En réaction aux violences à Kinshasa les 19 et 20 septembre 2016, Vital Kamerhe, co-modérateur de l’Opposition au dialogue, a adressé un message à la population et, surtout, à la classe politique.
Message du Co-Modérateur Vital Kamerhe ce 20 septembre 2016 au Dialogue
Chers compatriotes,
C’est avec une profonde peine que nous avons tous suivi les évènements de la journée du 19 septembre 2016 et qui continuent dans certains coins de la capitale ce matin. La vie d’une dizaine des compatriotes a été fauchée dévastant plusieurs familles et laissant des multiples orphelins.
Je voudrais leur exprimer notre solidarité et leur présenter nos sincères condoléances. Ce drame aurait pu être évité si nous les acteurs politiques nous avions assumé le rôle qui est le nôtre à temps. Quand la violence remplace le dialogue, personne n’en sort vainqueur. C’est conscient de cette réalité que nous avons décidé de participer au dialogue national et inclusif convoqué conformément à la résolution 2277 non pas pour accorder une prime à ceux qui n’ont pas œuvré pour organiser les élections dans les délais constitutionnels mais pour que nous puissions donner une chance à la paix, donner une chance à la préservation du pacte que nous avons accompli tous ensemble à Sun City.
Les événements de ce 19 et 20 septembre auraient pu être évités si nous avions tous choisi de quitter nos positions extrêmes pour privilégier la solution la moins coûteuse en vies humaines et en pertes matérielles… Les risques que cela se répète sont encore grands. Risques de perturber la quiétude des congolais qui paient déjà au plus fort le prix de leur survie. Il est temps et plus que temps de faire preuve de patriotisme.
Il est plus que temps que nous, en tant que classe politique, cessions d’être le problème plutôt que la solution aux problèmes de nos populations. Le fossé entre nous et la population ne fait que s’élargir. Ce désamour porte un sérieux coup sur la nation que nous voulons être mais aussi un frein pour le développement auquel nous aspirons tous, majorité comme opposition.
Comme je l’ai dit à l’ouverture des travaux de ce dialogue, certains choisissent de commencer par la guerre pour finir par le dialogue mais nous avons opté pour le dialogue parce que nous connaissons bien les méfaits de la guerre que nous avons tous vécu dans notre chaire.
Le dialogue dans lequel nous sommes engagés devrait nous permettre d’aller vite aux élections. Nous voulons vite y aller en nous assurant que ces élections sont inclusives, transparentes et crédibles. Qu’elles pourront véritablement refléter la volonté du peuple souverain après le gâchis de 2011… Le plus important dans les élections ce n’est pas seulement le fait de voter mais surtout de voir son candidat obtenir les voix qu’il a méritées. C’est pour ces élections que nous sommes ici, c’est pour relever ce défi que nous acceptons un compromis que nous n’aurions pas dû accepter en temps normal.
Notre pays a connu des situations difficiles très souvent puisque nous avons usé de la violence comme mode de règlement de nos problèmes. Le pays a été dévasté par la guerre et tout son corollaire de malheurs… Aujourd’hui, nous sommes tous en deuil car plusieurs compatriotes ont perdu la vie, des sièges des partis politiques de l’opposition et de la majorité, symboles de la démocratie, ont été détruits. Des écoles ont été pillées, des policiers décapités et brules vifs, des jeunes innocents tués, des magasins détruits et pillés, est-ce pour faire avancer la démocratie?
Je voudrais donc réitérer et inviter chacun de nous à transcender nos positions tranchées, nos égos pour prouver à ce peuple et à ce pays que nous l’aimons et que son intérêt vient avant tout.
Les élections sont un moyen de sanction par excellence faisons de notre mieux pour que cette colère populaire puisse être canalisée par les urnes et qu’elle porte au pouvoir celui qui présentera le meilleur projet; celui qui par ses propositions montrera la voie la plus claire pour placer le Congo sur son orbite dont dépend l’avenir de l’Afrique et à certains égards le monde.
Les élections sont aussi le moyen le plus pacifique de résolution des conflits politiques car la paix n’a pas de prix. Comme nous le rappelle si bien le Dallai Lama : « La paix n’est pas seulement la simple absence de troubles. C’est quand il y a une possibilité de conflit mais que vous décidez délibérément d’éviter la violence, d’adopter et d’utiliser des méthodes et des moyens pacifiques pour résoudre le problème. Cela est la véritable paix ».
C’est pourquoi je lance encore une fois un cri de cœur à tous nos compatriotes que j’exhorte à choisir la voie de la paix et non la violence. Je les invite de nouveau à se joindre à nous dans le dialogue pour qu’ensemble nous puissions rencontrer les attentes des congolais qui aspirent à la paix.
Je voudrais enfin inviter toutes les confessions religieuses à mettre davantage le pays dans la prière. Nous sommes tous croyants. Prions que Dieu nous donne la force de nous dépasser. Cela rendra fier notre peuple.
Fait à Kinshasa le 20 Septembre 2016
Co-modérateur du Dialogue national inclusif,
Vital KAMERHE
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