Kinshasa a annoncé mercredi l’accélération d’une enquête sur la disparition de deux experts de l’Organisation des Nations Unies, au lendemain de l’annonce de la découverte de leur cadavre dans une région du centre de la RD-Congo en proie à une rébellion.
Les deux experts missionnés par le Secrétaire général de l’ONU, l’Américain Michael Sharp et la Suédo-chilienne Zaida Catalan, ont été enlevés le 12 mars 2017 avec quatre RD-Congolais dans la province du Kasaï-Central, secouée par la rébellion de Kamwina Nsapu, chef traditionnel tué en août 2016 lors d’une opération militaire.
«Dès qu’ils ont disparu, les magistrats militaires ont ouvert une enquête qui vient de s’accélérer avec la découverte des corps», a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende. Saluant la mémoire de Michael Sharp et Zaida Catalan, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a demandé «aux autorités RD-congolaises… une enquête complète» sur ce drame, assurant que les Nations unies feront «tout leur possible pour que justice soit faite».
Amnesty International réclame des garanties pour l’enquête de l’ONU
Amnesty international a invité Kinshasa à faciliter l’enquête de l’ONU et à poursuivre les recherches pour retrouver les trois autres RD-Congolais enlevés en même temps que les deux experts décédés, le quatrième ayant été retrouvé mort.
Selon la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RD-Congo -MONUSCO-, les corps des deux experts ne devraient pas tarder à être rapatriés vers leur pays d’origine. Pour la représentante permanente des États-Unis à l’ONU, Nikki Haley, Michael Sharp «travaillait en première ligne pour faire ce que nous essayons d’accomplir chaque jour aux Nations unies: identifier les problèmes et les résoudre».
Le Premier ministre suédois Stefan Löfven a salué la mémoire de sa compatriote, louant son travail «sans relâche pour la paix et la justice» au risque de sa propre vie. Zaida Catalán «servait aux valeurs de la démocratie et les droits de l’Homme», a déclaré pour sa part le ministre des Affaires étrangères chilien Canciller Heraldo Muñoz.
Crise multiforme
L’annonce de la mort des experts des Nations Unies est intervenue juste après que la Police RD-congolaise ait accusé les miliciens Kamwina Nsapu d’avoir massacré 39 de ses agents dans une «embuscade». A New York, le vote du Conseil de sécurité des Nations Unies sur le renouvellement du mandat de la MONUSCO, qui devait avoir lieu mercredi, a été reporté à ce vendredi 31 mars 2017 alors que la Communauté internationale a de fortes inquiétudes suite à la crise multiforme politique, sécuritaire et socioéconomique qui frappe la RD-Congo.
La MONUSCO est la plus grosse mission de maintien de la paix des Nations Unies avec 19.000 soldats, policiers et observateurs militaires déployés dans le pays, dont environ 200 seulement au Kasaï, région grande comme l’Italie, où l’ONU a recensé 10 fosses communes présumées liées aux violences qui la secouent depuis septembre et qui ont fait des centaines de morts.
La rébellion Kamwina Nsapu a été accusée par l’ONU de recruter des enfants et d’avoir commis de nombreuses atrocités. En face, les forces de l’ordre se voient reprocher par l’ONU de faire un usage disproportionné de la force contre des miliciens armés essentiellement de bâtons et de lance-pierres.
Tino MABADA
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