Politique

Fatshi, insolite aveu d’impuissance

Félix Tshisekedi, le président du Rassemblement, n’a pas pu marcher avec ses partisans alors qu’il avait promis d’être au premier plan de la manifestation convoquée le 19 décembre pour réclamer les élections et l’application de l’Accord de la Saint-Sylvestre. Comme le 30 novembre dernier, les forces de l’ordre, déployées en exécution de la lettre du gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta, interdisant cette marche, l’ont bloqué au siège de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS- dans la commune de Limete, à quelques mètres du lieu prévu pour le rassemblement. «La Police a empêché la jonction de nos militants qui devrait se faire à l’Echangeur», a-t-il déclaré à la presse, reconnaissant une erreur de coordination, expliquant que son groupe, qui tentait de rejoindre une autre partie des militants a été également empêché. «Ça ne nous décourage pas. Nous savons que notre peuple est acquis au changement. Même les policiers à qui nous avons eu l’occasion de parler avec, nous sentions qu’ils voulaient eux aussi le changement», a-t-il laissé entendre avant d’ajouter: «On peut perdre une bataille mais on ne peut pas perdre une guerre».   Une marche morte. Une deuxième bataille perdue en moins de trois semaines, après la marche jamais organisée le 30 novembre. Ce jour là, l’excuse était trouvée: «erreur stratégique». Mardi 19 décembre, la parade aura été «l’erreur de coordination». Pour un leader qui a toujours affirmé avoir le peuple et a publiquement juré d’aller jusqu’au sacrifice suprême pour sauver la démocratie menacée, c’est un insolite aveu d’impuissance, c’est un étalage impardonnable de ses limites tactiques et stratégiques. Normale qu’il se fasse railler sur la toile. «Félix Tshisekedi s’est en réalité excusé de n’avoir pas tenu parole, de n’avoir pas su comment contourner la Police pour déverser les foules dans la rue et voir, enfin, s’accomplir son rêve de faire partir Kabila», a commenté un militant de l’Opposition déçu. La veille sur Twitter, un certain Muntu dia Kongo n’accordait aucune chance aux organisateurs: «l’avis du Gouv Kimbuta aura peu d’incidence sur l’allure de la supposée marche du 19.12. La cacophonie au sein du Rassop suffit elle-même à semer confusion et amalgame sur l’(in)utilité de cet événement».  On se demande si à travers cette sortie devant la presse, Fatshi, en gentleman de l’Opposition bling-bling, aux antipodes des images où l’on voyait Etienne Tshisekedi ensanglanté entouré de ses bourreaux, après ses erreurs de stratégie et de coordination, a publiquement fait part de son incapacité à faire une démonstration de sa vraie force après la disparition du sphinx dont il se réclame pourtant l’héritier politique et de la grande faille que l’Opposition actuelle ne réussit pas à combler face à un régime qu’elle déteste et jure de faire partir. Un journaliste membre de la Rédaction de «Radio Okapi» a, pour sa part, évoqué des erreurs stratégiques du Rassemblement, s’inspirant des extraits du livre «Le viol des foules par la propagande politique», écrit par l’Allemand d’origine russe Serge Tchakhotine: «Elle -NDLR: l’Opposition- abuse souvent de l’ironie, elle ne fait que se moquer de l’adversaire, même là où une action de lutte, une démonstration de sa force -et de sa capacité d’organisation- s’imposent. Elle est souvent (…) abstraite et emploie des formes que les masses considèrent comme ennuyeuses et insipides. Ses actions sont fortuites et dirigées seulement par intuition, souvent trompeuse; elle manque de système et de coordination, c’est pourquoi à un grand effort ne correspond parfois qu’un résultat bien médiocre».

Tino MABADA

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