Les lanceurs d’alerte fustigent, non sans preuves, le gel des bons d’engagement des fonds destinés à la livraison des livres commandés dans le cadre de la réforme de l’enseignement. L’attitude gêne aussi le bon déroulement des affaires…
L’enseignement en RD-Congo nécessite une profonde réforme qui passe entre autres par l’élaboration d’un nouveau programme scolaire et la production des manuels adéquats. Le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel -EPSP-, s’y est mis en agréant et commandant deux manuels de Chimie 5ème et 6ème secondaire, conçus par un auteur RD-congolais, Guillaume Bikuta Sibula. Avalisé depuis le 1er juin 2007 par le ministre Maker Mwangu, le dossier a suivi la procédure normale, de l’Administration de l’EPSP au secrétariat permanent du Conseil des adjudications du gouvernement.
Cependant, à ce jour, le ministère des Finances n’a daigné donner une seule suite favorable à tous les bons d’engagement émis par le ministère du Budget. Pourtant, les crédits devant faire face à cette dépense ont toujours été prévus au Budget de l’Etat. Cette passivité est devenue un double crime: la réforme de l’éducation et la programmation scolaire s’en trouvent bloquées quand le prestataire évoque un mauvais climat des affaires.
Enseignants et hommes d’affaires se tirent les cheveux. Ils s’étonnent de l’attitude pour le moins suspecte du ministère des Finances face à ce dossier. Leur curiosité s’accentue davantage quand ils pensent à l’indifférence de tous les cabinets qui se sont succédé aux Finances depuis 2007. Pourtant, le dossier lié à la livraison de 300.000 manuels de chimie destinés aux élèves de 5ème et 6ème des humanités n’a rien de louche. Il a suivi toutes les étapes de la procédure requise. Tenez: tout part de Goma, où Guillaume Bikuta Sibula, un auteur RD-congolais, conçoit deux manuels de chimie et demande l’expérimentation des manuscrits dans des écoles du Nord-Kivu. Succès à la clé.
«Après deux ans nous avons trouvé que les démarches entreprises par celui-ci sont efficaces», écrit l’inspecteur principal provincial dans une lettre demandant l’entérinement de deux livres adressée au Directeur chargé des programmes et matériels didactiques à Kinshasa. Le 12 mars 2007, le Secrétaire général de l’EPSP, Daniel Lukubama Mayungu, fait part de l’agrément à l’auteur. «Me référant à la législation en vigueur en matière d’agrément de manuels scolaires, et après avis favorables émis par la Direction des programmes scolaires et matériels didactiques, je vous notifie de l’agrément de vos projets de manuels…», fait-il savoir.
Les vraies démarches administratives commencent. Près d’un mois plus tard, soit le 25 avril 2007, le Secrétariat général de l’EPSP transmet le cahier spécial des charges au secrétaire général au Budget et président du conseil des adjudications du gouvernement. «Conformément à la circulaire n° 001/CAB/MIN/BUD/2006 contenant les instructions relatives à l’élaboration du Budget de l’Etat pour l’exercice 2007, je vous transmets en annexe le cahier spécial des charges du ministère de l’EPSP et la liste des maisons contactées pour soumission. Ce cahier spécial des charges concerne acquisition des manuels scolaires pour les écoles de la République suivant les échantillon en annexe», explique-t-il.
Curieux désintéressement du ministère des Finances
Le dossier étant clean, les membres permanents du Conseil des adjudications du gouvernement décident de passer la commande de 300.000 livres de chimie au Groupe RGM. Coût total de l’opération: USD 5.200.000 répartis comme suit: USD 2.250.000 pour la livraison de 150.000 livres intitulés «Notions de chimie 5ème année», à raison d’USD 15 la pièce, et USD 3 millions pour 150.000 livres intitulés «Notions de chimie 6ème année», à raison d’USD 20 l’unité.
Le prestataire, RGM, s’acquitte de l’obligation légale avec l’achat du cahier des charges relatif à l’acquisition de ces manuels, le décaissement n’a pas suivi. Occasion pour les ministères de l’EPSP et du Budget de déclencher le mécanisme de décaissement. Fait curieux: le ministère des Finances a brillé par une indifférence déconcertante. A ce jour, il n’a daigné aucune suite favorable aux différents bons de commande lui transmis par le Budget. Très mauvais signe.
Cette attitude bizarre apparait comme un symbole de l’insouciance et une aversion pour la production de ces 300.000 manuels. Elle constitue aussi une véritable menace contre le climat des affaires en RD-Congo. «C’est un double crime», s’écrie un enseignant! Les critiques des observateurs sont acerbes. «Le ministère des Finances est condamnable. D’une part, depuis 2007, ses différents locataires ont plombé la réforme de l’éducation et la programmation scolaire. D’autre part, leur désintéressement a causé un retard énorme dans la livraison et des sérieux préjudices à RGM qui affirme avoir engagé d’importants fonds pour le début des travaux d’impression», cogne-t-on. Pourquoi les argentiers sont-ils restés inactifs alors qu’il s’agit de deux secteurs sensibles: l’éducation et les affaires? Comment s’exposent-ils à décourager les initiatives locales?
