Après la publication du gouvernement de cohésion nationale dont certains de ses ténors sont d’éminents membres, la légion de Kengo a désigné José Makila, un dur, comme coordonnateur. Soudain, se posent le problème de l’interprétation de la Loi portant statut de l’Opposition et la question de l’aventure et l’identité de ce regroupement politique
Quelques jours après son entrée au gouvernement et sa sortie officielle, l’Opposition Républicaine, la plate-forme politique de Léon KengowaDondo a enfin, via son Conseil national réuni la semaine dernière à Kinshasa, désigné par consensus et à l’unanimité son coordonnateur: José Makila Sumanda, le député réélu de Gemena, président de l’Alliance des démocrates travaillistes -ADT. Mais il ne siège pas au gouvernement et est réputé dur.
Voici que se dresse un gros piège, la Loi portant statut de l’Opposition, notamment son article 4, où il est disposé: «Est réputé avoir le statut de l’Opposition politique, le parti politique qui accepte de partager les responsabilités de l’Exécutif aux niveaux national, provincial, urbain, municipal ou local». Si les ministres UFC, MLC et ADR, désormais membres de l’Exécutif national, veulent relire cette disposition légale, qu’ils s’y mettent tout de suite, Makila les attend certainement au tournant. Il leur faudra forcer le trait, réinventer le français et parier que l’opinion suivra. Les analystes avertis envisagent une probable course à l’obtention du brevet de vrai opposant.
L’Opposition Républicaine a intégré le gouvernement. Mais le plus dur, la gestion de son avenir, commence. Pour l’Autorité morale Kengo, parrain des sociétaires entrés dans l’Exécutif, et le coordonnateur Makila, auteur d’un historique refus du portefeuille des Affaires sociales, les problèmes commenceront assurément lorsqu’il s’agira d’observer la Loi portant statut de l’Opposition, de déterminer l’identité de la plate-forme et de proposer des solutions durables et viables acceptables par le plus grand nombre. Un grand débat, une grande bataille en perspective. S’il parait peu soucieux de cette réalité-là parce qu’il fait la politique, Kengoa ouvert un front suicidaire.
Il aura, tôt ou tard, un rendez-vous. Il pourra dire que Makila c’est de l’Opposition irresponsable. De son côté, l’élu de Gemena pourra affirmer que Kengo c’est de l’Opposition de pacotille. Avant de poser des problèmes à la Majorité présidentielle à l’Assemblée nationale, où il est très actif et très écouté, Makila en posera d’abord à l’Opposition Républicaine, particulièrement à Kengo que d’aucuns accusent de débauchage et d’en vouloir à Bemba. Les pourfendeurs du boss de l’UFC évoquent le départ de certains sénateurs MLC pour le parti de Kengo. Ils citent le cas le plus connu de tous: l’enrôlement de Michel Bongongo. Et les faveurs accordées à Thomas Luhaka, Germain Kambinga et Omer Egwake, trois Bembistes conviés à signer la charte de l’Opposition Républicaine sans la bénédiction du MLC.
Choisi pour donner une nouvelle impulsion à l’Opposition Républicaine, Makila passe pour le tourment du nouveau clan Kengo. Au-delà de ces analyses pertinentes, des questions directes méritent d’être posées au Coordonnateur, jusque-là insaisissable et injoignable le week-end dernier: lancera-t-il le débat sur la violation de l’article 4 de la Loi portant statut de l’Opposition? L’Opposition Républicaine peut-elle encore se réclamer de l’Opposition politique ou elle fait désormais partie de la Majorité? Un changement d’identité ou de dénomination est-elle envisageable? Makila pourra-t-il un jour contester le statut d’opposant à Kengo? Le président de l’ADT dont le poids politique est avéré acceptera-t-il d’être noyé par le félin speaker du Sénat?
Autant de questions auxquelles le coordonnateur de l’Opposition Républicaine devra répondre en vue de fixer définitivement l’opinion. Mais le décor est bel et bien planté: si les ministres UFC, MLC et ADR, désormais membres de l’Exécutif national, veulent donner un autre contenu à l’article 4 de la Loi portant statut de l’Opposition, qu’ils s’y mettent tout de suite, Makila les attend certainement au tournant. Il leur faudra forcer les traits, réinventer le français et parier que l’opinion suivra. Probable course à l’obtention du brevet de vrai opposant.
Achille KADIMA MULAMBA
Le 22 décembre 2014