Politique

La vraie face de l’homme: Kamitatu: le frondeur a-t-il des leçons à donner?

Pour peu, certains le prendrait pour un héros du combat démocratique en RD-Congo. Et pour cause: il vient d’être révoqué par le Chef de l’Etat de ses fonctions de ministre du Plan et Révolution de la modernité suite à la lettre du G7 adressée au numéro un RD-congolais. D’aucuns voient déjà dans cet acte un rapprochement avec le héroïque combat des treize parlementaires. Nenni! Outre sa grande gueule de frondeur, Olivier Jean CléophasKamitatuEtsu a-t-il de leçons de démocratie, de gouvernance, de respect de la loi à donner à qui que ce soit? Question à un franc congolais. Mais la poser, c’est déjà y répondre.
Un des meneurs du Groupe des 7, en abrégé G7, Olivier Kamitatu s’est vu pousser des ailes de frondeur ces derniers mois, au risque de passer, pour les esprits non avertis, pour un ardent défenseur des valeurs démocratiques. Héraut autoproclamé de l’humanisme libéral, il claironnait, il y a une année, à Ouagadougou, lors d’une rencontre du Réseau libéral africain -regroupement des partis de droite- dont il est président: «la justice et l’équité, la bonne gouvernance, le respect des droits de l’Homme, les principes de la démocratie et de l’Etat de droit sont des valeurs essentielles et universelles».
Beaucoup se laisseraient prendre par la beauté du verbe. Mais en politique, la parole seule ne suffit guère! Jugeons l’homme à l’épreuve de la gestion des affaires publiques, à l’aune d’un cas simple d’une petite structure du ministère du Plan, la Plateforme de communication, qu’il avait lui-même créée avec le soutien de la Coopération technique belge -CTB.
9 mois d’impayés
A l’époque, Olivier Kamitatu ne trouve pas mieux que de nommer à la tête de cette structure une proche, fille d’un vénérable résistant RD-congolais, un des treize parlementaires. Sur papier, elle est licenciée en Sciences politiques et détient un master en Communication des universités françaises. Sauf que, durant une année, elle se montre incapable d’élaborer une stratégie générale de communication comprenant un plan de communication.
La CTB a beau lui avoir payé deux missions de formation en France, rien n’y fait. A l’inverse, nombre de matériel informatique et électronique fourni par la CTB -PC, Macintosh, appareil photo, etc.- disparaissent comme par enchantement. Pour tout travail, la structure ne produit qu’une seule édition d’un feuillet de 8 pages, au nom évocateur d’une publication humanitaire: «Agir ensemble». Mais tout le travail repose sur le chargé d’études presse et mass médias, ReddyMununu qui, de guerre lasse, finit par claquer la porte.
Nommé ministre du Plan et Suivi de la mise en œuvre de la Révolution de la modernité en mai 2012, Célestin Vunabandi met en place une nouvelle équipe au sein de la Plateforme de communication en octobre 2012. Les nouveaux promus, dix au total, donnent du tonus à la structure. Ils vont même mettre au service de la République leurs propres ordinateurs, étant donné que ceux livrés par la CTB -l’argent du contribuable belge- avaient pris une destination inconnue avec l’ancienne coordonnatrice.
En un temps record, ils rédigent une stratégie générale de communication et la vulgarisent auprès des cadres de l’administration et d’autres structures du ministère. Et ils produisent ce qui était considéré par maints observateurs comme le must de la presse économique du pays: le magazine Emergence. Il parait que le Premier ministreMatataPonyo ne tarit pas d’éloges et les félicite -officiellement- à la parution de chaque édition. Cependant, les contradictions au sein du gouvernement font que le personnel de la Plateforme de communication ne sera jamais budgétisé suite au refus du ministère du Budget. Il n’empêche: Célestin Vunabandi va leur octroyer des primes mensuelles en attendant la régularisation de leur situation. En décembre 2014, ils accusent 9 mois d’impayés.
Portes cassées au pilon
C’est sur ces entrefaites que resurgit Olivier Kamitatu, à nouveau nommé ministre du Plan et Révolution de la modernité. Le coordonnateur et le coordonnateur adjoint de la plateforme vont solliciter une audience auprès de lui pour lui présenter la situation de la structure, sans succès. Par contre, ils vont se faire enjoindre par son ex-dircab, Joseph Bangakya, de procéder illico presto à la remise-reprise avec le conseiller administratif. Sans qu’il n’y ait eu un acte contraire! C’est cela le respect des principes démocratiques par Kamitatu. Mais il y a mieux.
Devant cet état de chose, les cadres de la plateforme vont écrire à Olivier Kamitatu pour faire valoir que, d’une part, nommés par arrêté ministériel, ils ne peuvent être révoqués ou remplacés que par un autre arrêté ministériel par respect du principe de parallélisme des formes. D’autre part, l’instruction verbale de Bangakya viole la Lettre n°CAB/PM/CCPG/DB/2014/16614 du 15 décembre 2014 du Premier ministre, relative à la levée des mesures conservatoires, en ce que ces mesures restent en vigueur en ce qui concerne le mouvement du personnel, notamment des services publics. Comme suite à cette lettre, les portes des bureaux de la structure sont défoncées au marteau, pilon et burin par les proches collaborateurs d’Olivier Kamitatu, les bureaux sont immédiatement occupés par ces derniers et les biens des agents de la plateforme sont jetés dehors, à la grande stupéfaction des agents de l’administration.
10 mois sans site web!
Il n’y aura donc jamais de remise-reprise. Le conseiller administratif est allé prendre par force le véhicule Suzuki de la plateforme au domicile du coordonnateur, sans signer le moindre document. Dans cette situation, le cabinet d’Olivier Kamitatu n’a pu obtenir les clés et mots de passe du site web du ministère. Mais Kamitatu s’en fout du site web: pendant 10 mois, un ministère aussi important que le Plan, considéré comme la vitrine du pays sur l’extérieur pour la fourniture de l’information économique, a ainsi fonctionné sans son portail Internet, et l’incroyable ministre ne s’en émeut outre mesure!
Depuis lors, les cadres de la plateforme vont multiplier les courriers à Olivier Kamitatu, avec copies aux autorités supérieures. Sans suite. En avril 2015, le tonitruant député UDPS de Lubumbashi, Fabien Mutomb Kan Kato envoie au ministre une question écrite. Lui non plus n’aura la moindre suite, alors que l’obligation légale est de répondre endéans 15 jours. Olivier Kamitatu se croit au-dessus de tout et de tous. «Jamais marquis n’aura eu autant de mépris pour la pauvre plèbe qu’avec Olivier Kamitatu, ironise un haut fonctionnaire du ministère du Plan. Il me fait souvent penser à cette citation de l’écrivain turc Nedim Gürsel: ‘’L’écrasement des petits par les grands, le mépris du puissant pour le faible, du natif d’Istanbul pour le provincial formaient les piliers du système».
De guerre lasse, les agents et cadres de la plateforme s’apprêtaient à saisir la justice pour rentrer dans leurs droits lorsqu’est tombée la nouvelle de la révocation de Kamitatu. Désormais, ils attendent la nomination de son successeur pour prendre langue avec lui.
MULOPWE waku DEMBA

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