En attendant la convocation du dialogue politique national et inclusif par le facilitateur Edem Kodjo, la CENI s’apprête à démarrer le processus d’identification et d’enrôlement des élections en vue de sauver le processus électoral et les Kinois disent ce qu’ils en pensent
Que des tractations de part et d’autre! Plus la fin du second mandat du Président Kabila s’approche, plus des tensions montent et les appels se multiplient quant au respect des délais constitutionnels. Entretemps, le dialogue politique national et inclusif traine. Dans son discours à la nation à la faveur du 56ème anniversaire de l’indépendance de la RD-Congo, le Président de la République a laissé entendre: «le dialogue n’étant une fin en soi, je félicite notre centrale électorale, la CENI, pour les efforts fournis à ce jour, en rapport avec les préparatifs des futures élections, à travers notamment, la révision du fichier électoral». Kabila a appelé tous ceux qui sont à l’âge de voter d’aller s’enrôler. Le processus d’enrôlement commence en ce mois de juillet à partir des provinces issues du découpage de l’Equateur. Plusieurs RD-Congolais ont réagi différemment.
Pendant que la communauté nationale et internationale fait pression sur les dirigeants RD-congolais les appelant au respect des délais constitutionnels, le pouvoir ne croise pas les bras. Sentant les conséquences qui découleront du non respect de la Constitution, visiblement des troubles, il tente de calmer la situation et appelle le peuple à s’enrôlement massivement. Dans sa dernière sortie à la faveur du 56ème anniversaire de l’accession de la RD-Congo à la souveraineté nationale et internationale, le Président de la République Joseph Kabila a largement tablé sur la question en invitant les RD-Congolais à l’âge de voter à s’enrôler dès ce mois de juillet. «Voilà pourquoi, je lance, à cet effet, un appel solennel à notre peuple, comme je l’avais fait en 2005 et en 2011, de participer massivement aux opération proprement dites d’enrôlement des électeurs qui débutent dans quelques semaines, au cours du mois de juillet de cette année, par la province du Nord-Ubangi en vue de l’établissement des listes électorales», a lancé le Président Kabila. Puis: «Je tiens à vous rassurer que toutes les dispositions ont été prises en vue du financement dudit processus, dans toutes ses séquences, tels que prescrits par la loi, mais également en vue de sa sécurisation». Le Président de la République n’a avancé aucune date précise pour l’élection présidentielle. Il n’a non plus évoqué les délais constitutionnels. Il a néanmoins reconnu que «le dialogue n’étant une fin en soi, je félicite notre centrale électorale, la CENI, pour les efforts fournis à ce jour, en rapport avec les préparatifs des futures élections, à travers notamment, la révision du fichier électoral». Et les réactions fusent de partout.
Des avis partagés
Voici ce que pensent les paisibles citoyens. Michel, étudiant et fanatique de la Majorité présidentielle -MP-, a pensé qu’au vu du retard accumulé dans l’organisation des élections depuis 2006, il importe cette fois-ci de commencer à organiser des élections à la base, à savoir: au niveau local, communal, territorial et provincial, avant de tabler sur la présidentielle et les législatives et sénatoriales au niveau national. Pour lui, comme il y a des nouveaux majeurs à enrôler pour leur permettre de voter, le processus devient élastique, car il est nécessaire de nettoyer le fichier électoral en élaguant les doublons et les personnes décédées. «Cela prendra du temps comme l’a souligné le président de la CENI, Corneille Nangaa. Les politiciens doivent comprendre qu’ils doivent accepter de dépasser légèrement les délais constitutionnels qui prévoient les élections présidentielles et législatives en 2016. Si un consensus est trouvé, ces élections peuvent avoir lieu en 2017 pour éviter au pays le chaos, car techniquement la CENI n’est pas à mesure d’organiser cette élection en 2016», a-t-il argumenté. Son point de vue est vite contredit par son collègue Jean, étudiant en Droit. «S’il y a eu retard, cela a été voulu par le pouvoir en place en vue de s’accrocher. La Constitution doit être respectée à la lettre. Tous ceux qui la violent tombent sous le coup d’infraction de haute trahison. Si les élections ne sont pas organisées dans les délais constitutionnels aujourd’hui, les institutions actuelles se devaient de reconnaitre leur faillite et rendre le tablier pour permettre au gouvernement de transition de préparer les élections», a souligné cet étudiant. Pour Nicodème, fonctionnaire, le social doit être au centre de toute activité gouvernementale. «Elections ou pas, dialogue ou non, ce qui nous intéresse c’est l’amélioration des conditions de vie des agents et fonctionnaires de l’Etat. Jusqu’à présent, nous ne ressentons pas les retombées de la croissance économique de 2 chiffres annoncée par le Premier ministre Matata. La situation ne fait que s’enfoncer avec la montée vertigineuse du taux de dollar américain sur le marché», s’est-il plaint. De son côté, Richard, économiste, a estimé que la mauvaise politique conduit toujours à la catastrophe. «On ne triche pas avec les chiffres», a-t-il noté. En ce qui concerne le respect des délais constitutionnels, Ramazani, un licencié en Droit au chômage, a pensé que la responsabilité repose sur le gouvernement. «Gouverner pendant 5 ans et ne pas organiser des élections relève purement et simplement de la mauvaise foi. Les autorités actuelles n’ont pas intérêt d’organiser des élections par peur d’être évincées», a-t-il cogné. La dernière interviewée, Nadine, une vendeuse de pacotille, a estimé que les politiciens doivent aller au dialogue pour trouver une solution s’ils tiennent à sauver les meubles. «Nous avons vu comment Mobutu a géré et quitté le pouvoir. C’est un sort à ne pas subir. Nous avons entendu parler de Kodjo pour convoquer le dialogue. Qu’est-ce qui empêche encore?», s’est-elle demandée. Au vu du climat politique qui prévaut en RD-Congo, seul le dialogue constitue une voie se sortie à la crise. En attendant la convocation du dialogue politique national et inclusif par le facilitateur Edem Kodjo, la CENI s’apprête à démarrer le processus d’identification et d’enrôlement des élections en vue de sauver le processus électoral.
Octave MUKENDI
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