PolitiqueSociété

Les prédateurs du patrimoine des LAC aux abois

Que se passe-t-il aux Lignes aériennes congolaises -LAC? Les nouvelles qui nous parviennent du siège social de la première compagnie aérienne nationale, font état d’un climat cauchemardesque où les quelques responsables encore en service ne savent plus à quel saint se vouer. L’entreprise ressemble, à s’y méprendre, à un bateau ivre perdu dans un océan où les navigants, faute de boussole, s’en remettent à la providence pour se tirer de la houle.
La liquidation des LAC est en violation flagrante des lois internes et internationales. L’opinion se souviendra qu’il y a quelque temps, les «liquidateurs» ont remué ciel et terre en claironnant sous tous les toits la vente d’une bonne partie du patrimoine de LAC-SARL dans la ville province de Kinshasa. Des avis au public ont été publiés dans certains organes de presse sur des pages entières appelant d’éventuels acheteurs à venir se partager le butin, moyennant décaissement des pièces sonnantes et trébuchantes substantielles.
Une quinzaine de prétendants s’est procurée le cahier de charges vendu à USD 500/pièce. Les plus mordants ont versé un acompte de 5% sur leurs prétentions financières susceptibles de déblayer le terrain à l’acquisition des villas, bâtiments et parcelles proposés à la vente. S’agissant des biens appartenant à l’Etat RD-congolais, les plus avisés ont tenu à s’entourer des précautions d’usage pour éviter toute mauvaise surprise au moment de la conclusion de cette transaction.
Les conseils des opérateurs économiques ayant pignon sur rue qui se sont fait inscrire sur la liste des prétendants acheteurs, ont découvert que la liquidation des Lignes aériennes congolaises s’est opérée en violation flagrante des lois internes et traités et accords internationaux ratifiés par la RD-Congo.
Interdiction de toute vente du patrimoine de LAC-SARL
En plus de l’acte d’opposition judiciaire brandi par les travailleurs de LAC-SARL, le Tribunal de Commerce de Kinshasa/Gombe a rendu son jugement avant dire droit en date du 3 mars 2016 interdisant au «Comité de liquidation» de poser des actes de disposition sur le patrimoine de la Société Lignes aériennes congolaises SARL. Ce jugement dit prématurée l’exception «le criminel tient le civil en état» soulevée par les avocats de LAC-SARL et renvoie la cause en prosécution à l’audience publique à faire fixer par la partie la plus diligente pour l’examen du fond.
Ayant eu vent de l’imminence de la publication de ce jugement, les dirigeants de LAC-SARL ont mis les bouchées doubles, invitant les soumissionnaires à la séance d’ouverture publique des enveloppes contenant les diverses offres afin de ne retenir que les mieux disant. Au jour «J», seuls quatre soumissionnaires ont répondu présents. Les grosses pointures ont tous préféré ne prendre aucun risque démesuré en demeurant à l’écart de cette pièce théâtrale.
La lecture publique des montants proposés a édifié l’auditoire. Les offres étaient de loin en-deçà du seuil des prix en vigueur sur le marché. Le Gouvernement de la République, par le biais du ministère des Transports et Voies de communication, a créé la sensation en divulguant son agenda caché relatif à l’accaparement, sans bourse délier, des bâtiments administratifs et infrastructures techniques sur le site de l’Aéroport international de N’Djili. Contrairement aux dispositions contenues dans le cahier des charges, le ministère concerné a poussé sa logique machiavélique en se gardant de proposer des offres chiffrées comme il sied à toute vente publique. Il a plutôt sollicité une dispense pour débattre de la question directement avec le «Comité de liquidation».
Les non-dits de la correspondance du ministère des Transports et Voies de communication
Ce comportement de l’ancienne tutelle technique a énervé toute l’assistance, en ce compris certains délégués d’autres ministères qui n’ont pas apprécié une telle légèreté dans des transactions aussi sérieuses. Du coup, les gens sont revenus sur terre en se posant moult interrogations par rapport aux non-dits de cette correspondance ministérielle. Que cache cette démarche du ministère des Transports et Voies de communication? Qu’en pense le ministère du Portefeuille, propriétaire des biens de l’Etat?
Toujours est-il que la semaine dernière les dirigeants de LAC-SARL, ayant constaté que les offres reçues étaient aux antipodes des prix réels actuels pratiqués sur le marché, ont résolu de rembourser les acomptes de 5% versés par différents souscripteurs en prenant le soin de retenir les frais bancaires. Cette décision courageuse a provoqué des sueurs froides dans le chef des prédateurs tapis dans l’ombre qui voient ainsi leur marge de manœuvre se rétrécir davantage.
Nous revoici à la case de départ. Que va-t-il se passer maintenant? Les avocats conseils de LAC-SARL ne sont pas à court d’idées. Par des manœuvres dilatoires, ils ont porté cette affaire devant le Tribunal de paix de Kinshasa/Gombe au motif que le collectif dénommé «Défense des droits des agents et cadres de LAC» -DAC-ONG-, n’avait aucune existence juridique et que son secrétaire général tentait de s’illustrer par une escroquerie par voie judiciaire.
Après le TRICOM/Gombe et le TRIPAIX/Gombe, la Cour d’Appel de la Gombe mise à contribution
Cette démarche s’est effectuée dans l’ignorance totale des membres de DAC-ONG et de son secrétaire général qui, jusqu’à ce jour, n’a jamais été notifié officiellement à son adresse de résidence. Fort heureusement, le pot aux roses a été découvert lors de la séance de plaidoirie au Tribunal de Commerce lorsque les travailleurs par le biais de leur conseil, ont sollicité la prise des mesures conservatoires urgentes en vue de protéger le patrimoine de la Compagnie aérienne nationale.
Alors que cette affaire suit son cours normal au TRIPAIX/Gombe, les avocats de LAC-SARL ont sorti une autre carte de leur manche en usant des mêmes subterfuges pour assigner DAC-ONG et son secrétaire général à la Cour d’Appel de la Gombe, sans pour autant en tenir informés les principaux accusés, encore moins l’avocat de la République, unique propriétaire de la compagnie.
Les pendules ont été remises à l’heure grâce à la comparution conjointe des avocats de la République et de DAC-ONG pour fixer l’affaire à ce mercredi 23 mars 2016. L’opinion croit intimement en l’indépendance de la magistrature pour que soit dit le bon droit par la Cour d’Appel de la Gombe et tordre ainsi le cou à toutes ces manœuvres dilatoires. Nullement refroidis parce qu’ils qualifient d’actes téméraires et vexatoires, les travailleurs de LAC-SARL promettent d’être nombreux à l’audience afin de démontrer leur solidarité dans cette cause commune.
Tino MABADA

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page