Suspendu de ses fonctions de secrétaire général depuis le mois de février 2016, le docteur Hubert Ali Ramazani a brisé le silence pour clarifier les choses. Dans un document auquel AfricaNews a eu accès, il dénonce la politique de deux poids deux mesures dans le chef du ministre de l’Agriculture Emile Mota, qui pour le même dossier des dépenses inéligibles dans les projets PIRAM et PAPAKIN, après l’enquête d’une commission conjointe Agriculture-finances, a décidé de réhabiliter d’autres personnes en dehors de Hubert Ali que l’enquête a pourtant blanchi, apprend-t-on.
Reconnu comme étant une personne jouissant d’une longue expérience technique et administrative notamment au sein du ministère de l’Agriculture par les prédécesseurs du professeur Emile Mota Ndongo, Hubert Ali Ramazani, alors secrétaire général au ministère de l’Agriculture avait été accusé, à tord selon lui, par son ministre de tutelle. A en croire des sources, les conclusions de la mission conjointe Agriculture-Finances parlent en sa faveur. «Le ministre Mota serait retrouvé en face d’une personne qu’il ne pouvait pas manipuler en sa guise», explique le SG Ali Ramazani.
Tout est partie de la lettre du Premier ministre n° CAB/PM/ADR/DBM/2016/0711 du 12 février 2016 demandant au ministre de l’Agriculture de suspendre les responsables des projets qui ont occasionné les «dépenses inéligibles» jusqu’à ce que la vérité soit établie, renseigne-t-on.
Ce qui a valu la suspension, dans la foulée, de Hubert Ali Ramazani en sa qualité de président du Comité de pilotage des projets du secteur agricole et rural ainsi que le coordonnateur et le responsable administratif et financier du PIRAM qui gèrent au quotidien ce programme, dans le cadre de l’Unité de coordination du programme -UCP-, structure jouissant d’une autonomie administrative et financière aux termes de l’Accord conclu entre le FIDA et la RD-Congo.
Par la suite, Hubert Ali a été blanchi par la mission diligentée par le ministre Emile Mota parce qu’en tant que président du comité de pilotage, il n’intervient dans aucune opération financière des projets. Il ne signait pas les chèques et ne dictait aucune dépense à effectuer par l’UCP.
Malgré les conclusions de la mission conjointe Agriculture-Finances, Emile Mota ne l’a pas réhabilité. Pourquoi? Seul le ministre connait ses raisons. Cependant, prenant acte des recommandations du conseil de discipline, le ministre de la Fonction publique, collègue du ministre Mota, a fait offert à Hubert Ali Ramazani les mêmes fonctions de secrétaire général aux Affaires foncières.
Mauvaise analyse
Relatant l’affaire des dépenses inéligibles, l’actuel SG aux Affaires foncières renvoie le ministre Emile Mota auprès de son collègue des Finances, qui a une parfaite maitrise des procédures de gestion des projets avec les partenaires extérieurs. «Le Comité de pilotage, je le souligne ici, regroupe plusieurs secrétaires généraux des ministères sectoriels et ses décisions sont prises collégialement et engagent toute structure. N’étant pas habilité à poser des actes individuellement dans la supervision des projets dans mon secteur, toute initiative tendant à me sanctionner et à me traiter de criminel sans en fournir les preuves de ma culpabilité relève soit d’une mauvaise analyse du dossier, soit de la mauvaise foi», cogne le docteur Hubert Ali. Et de poursuivre: «Il y a lieu de souligner que le montant des dépenses inéligibles dans les deux programmes -PIRAM et PAPAKIN- a été ramené à USD 52 000 à répartir entre deux projets d’une part et, d’autre part, leur existence dans les comptes de ceux-ci ne signifie nullement qu’il y a eu détournement de deniers publics. Ça signifie tout simplement que des fonds ont été engagés pour l’acquisition des biens et l’exécution des travaux sans égard aux règles de procédures telles que convenues avec le bailleur et consignées dans le Manuel de procédures». Cela échapperait le ministre de l’Agriculture qui pourrait approcher les experts pour une explication plausible», martèle l’ex SG à l’Agriculture avant de souligner: «même si détournement y avait, le premier à décrier allait être le FIDA qui énonce les principes de gestion des projets qu’il finance. Ce qui n’a pas été le cas. La vérité se trouve ailleurs».
BIKUG
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