Interview

Me Didier Kondo: «C’est une bonne chose d’avoir une femme gouverneur de la BCC»

La nomination du nouveau comité de gestion de la Banque centrale du Congo -BCC- est très applaudie dans les milieux politiques. Dans une interview accordée à «AfricaNews», Me Didier Kondo Pania, porte-parole général de 4 Interfédérales de l’UDPS/Tshisekedi et avocat aux Barreaux de Kinshasa/Gombe en RD-Congo et de Québec au Canada, salue le choix porté sur une femme, Mme Mulangu Kabedi Mbuyi, pour diriger cette institution bancaire nationale. «Dans l’histoire du monde, il est rare qu’on trouve des femmes dans la corruption, sans pitié, sans amour et désorganisées», dit Me Kondo. Il évoque également les questions touchant à l’actualité politique de la RD-Congo, entre autres, le recensement et l’identification de la population, élections 2023, justice et état de siège. Entretien.    

Comment avez-vous accueilli la nomination du nouveau comité de gestion de la BCC avec une femme comme gouverneur?

C’est pour la première fois qu’une femme est nommée à la tête de la BCC, Mme Malangu Kabedi Mbuyi. Cela a fait la satisfaction de l’ONU parce qu’aujourd’hui tous les pays civilisés du monde veulent qu’il y ait effectivement parité homme-femme dans la gestion des instances de prises des décisions et d’exécution. Nous savons qu’avec la sagesse de Salomon, la femme est capable de faire ce qu’un homme ne peut pas. Dans l’histoire du monde, il est rare qu’on trouve des femmes dans la corruption, sans pitié, sans amour et désorganisées. Donc, c’est une bonne chose d’avoir une femme comme gouverneur de la BCC. Elle va démonter qu’elle peut faire au-delà de ce que tous les hommes qui se sont succédés depuis que le pays a accédé à l’indépendance, n’ont pas pu faire.

Le Premier ministre a créé une commission ad hoc chargé d’élaborer une feuille de route sur le processus de recensement et d’identification de la population en prélude des élections de 2023. Certains politiciens dénoncent un alibi pour préparer le glissement et ne pas organiser des élections dans les délais constitutionnels. Quelle est votre réaction?

L’exigence de l’opération du recensement et d’identification de la population ne constitue pas un alibi pour ne pas organiser les élections en 2023. C’est une nécessité d’une haute portée pour la plus simple raison que tous les problèmes que nous connaissons dans notre pays sur des conflits de ceci et cela ont pour base le manque de recensement. Il y a trop de questions qui est Congolais et qui ne l’est pas? On est dirigé par des étrangers. Comment alors mettre fin à cette situation?

Il faut absolument organiser le recensement afin d’identifier des gens, connaitre qui est étranger qui habite chez-vous et qui est compatriote. En vertu de la Constitution congolaise qui veut qu’à certains postes de responsabilités au sommet de l’Etat, il faut que le candidat soit de père et de mère congolais d’origine congolaise. Ce qui signifie que leurs parents aient appartenu à une ou plusieurs ethnies qui composaient la nation congolaise à l’indépendance.  

Comment avez-vous analysé le séjour du Chef de l’Etat dans l’Est du pays et les Accords de coopération signés entre la RD-Congo et le Rwanda pendant ce séjour?

Le Chef de l’Etat a séjourné pendant trois semaines dans l’Est du pays, pour se conformer à sa campagne électorale de 2018. Il est allé, contrairement à ses détracteurs qui faisaient croire que compte tenu de la turbulence dans cette zone il ne pourrait jamais s’y rendre car étant civil, il aura peur. Par contre, il s’y est rendu et a passé des nuits entières non pas seulement à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, mais également à Beni, Butembo et en Ituri. Ce qu’aucun autre Chef de l’Etat de notre pays n’a pas pu faire, même le militaire. On a vu Mobutu qui était Maréchal, il n’a pas pu faire cela dans les zones de turbulence, le général-major Joseph Kabila non plus.

Le Chef de l’Etat s’est montré un digne fils, prêt à vivre ou à mourir aux côtés de sa population. Quand il a voyagé, il est allé compatir au malheur de son peuple non pas seulement de l’insécurité mais aussi de l’éruption volcanique de Nyiragongo. Il leur a apporté de l’aide grâce à sa présence et beaucoup d’autres Etats sont venus au secours et nous avons reçus leurs dons. Faisant d’une pierre deux coup, il a profité de ce séjour pour signer des Accords de coopération gagnant-gagnant avec le Rwanda voisin. Que le Rwanda apporte sa technologie et nous allons apporter nos minerais. Ces accords vont booster notre économie.

