion de la ville vers Est. Sous la poussée démographique, les gens installent leurs pénates sur les flancs des collines et vallées proches du Mont Cristal, la chaine des montagnes à laquelle appartient Mangengenge.
«Les habitations poussent des champignons sur ces terrains occasionnant la création de nouveaux quartiers avec le désavantage du non-raccordement aux voies de distribution en eau potable», commente Léon Tshibuyi, étudiant en urbanisme. A ses dires, les nouveaux occupants éprouvent d’énormes difficultés car leurs lieux d’habitations sont pris en sandwich entre le mont Cristal et le quartier Mpasa. Le relief y est accidenté. L’accès à l’au potable n’est pas évidente sans oublier la carence de moyens de transport pouvant faciliter la mobilité des personnes et des biens.
Recours au forage des puits d’eau potable
Certes, la rivière Mosolo et d’autres ruisseaux serpentent entre les collines. Mais, il faut transporter cette eau jusqu’aux différents chantiers. Un maçon abordé dans un chantier sur la route de l’Union européenne témoigne: «pour avoir l’eau, nous recourons aux services des mamans avec lesquelles nous fixons un prix. Elles puisent de l’eau dans des bassins qu’elles viennent déverser dans des fûts. Nous utilisons au moins quatre mille litres en cas de coulage. Chaque fût nous coûte 3.000 CDF».
Le propriétaire d’une maison en construction le confirme à son tour et appelle à l’intervention de l’Etat RD-congolais. «Les autorités se rendent compte des constructions qui poussent et de l’occupation du site par la population. Nous avons des inquiétudes sur une éventuelle intervention de la REGIDESO pour nous approvisionner en eau potable comme c’est le cas dans d’autres communes de la capitale. Le forage des puits d’eau potable peut dans un premier temps atténuer quelque peu nos souffrances», plaide-t-il.
Selon les services administratifs de la commune de N’Sele, il n’existe jusqu’à ce jour aucun projet public d’approvisionnement en eau potable pour les populations locales. Répondre à ce besoin est pourtant une obligation des pouvoirs publics pour les besoins élémentaires des 376.000 habitants.
Marie-Claire LUKADI BUABUA

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