«Ensemble, nous mettons au défi ceux qui sont au pouvoir d’aller encore plus loin pour une Afrique sans cancer», lance la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique
Le 04 février de chaque année, le monde entier célèbre la Journée mondiale du cancer. Et ce, pour trouver des postes de solution à ce fléau qui décime de millions des gens à travers le monde. Le 04 février de cette année, Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, a adressé un message poignant et interpellateur en ces termes: «Ensemble, nous mettons au défi ceux qui sont au pouvoir d’aller encore plus loin pour une Afrique sans cancer. C’est tout dire». Elle affirme, dans son message, qu’en août 2023, elle a assisté à une réunion sur le cancer du col de l’utérus avec des survivantes.
«J’ai été enthousiasmée par la possibilité de disposer de nouveaux outils pour accélérer l’accès à la vaccination, au dépistage et au traitement. L’une des choses que les survivantes ont dites était que les dirigeants doivent écouter leurs histoires», signifie-t-elle. Dre Matshidiso rappelle que le 4 février de chaque année, le monde s’unit dans le cadre des efforts de sensibilisation aux problèmes fondamentaux posés par le cancer ; le Bureau régional s’associe aux populations de la Région africaine de l’OMS pour marquer cette journée annuelle de sensibilisation et bien au-delà.
«Depuis 2022 jusqu’à cette année 2024, la campagne retenue pour la Journée mondiale contre le cancer est ‘’Pour des soins plus justes’’. L’année en cours constitue la troisième et dernière année de cette campagne. Le thème retenu pour cette année est ‘’Ensemble, nous mettons au défi ceux qui sont au pouvoir’’», dit-elle.
Selon elle, ce thème cristallise la demande faite aux dirigeants du monde entier pour qu’ils accordent la priorité à la prévention et aux soins du cancer, qu’ils investissent dans la lutte contre le cancer et qu’ils fassent plus pour parvenir à un monde juste et sans cancer. Les statistiques sont effrayantes et alarmantes.
«La situation du cancer en Afrique est démoralisante. En 2022, près de 882 882 nouveaux cas de cancer sont survenus dans la Région africaine de l’OMS, où l’on a recensé environ 573 653 décès par cancer. À peu près 50% des nouveaux cas de cancer chez l’adulte dans la région sont liés aux cancers du sein, du col de l’utérus, de la prostate, colorectal et du foie», rapporte-t-elle. Et d’alerter: «si des mesures urgentes ne sont pas prises, la région pourrait enregistrer environ un million de décès par cancer chaque année d’ici à 2030. En outre, dans 20 ans, le taux de mortalité par cancer en Afrique dépassera la moyenne mondiale qui se situe à 30 %. Cette situation est d’autant plus grave que le taux de survie au cancer est de 12% en moyenne dans la région africaine de l’OMS, ce qui est largement inférieur au taux de survie moyen qui dépasse la barre de 80% dans les pays à revenu élevé».
Au regard de ces statistiques, la Directrice régionale dit que «nous nous réjouissons des progrès accomplis en matière de prévention et de soins du cancer dans notre région. Par exemple, 17 pays ont introduit des tests de dépistage hautement performants, conformément aux recommandations de l’OMS. De même, 28 de nos États membres ont introduit la vaccination contre le papillomavirus humain à l’échelle nationale, ce qui permet de vacciner environ 60% de la population prioritaire ciblée contre le papillomavirus humain».
Le thème retenu pour l’édition de cette année 2024 vient à point nommé, car il renforce le droit universel à la santé de toutes les personnes et de tous les groupes. «Nous sommes convaincus qu’indépendamment de sa situation socioéconomique, du lieu où elle se trouve, de son âge et de son sexe, chaque personne doit avoir les mêmes chances de participer à la prévention, au diagnostic et au traitement du cancer», estime-t-elle.
Puis: «Nous lançons un appel aux pays, aux communautés, aux partenaires et à la Société civile de la région pour qu’ils travaillent de concert et favorisent l’accès universel à la prévention et aux soins du cancer». Elle invite les parties prenantes à définir des priorités réalisables, mettre en œuvre des interventions reposant sur des bases factuelles et menées à l’échelle de la population, et investir dans la lutte contre le cancer.
«Les pays devraient utiliser les ‘’meilleurs choix’’ actualisés de l’OMS qui constituent un outil de facilitation conçu pour permettre aux gouvernements de choisir des politiques et des actions de nature à sauver les vies des personnes souffrant de maladies non transmissibles», insiste-t-elle. Ce n’est tout. Elle dit que les dirigeants sont chargés de veiller à ce que la prévention et la prise en charge du cancer mettent en œuvre des technologies et des traitements disponibles à faible coût pour les personnes touchées et leurs familles, et qui présentent un bon rapport qualité-prix.
En outre, ces pays devraient renforcer les systèmes d’information afin de recueillir des données de qualité susceptibles d’éclairer la prise de décision. «Nous réaffirmons que la Société civile, et particulièrement les organisations de survivants du cancer ou les personnes ayant vécu une expérience du cancer, sont essentielles dans la lutte anticancéreuse en Afrique. Cette approche pan sociétale de la prévention et des soins du cancer est au cœur du thème retenu cette année pour la Journée mondiale contre le cancer», reconnaît-elle. Et de conclure: «ensemble, nous mettons au défi ceux qui sont au pouvoir d’aller encore plus loin pour une Afrique sans cancer».