Pour l’ACAJ, hormis 4 militants de la Société civile bénéficiaires de la «mesure de décrispation» en attente de leur libération, la RD-Congo a aujourd’hui 111 détenus politiques et d’opinion, y compris les amnistiés non libérés, une thèse proche de l’Opposition qui a dressé une liste de 112 prisonniers à libérer avant toute organisation du dialogue national
Les zones d’ombre entourent le dossier des prisonniers politiques et d’opinion en RD-Congo. Les violons ne s’accordent pas entre le gouvernement, la Société civile et l’Opposition sur le nombre exact de ces personnes détenues. Plusieurs sources crédibles sont d’avis que plus de 80 prisonniers politiques et d’opinion déjà amnistiés n’ont toujours pas quitté les différentes prisons où ils sont enfermés à travers la République et leurs noms ont été transmis depuis le 10 août à Edem Kodjo, au gouvernement RD-congolais et à ses partenaires internationaux par l’ACAJ.
Selon cette Association congolaise pour l’accès à la Justice -ACAJ-, la RD-Congo compte aujourd’hui quelque 111 détenus politiques ou d’opinion, les amnistiés non libérés compris. Le vendredi 19 août, Alexis Thambwe Mwamba, ministre RD-congolais de la Justice, a donné son feu vert pour libérer 24 des 26 personnes reprises sur la liste, en précisant, par écrit, aux procureurs généraux concernés, à savoir ceux des parquets généraux de Kinshasa/Gombe, Kinshasa/ Matete et Goma, qu’ils devaient prendre les mesures pour libérer celles des personnes encore détenues figurant sur la liste. Alors qu’Edem Kodjo salué cette mesure gouvernementale, la Société civile et l’Opposition crie à la mauvaise foi du gouvernement. C’est le blocage quant à la tenue du dialogue même si Kodjo, déjà récusé par le rassemblement a ouvert les travaux préparatoires. Regard sur le dossier des prisonniers politiques.
Me George Kapiamba, avocat et président de l’Association congolaise pour l’accès à la Justice -ACAJ, est toujours préoccupé par le sort réservé aux prisonniers politiques ayant bénéficié ou non des mesures de grâce présidentielle en vue de décrisper le climat politique actuel au pays. Une semaine s’est déjà écoulée après l’annonce du gouvernement RD-congolais via le ministre de la Justice Thambwe Mwamba, le 19 août de libérer 24 prisonniers sur les 26, mais ces derniers ne sont toujours pas informés des modalités pratiques de leur libération. Autrement dit, ils continuent à croupir dans les prisons. L’ACAJ n’a pas croisé les bras, elle affirme avoir saisie par une correspondance datée de ce lundi 22 août, le ministre de la Justice afin qu’il s’implique «de manière à ce que les précités recouvrent leur liberté».
A en croire nos confrères de Jeune Afrique, le directeur de la prison de Makala et les parquets se renvoient la balle. «Le premier dit attendre un document du second pour procéder à la libération des personnes bénéficiaires de la mesure gouvernementale alors que les procureurs, eux, considèrent qu’ils ne leur appartient pas de prendre une quelconque décision dans ce sens», indique cette source. Cependant, au ministère de la Justice, on se veut rassurant. «Nous y travaillons et les quatre militants seront bientôt libérés», assure un conseiller du ministre, sans donner d’amples détails. Christopher Ngoie Mutamba, Fred Bauma, Yves Makwambala et Jean- Marie Kalonji, 4 membres de la Société civile dont les noms sont repris sur la liste de 24 personnes à libérer par le gouvernement sont toujours maintenus à l’ex-Makala, à Kinshasa.
Ils ne sont pas les seuls. Kapiamba, qui parait avoir la maitrise de ce dossier, en parle en détail à Jeune Afrique soulignant que 20 détenus sur les 24 cités sont déjà dehors depuis plusieurs semaines voire depuis quelques mois. «Certains ont soit été acquittés, c’est le cas de trois étudiants: Giresse Bongomisa Nzinga, Joël Namulinda Bokuru et Léon Nguwa, soit ont bénéficié de la liberté provisoire -Jerry Olenga et Paulin Lody-, soit ont purgé leur peine -Narcisse Kombi, Pascal Byumanine et sept manifestants arrêtés en novembre 2015 à Goma, ainsi que Paul Kikuma-, soit ont été libérés par l’Agence nationale de renseignement sans aucune explication -comme le rappeur Radek Junior Mapeke N’landu», explique le président de l’ACAJ.
Un des préalables posés par l’Opposition
Plusieurs sources crédibles sont d’avis que plus de 80 prisonniers politiques et d’opinion déjà amnistiés n’ont toujours pas quitté les différentes prisons où ils sont enfermés à travers la République et leurs noms ont été transmis depuis le 10 août à Edem Kodjo, au gouvernement RD-congolais et à ses partenaires internationaux par l’ACAJ. Selon cette Association congolaise pour l’accès à la Justice -ACAJ-, la RD-Congo compte aujourd’hui quelque 111 détenus politiques ou d’opinion, les amnistiés non libérés compris. C’est notamment les cas des opposants Jean- Claude Muyambo, président de la Solidarité congolaise pour la démocratie et le développement -SCODE- et Eugène Diomi Ndongala, leader de la Démocratie chrétienne -DC-, respectivement poursuivis dans une affaire de spoliation et de viol.
Le ministre de la Justice a laissé entendre que leur libération susciterait des revendications de la part des autres condamnés pour les mêmes circonstances. Un argument non fondé selon l’opposition qui évoque des «procès politiques». Les vraies raisons de leur détention étant le fait d’être prononcés en avance du départ de Joseph Kabila à la fin de son second mandat. Ce n’est pas fini. Les autres prisonniers politiques sont les proches de Moïse Katumbi Chapwe, incarcérés à Lubumbashi et à Kinshasa. Y compris Katumbi lui-même condamné à 3 ans de prison ferme dans une affaire immobilière, puis inculpé d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Katumbi a quitté le PPRD pour cofonder le G7 dont il est désigné candidat à la présidentielle de 2016. L’opposition réclame l’annulation des poursuites contre lui. Parti à l’étranger pour se faire soigner, Katumbi est contraint à une sorte d’exil forcé, car le ministre de la Justice a déclaré qu’une fois qu’il mettra les pieds au pays, il sera immédiatement arrêté. Le dossier de la libération des prisonniers politiques et d’opinion est l’un des préalables posés par l’Opposition pour prendre part au dialogue.
Octave MUKENDI
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