La compagnie aérienne d’économie mixte Congo Airways a pris livraison d’un Boeing 737-800 samedi 16 avril 2017 à l’aéroport international de N’Djili. Cet aéronef vient en renfort de la flotte composée de deux Airbus A320 et deux Bombardier Q400 acquis avec le concours des entreprises publiques RD-Congolaises. Le deal conclu entre Congo Airways et Ethiopian Airlines porte sur une location de six mois de ce moyen-courrier sous le régime d’ACMI -aircraft, crew, maintenance, insurance. Ce qui revient à dire que les dirigeants de Congo Airways doivent débourser chaque mois l’argent pour la location de l’avion et de l’équipage, du paiement des frais de maintenance et d’assurance. Cet aéronef reste à part entière une propriété de la compagnie nationale éthiopienne dont il garde du reste l’immatriculation ET-APK.
Ceci n’est pas une novation. Ce sont du reste des pratiques recommandées dans la profession en vue de réaliser des économies substantielles dès lors que l’on ne dispose pas de moyen suffisant pour l’acquisition d’aéronef en propre. L’introduction de ce joyau de Boeing dans la flotte de Congo Airways tombe à propos en ce qu’elle va permettre de mieux fiabiliser la clientèle pendant cette période où le transporteur national se trouve dans l’obligation d’envoyer en check C l’un ou les deux Airbus A320 dont l’arrivée à Kinshasa avait provoqué beaucoup de remous à l’époque.
L’opinion se souviendra que pendant l’implication des autorités du pays dans l’application à la lettre des instructions relatives à l’acquisition et l’importation d’un nouvel aéronef en RD-Congo, un créancier de l’Etat RD-congolais a troublé leur sérénité en obtenant de la justice la saisine de l’Airbus A320 qui subissait les travaux techniques requis dans les ateliers d’Aer Lingus en Irlande. Il a fallu beaucoup de gymnastique intellectuelle sur le double plan juridique et financier pour que la justice irlandaise accepte la main levée sur cet avion.
Travaux de grande visite technique obligatoires tous les huit ans
Dans la foulée des inaugurations, les surdoués de l’ancien gouvernement ont opté pour un passage en force dans l’acquisition du second Airbus A320. Cet aéronef en attente d’un check C a été directement importé en RD-Congo sans pour autant que toutes les interventions techniques requises en amont ne soient effectuées. Evidemment, cela a provoqué un tollé de protestations vigoureuses dans les milieux de la profession où d’aucuns ont crié à la politique de deux poids deux mesures.
Selon les recommandations du constructeur Airbus, les aéronefs sont tenus de subir les travaux de la grande visite technique tous les huit ans. La question qui reste suspendue sur toutes les lèvres est celle de savoir jusques-à-quand les A320 de Congo Airways concernés par la présente disposition vont continuer de voler avant ce grand entretien mandatoire?
Une autre question taraude les esprits des navigants RD-congolais. Auront-ils l’opportunité de voler sur le Boeing 737-800, eux qui ont été formés sur l’Airbus A320? La question vaut son pesant d’or car Boeing et Airbus sont deux types de machines totalement distincts, avec des programmes différents. Le passage des pilotes d’une machine à l’autre est aisé lorsqu’il s’agit d’aéronefs d’une même famille. Mais, dans le cas d’espèce, ceci nécessite une totale reconversion du personnel navigant technique avec tout ce que cela implique comme investissement. Ceux qui peuvent se retrouver dans un premier temps à bord du Boeing 737-800 sont les commis de bord et hôtesses de l’air de façon à faciliter la communication avec les passagers par l’usage des langues nationales.
Les gestionnaires de Congo Airways jugés aux résultats obtenus
Notons en passant qu’à l’arrivée du Boeing 737-800, les membres du gouvernement n’ont pas manqué de donner de la voix. Sortant des sentiers battus des envolées légendaires, la ministre du Portefeuille Wivine Mumba a recommandé aux gestionnaires de Congo Airways à s’appliquer sérieusement car c’est au vu uniquement des résultats réalisés qu’ils seront jugés.
A ce sujet, le tableau n’est guère reluisant et les dirigeants de cette compagnie doivent cravacher dur. Après deux ans d’existence, les effectifs sont passés de 400 à 199 agents, les salaires de tous les agents et cadres délestés de 17%. Quand on sait que pour cette compagnie aérienne créée ex nihilo, le gros des dépenses est aussi englouti dans la location des bureaux, des infrastructures de base, des équipements, etc. des efforts sur le plan du management doivent être fournis en vue de ramener la gestion de la compagnie dans les strictes normes de l’aviation civile dépouillées de toute politisation superflue.
Le Directeur général de Congo Airways Balazire a annoncé le début de l’exploitation du réseau international à partir du 1er juillet 2017. Force est de noter que ceci ne dépend nullement de la volonté des exploitants aériens, mais plutôt des performances de l’Autorité de l’aviation civile/RD-Congo. Lors de l’évaluation de l’audit sur la sécurité par l’Organisation de l’aviation civile internationale -OACI- l’AAC/RD-Congo a totalisé 13% en 2006, 26% en 2013, 28% en 2016. Le prochain contrôle a lieu au mois de mai prochain. Wait and see.
Tino MABADA
3 minutes de lecture