Le meeting de l’Opposition autorisée par l’autorité urbaine de Kinshasa a eu lieu samedi 29 septembre à la Place Triomphal, dans la commune de Kasa-Vubu. Aucun incident n’a été signalé. Tout s’est passé dans le calme sous l’encadrement de la Police nationale congolaise -PNC. «Les policiers que vous apercevez là sont venus sécuriser à notre demande», a annoncé au public un membre de l’organisation. Au podium, 5 candidats étaient là. Notamment Martin Fayulu de la Dynamique de l’Opposition, Vital Kamerhe de l’Union pour la nation congolaise -UNC-, Freddy Matungulu de Congo na Biso, Adolphe Muzito du Nouvel élan, Félix Tshisekedi de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS- tandis que Jean-Pierre Bemba du Mouvement de libération du Congo -MLC- et Moïse Katumbi d’Ensemble pour le changement ont été respectivement représentés par Fidèle Babala et Pierre Lumbi. Le message a été clair: non à la machine à voter, oui à la candidature commune de l’Opposition à la prochaine présidentielle. A cette occasion, Félix Tshisekedi a appelé les militants des partis et regroupements politiques de l’Opposition à l’unité pour soutenir le candidat commun qui sera désigné.
Ils ont répondu massivement au meeting initié par les sept candidats de l’Opposition samedi 29 septembre sur la Place Triomphal dans la commune de Kasa-Vubu et autorisé par le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta Yango. Plus de 200 policiers ont été déployés pour sécuriser ce rassemblement à la demande des organisateurs. Tout s’est déroulé dans le calme et aucun incident n’a été enregistré. Prévu à 10 heures, le meeting a eu lieu dans l’après-midi. Ce qui a poussé les organisateurs à s’excuser auprès de leurs militants venus nombreux de 24 communes de Kinshasa.
Les drapeaux des partis et regroupements politiques des sept candidats de l’Opposition ont flotté sur la Place Triomphal les uns aux côtés des autres. On peut retenir que ce meeting a mis ensemble ces opposants qui ont fait bloc contre la machine à voter et promis de se choisir un candidat commun qui pourra porter leur programme de gouvernance démocratique à la prochaine présidentielle.
Toutefois, ce rassemblement a constitué un signal fort en direction du Front commun pour le Congo -FCC-, plateforme politique initiée par le Président Joseph Kabila et ayant présenté Emmanuel Ramazani Shadary candidat à la présidentielle du 23 décembre 2018.
Nécessité de l’unité de l’Opposition
Sur le podium principal érigé pour la circonstance, l’assistance a aperçu les candidats de l’Opposition assis les uns aux côtés des autres. Notamment Martin Fayulu de la Dynamique de l’Opposition, Vital Kamerhe de l’Union pour la nation congolaise -UNC-, Freddy Matungulu de Congo na Bise, Adolphe Muzito du Nouvel élan, Félix Tshisekedi de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS- tandis que Jean-Pierre Bemba du Mouvement de libération du Congo -MLC- et Moïse Katumbi d’Ensemble pour le changement ont été respectivement représentés par Fidèle Babala et Pierre Lumbi. Sur les calicots des partis politiques, on pouvait lire, entre autres ces messages: «Non à la machine à voter. Non à la machine à voler. Non à la machine à dauphin» ou encore: «Vive l’alternance le 23 décembre 2018. Ensemble nous vaincrons. Meeting de l’unité de l’Opposition».
Dans la foule, les militants avaient aussi leur message qu’ils ont transmis aux leaders de l’Opposition en scandant: «Bo trahir biso té» entendez: «Ne nous trahissez pas» ou encore: «candidat unique euh!».
Félix appelle les militants à l’unité
Message auquel les candidats ont répondu positivement dans leur prise de parole tour à tour. «J’ai entendu deux messages en montant au podium. Ne nous trahissez pas et candidature unique. Nous vous promettons que nous n’allons pas vous trahir et nous allons désigner un candidat commun», a répondu Félix Tshisekedi Tshilombo, à la foule. Et de préciser: «mais vous, cessez d’injurier les candidats comme on le constate dans les réseaux sociaux. Ne faites pas de pressions sur vos leaders lors du choix du candidat commun». Se confiant à la presse, le président de l’UDPS s’est réjoui de cette mobilisation. « », a-t-il dit.
Avec les deux autres candidats, Vital Kamerhe et Martin Fayulu, et le soutien à distance de Jean-Pierre Bemba et des partisans de Moïse Katumbi, par vidéo conférence, les opposants RD-congolais ont résolu de mettre en garde le régime du Président Joseph Kabila Kabange contre des élections qui favoriseraient outrageusement le candidat de la Majorité, notamment l’utilisation de la machine à voter avec un fichier électoral contenant environ 10 millions de fictifs.
Front commun contre la machine à voter
«Le meeting d’aujourd’hui consiste à protester contre la parodie électorale qui se prépare. Nous allons rejeter la machine à voter que nous appelons machine à tricher», a déclaré Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale, passé dans l’Opposition. Et Bemba de souligner: «j’ai été avec le président de la CENI, Corneille Nangaa, le 1er août dernier. Il m’a confirmé que c’est par erreur de la CENI que certaines empreintes des électeurs ont été brûlées dans les ordinateurs. Nous allons réunir les parties prenantes pour trouver une solution. Mais il ne l’a jamais fait jusqu’à présent». C’est une raison pour Bemba de tourner le dos à la machine à voter.
Confortablement assis sur le podium, le candidat président invalidé du Nouvel élan, Adolphe Muzito, a laissé entendre que l’enjeu majeur de ce rassemblement est de «démontrer l’unité de l’Opposition dans la perspective de la désignation d’un candidat commun après harmonisation des vues pour éviter le gouvernement parallèle dont on a parlé lorsqu’il fut Premier ministre». Contraint à l’exil par le pouvoir de Kabila, Moïse Katumbi, depuis New York, a laissé entendre que le rassemblement de Kinshasa constitue en soi un pacte que les opposants ont signé pour constituer un bloc solide contre «le régime en place qui continue à marginaliser les populations avec les tueries à l’Est, la misère ainsi que le chômage dans le pays». «Quelqu’un qui ira à l’encontre de l’unité de l’Opposition est un traitre. Même moi, si je traverse de l’autre côté -NDLR: côté du pouvoir actuel-, appelez-moi Judas», a dit Katumbi.
Programme commun de l’Opposition
Satisfaits par la réussite de leur meeting, les opposants ont annoncé d’autres rassemblements populaires à travers le pays et appelé leurs militants à y prendre part. Ils ont promis de se réunir dans les prochains jours pour rédiger un programme de gouvernance et désigner un candidat commun qui portera ce programme. Pour sa part, Freddy Matungula a fait savoir que la RD-Congo étant membre de l’Organisation des Nations unies, elle a droit à l’assistance de la Communauté internationale et non le contraire comme le fait le pouvoir de Kinshasa actuellement rejetant tout apport de la Communauté internationale dans l’appui au processus électoral en cours.
Les élections sont prévues le 23 décembre. Le Président Joseph Kabila, à qui la Constitution interdisait de briguer un nouveau mandat, a désigné son ancien ministre de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary, comme son dauphin. Il a également créé une plateforme électorale le Front commun pour le Congo -FCC- qui réunit les membres du gouvernement Tshibala, les gouverneurs de province, les personnalités politiques ainsi que les mouvements associatifs pour soutenir ce dauphin.
Octave MUKENDI

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