C’est devenu une tradition. A chaque grand événement politique susceptible de mettre aux prises Majorité présidentielle -MP- et Opposition, les RD-Congolais ont souvent été victimes d’une privation d’informations, en constatant la coupure, par les autorités du pays, des fréquences de certains médias internationaux, notamment la «Radio France Internationale -RFI». Cela s’est reproduit pas plus tard que samedi, le jour de la tenue du meeting du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement qui, par la suite n’a plus eu lieu suite à l’interdiction des autorités de la ville-province de Kinshasa de toute organisation de manifestation publique jusqu’à la fin de l’année en cours. Ce, à la suite des violences meurtrières des 19 et 20 septembre en marge d’une manifestation du Rassemblement. Média de renommée internationale, «Radio Okapi» appartenant à l’ONU et la Fondation Hirondelle, a, elle aussi, vu sa fréquence brouillée. Jusque dimanche 06 novembre la nuit, les fréquences de «RFI» et «Radio Okapi» sont restées coupées et les autorités n’ont émis aucun commentaire.
Comme le stipule la Constitution dans son article 24: «toute personne a droit à l’information». Un article visiblement violé à répétition. Comme c’est de coutume en RD-Congo, samedi 05 novembre, le peuple s’est vu priver des informations de «Radio France internationale» avec la coupure de sa fréquence à partir de Kinshasa. Une mesure des autorités RD-congolaises certes pour empêcher «RFI» à servir ses nombreux auditeurs des informations et analyses sur la situation politique actuelle en RD-Congo. Il était néanmoins possible d’écouter la radio française à Kinshasa sur la fréquence de Brazzaville, la capitale de la République du Congo voisine.
«Radio Okapi» est aussi brouillée. Sa fréquence est coupée depuis la nuit dernière dans la capitale RD-congolaise. Les autorités du pays n’ont fourni aucune explication à ces perturbations. «Nous ne savons pas d’où cela vient», a déclaré le porte-parole de la Mission de l’ONU en RD-Congo, Charles Bambara, déclarant ensuite: «Nous trouvons dommage qu’une radio comme Radio Okapi, qui est au service du peuple RD-congolais, soit brouillée… Et nous déplorons aussi le fait que le signal de Radio France internationale, qui émet sur Kinshasa, ait également été coupé».
Manifestants dispersés et meeting non tenu
Cette double coupure des signaux est intervenue alors qu’un rassemblement de l’Opposition RD-congolaise était prévu samedi vers 11 heures de Kinshasa au Boulevard Triomphal, dans la commune de Kasa-Vubu. Mais les forces de l’ordre sont restées présentes en nombre autour de la résidence d’Etienne Tshisekedi, dans la commune de Limete, le patron de l’UDPS, où des sympathisants du vieil opposant ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène, et sur l’esplanade Triomphale où devait se tenir le meeting. Des footballeurs en tenue étaient d’ailleurs présents aux côtés des forces de l’ordre sur cette esplanade, la police affirmant qu’un tournoi de football y était prévu de longue date. La Police déclare avoir procédé à deux arrestations. L’UDPS, qui avait appelé à cette manifestation pour réclamer le départ du Président Kabila à la fin de son mandat, fait état de son côté d’un blessé et de plusieurs arrestations. «Ce déploiement des forces de l’ordre est le signe de la peur du régime et de la volonté d’un passage en force. Nous prenons acte que M. Kabila ne veut pas que l’Opposition s’exprime, tout en planifiant un passage en force», a affirmé le secrétaire général de l’UDPS, Marc Kabund-a-Kabund. Et d’ajouter: «il faut que la MONUSCO sécurise la population pour que la manifestation et le meeting aient lieu. On n’est pas là pour combattre ou pour provoquer des accrochages. Nous voulons l’alternance, nous voulons que tout change!».
La RD-Congo traverse une crise politique profonde depuis la réélection contestée du Président Joseph Kabila en 2011, aujourd’hui aggravée par le renvoi de la présidentielle à une date non fixée à la suite d’un accord conclu en octobre entre la Majorité et une frange minoritaire de l’Opposition réunie dans un dialogue politique à Kinshasa sous la facilitation du Togolais Edem Kodjo.
Le week-end dernier, alors que le meeting du Rassemblement était étouffé, la Police de la MONUSCO faisait des patrouilles à travers toute la ville. La présence remarquable de la Police onusienne à Kinshasa n’a pas laissé indifférent le porte-parole de la Majorité présidentielle, Alain Atundu, qui a accusé la MONUSCO de vouloir soutenir le Rassemblement en vue de sa radicalisation.
Tino MABADA
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