La Majorité présidentielle -MP-, constituée des partis politiques soutenant Joseph Kabila, a dernièrement éclairci l’opinion sur la décision annoncée par sept leaders des partis de la famille politique du Chef de l’Etat de quitter la MP faute de pouvoir y faire entendre leur point de vue après la révocation de deux de leurs chefs exerçant des fonctions au sein de l’exécutif et au Cabinet du Président de la République. Au cours de cette rencontre avec la presse, Lambert Mende Omalanga, initiateur de la Convention des congolais unis -CCU- et membre du bureau politique de la MP, a dénoncé que la dernière partie des préoccupations contenues dans la lettre des frondeurs adressée au Chef de l’Etat, trahit le fond de leur pensée en réalité.
«Il s’agit de satisfaire les exigences des officines néocolonialistes qui ont décidé, on se demande sur quelle base en ce qui concerne les élections, que seuls les scrutins législatifs et présidentiel importent pour s’assurer de la démocratisation de la vie publique d’un pays africain et que les élections à la base ne valent pas grand-chose», a-t-il dévoilé.
Mende a renchéri qu’il est clair que limiter à l’élection des députés et du Président de la République, la démocratisation du pays continent qu’est la RD-Congo ne serait qu’une caricature qui ne permettrait pas à chaque RD-congolaise et à chaque RD-congolais de décider de sa vie quotidienne et de celle de son pays.
L’autorité morale de la CCU a souligné que l’idéal politique poursuivi par le Président Joseph Kabila et sa Majorité présidentielle ne se limite pas à une démocratisation de façade que leurs anciens collègues essayent de leur imposer pour faire plaisir à ceux qui se sont arrogés le droit de faire main basse sur la RD-Congo pour piller ses richesses et qui s’organisent pour continuer à les piller.
«Démocratiser, c’est permettre, par exemple, au citoyen de Walikale au Nord-Kivu, de participer à la décision sur l’affectation des gains tirés de l’exploitation de la cassitérite de son terroir. Ce qui n’est possible que s’il a élu jusqu’à son chef de quartier», a indiqué le ministre Mende, précisant que c’est le défi de la démocratisation intégrale poursuivi par Joseph Kabila Kabange et sa majorité.
Kabila, seul garant constitutionnel de la Constitution Lambert Mende a également noté que la MP ne peut cependant pas s’empêcher d’attirer l’attention sur le caractère déloyal de l’appel à l’adhésion à la désormais nouvelle plate-forme politique G7. «Appeler les forces vives à rejoindre un camp politique est totalement légitime. Mais cet appel ne peut avoir comme suppôt la protection de la Constitution alors que dans notre pays cette dernière n’est menacée par personne», a-t-il précisé. Et de poursuivre: «dans la logique du mémorandum à la base des dernières évolutions politiques faisant actualité, cet appel insinuerait qu’il y ait eu dans la Majorité présidentielle en son format d’avant la dissidence, un camp déterminé à violer la Constitution et un autre constitué en protecteur de la Constitution».
C’est un mensonge, a cogné Mende, reposant sur des affabulations et des extrapolations sans fondement, dès lors qu’aucun acte ne crédibilise une telle insinuation. Il a clairement rappelé que le garant constitutionnel de la Constitution, c’est bien le Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange et lui seul, aux termes de l’Article 69 de la même Constitution.
«Il est aberrant qu’un regroupement politique, quel qu’il soit, puisse s’arroger les prérogatives dévolues au Chef de l’Etat et inverser les rôles au point de faire de celui-ci le suspect par intention contre lequel il faudrait protéger la Constitution. On se demande dans quel monde on se trouve. On voudrait même que ce procès d’intention fasse l’objet de palabres pendant qu’il a été dit et redit par le Président que la Constitution sera respectée. Pourquoi ce besoin ardent de faire perdre du temps à un pays en pleine reconstruction?», s’est-il interrogé.
Pour Mende, le peuple RD-congolais aspire légitimement à son indépendance totale et à celle de son pays, autant qu’à son plein épanouissement qui passe aussi, mais pas seulement, par la démocratisation de la vie publique. «La réalisation des aspirations du peuple RD-congolais ne saurait se limiter à une démocratisation formelle, sans réel contenu. Car, comment parler de démocratisation si le territoire sur lequel se vit cette démocratisation est miné par les guerres qui entravent toute réelle liberté des hommes? Quelle serait la valeur de la démocratie sans l’indépendance économique de la RD-Congo, c’est-à-dire sans la liberté acquise pour les filles et les fils de ce pays de jouir et de s’épanouir grâce aux richesses naturelles du pays que leur ont légué leurs ancêtres? C’est dire que les aspirations politiques du peuple RD-congolais ne sont pas séparables de leurs aspirations économiques», a-t-il expliqué.
Lambert Mende a estimé qu’il ne faut donc pas ramener le peuple RD-congolais aux années 60, lorsque les acteurs politiques avaient sacrifié l’indépendance économique du Congo au colifichet d’une indépendance politique fallacieuse. «C’est malheureusement ce que dissimule maladroitement la rengaine de cette dissidence agitée mais heureusement minoritaire dans nos rangs sur les aspirations légitimes du peuple RD-congolais», a-t-il encore souligné.
La MP est restée intacte Au cours de cette même rencontre, Emmanuel Shadari, président du groupe parlementaire PPRD à l’Assemblée nationale, a rassuré que la MP est restée intacte, malgré la fronde du groupe de 7 leaders qui ont adressé la lettre ouverte à Joseph Kabila, lui demandant de respecter l’alternance en 2016. «Ceux qui ont créé la dissidence ont cru avoir fragilisé notre famille politique. Ils se sont trompés», a indiqué Emmanuel Shadari.
Et de compléter: «ça signifie que nos amis qu’on appelle G7 pensaient qu’en faisant des déclarations ou prenant une position contraire à l’avis générale, ils pouvaient fragiliser la famille politique du Chef de l’Etat. Nous sommes en train de signer un document pour montrer que nous sommes toujours derrière la Majorité présidentielle, fidèles et loyales au Chef de l’Etat». Il a également profité de l’occasion pour signifier qu’après l’auto-exclusion des frondeurs, la MP compte aujourd’hui 331 députés sur ses 350 à l’Assemblée nationale. Et les sept partis du G7 n’y comptent que 78 sièges.
Christian BUTSILA
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