Politique

Revoici Germain Kambinga

«Il me semble prématuré de poser un quelconque diagnostic sur l’actuel gouvernement car à peine un mois d’exercice, il ne peut à ce stade que surfer sur les acquis du Gouvernement précédent, celui de l’ancien Premier ministre Matata, car la mise en place d’une politique gouvernementale requiert un temps minimum. Et selon la tradition, on considère ce temps dans les trois mois», lâche cet ancien ministre du cabinet Matata
Germain Kambinga Katomba, ministre de l’Industrie sous le gouvernement Matata, réserve une grande bienveillance au gouvernement Samy Badibanga qui n’a pas encore totalisé 100 jours pour être évalué. Il estime qu’il est trop tôt de poser un quelconque diagnostic sur un Exécutif qui n’a à peine un mois d’existence et qui ne peut que surfer sur les acquis du gouvernement précédent. Ce jeune ministre talentueux salue l’Accord du 31 décembre 2016 obtenu sous les bons offices de la CENCO et note qu’il arrivera à éclaircir le chemin qui devra définitivement et dans la cohésion emmener la classe politique vers ce que souhaite ardemment le peuple, à savoir l’organisation des élections libres et crédibles dans un climat apaisés. Entretien.

Près d’un mois après la nomination du Gouvernement Samy Badibanga, quel est votre point de vue sur son action?
Il me semble prématuré de poser un quelconque diagnostic sur l’actuel gouvernement car à peine un mois d’exercice, il ne peut à ce stade que surfer sur les acquis du Gouvernement précédent, celui de l’ancien Premier ministre Matata, car la mise en place d’une politique gouvernementale requiert un temps minimum. Et selon la tradition, on considère ce temps dans les trois mois. D’où la traditionnelle évaluation des 100 jours. Par ailleurs, l’actuel gouvernement se retrouve malheureusement dans une situation d’intérim de fait compte tenu de l’évolution politique qui annonce l’imminence d’un nouveau gouvernement issu de l’Accord du 31 décembre 2016. Ainsi donc, je manifeste une grande indulgence vis-à-vis de ce gouvernement qui se retrouve à la croisée des situations qui ne facilitent pas la sérénité nécessaire à l’implémentation d’une politique gouvernementale efficace.
Quels sont les acquis du gouvernement Matata dont vous parlez?
Je ne pense pas qu’il soit ici de bonne actualité de revenir sur le bilan du gouvernement Matata qui en fait n’était que dépositaire de la vision du président de la République Joseph Kabila. Il s’agirait en fait du bilan du Président Kabila, mais si nous devions revenir sur ça, nous parlerions alors d’un bilan positif en évoquant certains faits tangibles comme la stabilité du cadre macroéconomique, la régularité des salaires des agents et fonctionnaires de l’Etat via la bancarisation, la prise en charge régulière et efficace des forces armées, des forces de polices et des services de sécurité, le financement par fonds propres de nombreux investissements publics tels que le parc agroindustriel de Bukanga Lonzo dans la province du Kwango, Congo Airways, TRANSCO, plus de 700 écoles construites, l’équipement des centres de santé, la constructions des routes et bâtiments publics…, le non endettement de l’Etat, la création de l’Ecole nationale d’administration publique -ENA- pour renforcer la réforme de la fonction publique, la bancarisation et le soutien actif au système financier national par une politique rigoureuse d’assainissement. Sans être exhaustif, il me semble que ce bilan qui est en fait celui du Président de la République Joseph Kabila devrait être jugé avec satisfecit.
Vous évoquez un bilan positif alors que de nombreux observateurs semblent ne pas être convaincus par les choix que ce gouvernement avait opérés?
Vous parlez de quel observateur et de quel choix qui leur semble contestable.
Le Président de la Fédération des entreprises du Congo -FEC- par exemple ne semble pas partager ce point de vue notamment s’agissant de Bukanga Lonzo?
Nous sommes en démocratie, chacun a le droit d’émettre ses jugements comme bon lui semble. Moi, je vous ai présenté succinctement des actions, pas des paroles, des faits tangibles et vérifiables ayant contribué à faire avancer les choses dans notre pays. Il appartient à chaque Congolais d’en être le juge au-delà de toute influence belliqueuse. Dans ces périodes troubles où notre pays se cherche des raisons d’espérer en un avenir meilleur où la cohésion nationale est mise à rude épreuve, où notre souveraineté est attaquée de toutes parts, la cohérence et la solidarité des gouvernements et des gouvernants doit être de mise car si les dirigeants passent plus de temps à se contredire qu’à veiller sur la Maison Congo, nous ouvrons la brèche aux ennemis de la patrie. Le chef de l’Etat l’a rappelé en félicitant l’action du gouvernement Matata dans son discours au Congrès et qui mieux que lui peut savoir et juger de l’action d’un exécutif dont il est patron.
Et Bukanga Lonzo?
En ma qualité de ministre de l’Industrie, j’ai été amené à suivre la mise en œuvre de ce vaste projet et je peux ici dire que la pire erreur de gouvernance serait de l’abandonner juste au moment où nous commençons à voir poindre les premières infrastructures qui lui permettront de rencontrer la problématique de la prise en charge à terme des besoins alimentaires des populations du corridor ouest de notre pays. Faudrait-il le rappeler que Bukanga Lonzo est le projet phare du Président de la République dans sa volonté de diversification de notre économie. Avec plus d’un milliard dépensé chaque année en importation, le projet Bukanga Lonzo devra à terme nous aider à réduire la facture de nos importations. Il est vrai que c’est un projet immense et qui nécessite encore de notre part de la patience dans sa mise en œuvre mais les potentialités de ce projet sont telles que l’abandonner serait de notre point vue une erreur d’autant plus que nombreux observateurs extérieurs notamment la BAD a déjà entrepris de prendre le cas Bukanga Lonzo comme un modèle reproductible dans d’autres pays. Pour ma part, j’invite l’actuel gouvernement à œuvrer pour la pérennisation de cette initiative qui permettra, une fois achevée, de faire avancer significativement la lutte contre la faim dans notre pays.
Que vous inspire l’Accord de la Saint sylvestre?
J’ai été parmi les acteurs politiques qui, dès le départ, ont milité pour un Dialogue entre les RD-Congolais et ce, depuis l’organisation des Concertations nationales à Kinshasa. Il me semblait alors que seule la voie du dialogue devait nous permettre de faire avancer la cause de la paix et de la préservation des acquis démocratiques. Aujourd’hui et après trois dialogues successifs, nous arrivons enfin dans une inclusivité toujours plus importante à baliser l’avenir, je ne peux que m’en féliciter et souhaiter que ce dialogue fût le dernier car nous ne pourrons pas indéfiniment nous substituer au peuple RD-Congolais bien qu’étant ces représentants…
Le retard dans la mise en œuvre de cet Accord et les divergences dans la signature de l’arrangement particulier ne sont-ils pas de nature à retarder les choses?
Il me semble que les acteurs impliqués dans ces négociations essaient de gommer les dernières divergences et voudraient offrir un cadre opérationnel définitif. L’enjeu étant la remise sur les rails du processus électoral, dès lors la sérénité est nécessaire car ce n’est pas non plus dans la précipitation que nous arriverons à éclaircir le chemin qui devra définitivement et dans la cohésion nous emmener vers ce que souhaite ardemment notre peuple. Je veux dire par là la paix et un processus électoral transparent et crédible.
Propos recueillis par Tino MABADA

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