Nous ne pouvons pas avoir cela de mauvais œil parce que le Rwanda nous a combattus plusieurs années de suite. Nous avons un exemple saillant entre la France et l’Allemagne. Ces deux pays voisins, ennemis de longue date, étaient en guerre à tout moment et lorsqu’ils se sont entendus pour la dernière fois, le calme est total et les deux pays sont économiquement les premiers dans l’espace Union européenne. Donc, quand la paix est durable, elle peut nous apporter beaucoup de solution. 

Que dites-vous de la maffia qu’il a découverte au sein des FARDC à l’Est du pays?

La maffia découverte par le Chef de l’Etat au sein de nos FARDC opérant dans l’Est du pays a des ramifications qui ne s’arrêtent pas qu’au niveau de l’Est mais qui s’étend malheureusement jusqu’à Kinshasa. La justice militaire a pris le dossier en mains, qu’elle fasse son travail pour en connaitre les motifs et savoir où allait l’argent destiné aux 15.000 militaires fictifs, les armes ainsi que les minutions. La présence du Chef de l’Etat à l’Est a été d’une très grande importance pour avoir permis de découvrir les raisons pour lesquelles la guerre ne prenait pas fin dans cette partie de notre pays.

En déclarant publiquement qu’il n’est pas content de la manière dont notre justice fonctionne, le Chef de l’Etat n’aurait-il pas confiance en cette justice?

Ce n’est pas que le Chef de l’Etat ne fait pas confiance en la justice de son pays. N’oublions pas que le Chef de l’Etat est le garant du bon fonctionnement des institutions du pays. Lorsqu’il constate qu’il y a quelque chose qui ne va pas comme il le souhaite, il peut taper la main sur la table pour réveiller cette institution qui n’est pas à 100% dans le bon. Notre justice vient du gouffre, il n’avait pas de justice, c’était la loi du plus fort qui s’imposait. Aujourd’hui, nous ne sommes plus à cette étape-là, il y a eu quand même une évolution.

Par rapport aux attentes, cette évolution a-t-elle marché correctement? C’est la raison pour laquelle le Chef de l’Etat trouve qu’il y a quelque chose qui n’a pas totalement marché avec la justice congolaise. Le constat est là. L’IGF dit qu’il y a beaucoup de dossiers qu’elle envoyé à la justice et, jusqu’à présent, cette justice n’a pas encore ouvert des actions publiques. Quand l’IGF s’exclame en disant mais on met la main sur les détourneurs des deniers publics alloués à la gratuité de l’enseignement pendant qu’il y a eu avant cela le dossier de la santé où les fonds pour la gestion de la Covid-19 ont été détournés, personne n’est interpellée jusqu’ici.

C’est pour empêcher cette lenteur dans l’administration de notre justice, il est normal que le Chef de l’Etat tape sur la table pour réveiller le président du Conseil supérieur de la magistrature en vue de l’amener à faire des propositions concrètes susceptibles de permettre de relever le plus vite possible le niveau de la justice.

Votre réaction au sujet des Accords signés entre le Rwanda et l’Ouganda?

Les Accords signés entre la RD-Congo et ses deux voisins sont des accords, pour le moment, bénéfiques pour la RD-Congo étant donné qu’ils ne sont pas signés à genoux mais debout, c’est-à-dire gagnant-gagnant. La RD-Congo et l’Ouganda sont en train de construire la route de Kasindi en RD-Congo. S’agissant du Rwanda, il amène sa technologie et la RD-Congo amène ses minerais. Aucune partie ne perd. Le chômage va diminuer dans notre pays, le gagne-pain va augmenter. Le pouvoir d’achat du Congolais va augmenter, car ces accords vont créer quelques emplois.

Quel message adressez-vous aux compatriotes qui vous liront dans ces colonnes?

Que nos frères et sœurs Congolais n’acceptent pas le discours de la haine et de ceux qui ne veulent pas les choses changent dans notre pays. Lorsque le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo change des choses, ils pensent que c’est en leur défaveur et que le peuple ne pourra pas les voter aux prochaines élections. Voilà pourquoi ils cherchent toujours à diaboliser les actions du Chef de l’Etat. Prions pour que le Dieu Tout-Puissant soutienne notre Président de la République et notre pays. Merci.

Propos recueillis par Octave MUKENDI

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