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Radioscopie des résultats de l’élection du 1er vice-président de l’Assemblée nationale: Kabila doit faire attention

Le Président de la RD-Congo, Joseph Kabila
Le Président de la RD-Congo, Joseph Kabila
Alors qu’au moins 64 députés de la MP avaient voté Lokondo contre le mot d’ordre de leur famille politique, dans la ville haute, l’élection du 1er vice-président de l’Assemblée nationale voici deux semaines continue à faire couler encre et salive. Plus encore à la MP, la famille politique de Joseph Kabila. Et pour cause. Ces scrutins ont mis en lumière divers problèmes qui assaillent la plateforme kabiliste. Les divisions ont apparu au grand jour et demandent de revoir la manière de gérer la plateforme presque exposée à un déficit de leadership.
Pour le comprendre, on peut se permettre d’analyser en profondeur les fameux résultats de l’élection du 1er vice-président de l’Assemblée nationale qui n’ont laissé indifférent aucun observateur politique avisé. Les joutes se déroulent à l’intérieur même de la MP. Luhonge, le candidat officiel contre Lokondo Yoka.
Le mot d’ordre et les moyens financiers -USD 2000 pour chaque député de la MP et USD 1000 pour quelques opposants  débauchés- et même des menaces de dissolution de la Chambre sont mis en œuvre pour obtenir le triomphe  du seul Luhonge. Celui-ci dispose donc de tous les atouts pour battre ridiculement et à plate couture Lokondo Yoka.
Sur les 445 votants, on pouvait s’attendre à ce que l’élu du Katanga frôle le pic de 345 voix, représentant approximativement le nombre des députés de la MP présents ce jour-là dans l’hémicycle. Or, Luhonge n’a glané 271 voix contre 169 pour son concurrent Lokondo. Une victoire à la Pyrrhus comme on peut le constater. Bien qu’il avait aussi bénéficié de quelques voix des députés de l’Opposition.
L’écart entre les deux prétendants n’est que de 102 voix. Ce qui, en quelque sorte, est un échec de la MP eu égard au mot d’ordre ferme donné assorti des menaces et d’autres intimidations.
Mais plus inquiétant est encore le score obtenu pour le deuxième scrutin, celui du Rapporteur de la Chambre basse le même jour. Il trahit aussi le délitement de la MP et l’absence de vision dans la direction pour éviter des mécontentements qu’on enregistre ça et là.
Pour cette élection qui est aussi MP contre MP, Nono Berocam obtient 335 voix sur 445 votants. L’analyse ici permet de comprendre que les 335 députés qui ont voté Berocam sont tous de la MP étant donné que l’Opposition n’était pas intéressée par le scrutin du Rapporteur dès lors que son candidat Fabrice Puela était invalidé. 
Il appert que les 335 députés MP qui ont voté Berocam n’ont pas tous voté Luhonge du même ticket qui aurait ipso facto obtenu le même chiffre. Le différentiel des voix, c’est-à-dire 335 de Berocam moins 271 de Luhonge, chiffré à 64 voix, représente le nombre exact des députés de la MP qui ont voté pour Henry-Thomas Lokondo.
64 députés MP sur 335 qui ont pris part au vote, c’est énorme. Sous d’autres cieux, ce résultat, un exploit, symbolise l’échec des stratégies de la MP. Il  aurait conduit irréversiblement à des démissions en cascades au niveau de la direction de la MP voire de son secrétariat général.
Or, on continue à se comporter comme si on avait gagné un trophée lors de l’élection du 1er vice-président de l’Assemblée nationale. On ne tire pas les leçons afin de mieux préparer les élections générales de 2016. Pourtant, le mot qui convient, sans exagération, pour les 64 députés MP qui ont voté contre le mot d’ordre de la plateforme, c’est la catastrophe, la perdition.
On peut en déduire que ce chiffre-record de 64 députés consacre la fin du régime des mots d’ordre donnés aux élus du 1er degré pour divers votes dans l’hémicycle. D’où ce résultat obtenu par Lokondo ne doit pas laisser insensible la Majorité. C’est là où Kabila doit faire attention. Il doit remettre les pendules à l’heure.
Les stratégies que la MP a mises en branle n’ont conduit qu’à des divisions dans ses rangs. Une situation quoi s’enfonce davantage chaque jour qui passe. Le dernier acte en date est la nomination des commissaires spéciaux du gouvernement sur base de l’Arrêt controversé de la Cour constitutionnelle.
Ces nominations des commissaires spéciaux que d’aucuns qualifient d’anticonstitutionnelles ont soulevé une levée des boucliers de la MP même où des élus les critiquent vertement. Ils le rejettent même. Ce qui est à nouveau un motif des divisions dans la plateforme. Kabila est à nouveau interpellé.
Il l’est d’autant plus que l’épisode du député PPRD Floribert Mbatshi Batshia, ancien gouverneur du Kongo Central, qui a dit ses vérités au Premier ministre Matata Ponyo lors de la présentation du Budget 2015 est violemment pris à partie dans les loges de la MP et traité de traitre.
Toutes ces dérives viennent mettre de l’huile sur le feu à la MP. C’est vraiment à se demander si la plateforme kabiliste se prépare réellement à aller aux élections. On peut en douter par les actes qui sont posés.
Des divisions, des départs en cascade ne présagent en tout cas aucune prédisposition dans ce sens. C’est là où toutes les bonnes consciences doivent tirer la sonnette d’alarme. Car les élections auront bel et bien lieu, un jour. La MP est donc appelée à mettre un terme à ses digressions et à ses distractions. Kabila doit faire attention en se posant aussi finalement la question pourquoi ses mots d’ordre doivent toujours être accompagnés des fortes motivations financières et non idéologiques.  
Paul KANZU KANZU

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