Alors que le débat sur la Loi de finances 2014 sera bientôt lancé au Parlement, les lanceurs d’alerte tirent la sonnette d’alarme, estimant que le ministère des Finances a choisi son camp. Leur souci est de comprendre pourquoi les argentiers s’arc-boutent sur leur refus pendant près de 7 ans. Les jours qui viennent montreront si le ministère des Finances ne joue pas le jeu des saboteurs de la réforme de l’enseignement et du climat des affaires.
Tino MABADA
L’enseignement en RD-Congo nécessite une profonde réforme qui passe entre autres par l’élaboration d’un nouveau programme scolaire et la production des manuels adéquats. Le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel -EPSP-, s’y est mis en agréant et commandant deux manuels de Chimie 5ème et 6ème secondaire, conçus par un auteur RD-congolais, Guillaume Bikuta Sibula. Avalisé depuis le 1er juin 2007 par le ministre Maker Mwangu, le dossier a suivi la procédure normale, de l’Administration de l’EPSP au secrétariat permanent du Conseil des adjudications du gouvernement.
Cependant, à ce jour, le ministère des Finances n’a daigné donner une seule suite favorable à tous les bons d’engagement émis par le ministère du Budget. Pourtant, les crédits devant faire face à cette dépense ont toujours été prévus au Budget de l’Etat. Cette passivité est devenue un double crime: la réforme de l’éducation et la programmation scolaire s’en trouvent bloquées quand le prestataire évoque un mauvais climat des affaires.
Enseignants et hommes d’affaires se tirent les cheveux. Ils s’étonnent de l’attitude pour le moins suspecte du ministère des Finances face à ce dossier. Leur curiosité s’accentue davantage quand ils pensent à l’indifférence de tous les cabinets qui se sont succédé aux Finances depuis 2007. Pourtant, le dossier lié à la livraison de 300.000 manuels de chimie destinés aux élèves de 5ème et 6ème des humanités n’a rien de louche. Il a suivi toutes les étapes de la procédure requise. Tenez: tout part de Goma, où Guillaume Bikuta Sibula, un auteur RD-congolais, conçoit deux manuels de chimie et demande l’expérimentation des manuscrits dans des écoles du Nord-Kivu. Succès à la clé.
«Après deux ans nous avons trouvé que les démarches entreprises par celui-ci sont efficaces», écrit l’inspecteur principal provincial dans une lettre demandant l’entérinement de deux livres adressée au Directeur chargé des programmes et matériels didactiques à Kinshasa. Le 12 mars 2007, le Secrétaire général de l’EPSP, Daniel Lukubama Mayungu, fait part de l’agrément à l’auteur. «Me référant à la législation en vigueur en matière d’agrément de manuels scolaires, et après avis favorables émis par la Direction des programmes scolaires et matériels didactiques, je vous notifie de l’agrément de vos projets de manuels…», fait-il savoir.
Les vraies démarches administratives commencent. Près d’un mois plus tard, soit le 25 avril 2007, le Secrétariat général de l’EPSP transmet le cahier spécial des charges au secrétaire général au Budget et président du conseil des adjudications du gouvernement. «Conformément à la circulaire n° 001/CAB/MIN/BUD/2006 contenant les instructions relatives à l’élaboration du Budget de l’Etat pour l’exercice 2007, je vous transmets en annexe le cahier spécial des charges du ministère de l’EPSP et la liste des maisons contactées pour soumission. Ce cahier spécial des charges concerne acquisition des manuels scolaires pour les écoles de la République suivant les échantillon en annexe», explique-t-il.
Curieux désintéressement du ministère des Finances
Le dossier étant clean, les membres permanents du Conseil des adjudications du gouvernement décident de passer la commande de 300.000 livres de chimie au Groupe RGM. Coût total de l’opération: USD 5.200.000 répartis comme suit: USD 2.250.000 pour la livraison de 150.000 livres intitulés «Notions de chimie 5ème année», à raison d’USD 15 la pièce, et USD 3 millions pour 150.000 livres intitulés «Notions de chimie 6ème année», à raison d’USD 20 l’unité.
Le prestataire, RGM, s’acquitte de l’obligation légale avec l’achat du cahier des charges relatif à l’acquisition de ces manuels, le décaissement n’a pas suivi. Occasion pour les ministères de l’EPSP et du Budget de déclencher le mécanisme de décaissement. Fait curieux: le ministère des Finances a brillé par une indifférence déconcertante. A ce jour, il n’a daigné aucune suite favorable aux différents bons de commande lui transmis par le Budget. Très mauvais signe.
Cette attitude bizarre apparait comme un symbole de l’insouciance et une aversion pour la production de ces 300.000 manuels. Elle constitue aussi une véritable menace contre le climat des affaires en RD-Congo. «C’est un double crime», s’écrie un enseignant! Les critiques des observateurs sont acerbes. «Le ministère des Finances est condamnable. D’une part, depuis 2007, ses différents locataires ont plombé la réforme de l’éducation et la programmation scolaire. D’autre part, leur désintéressement a causé un retard énorme dans la livraison et des sérieux préjudices à RGM qui affirme avoir engagé d’importants fonds pour le début des travaux d’impression», cogne-t-on. Pourquoi les argentiers sont-ils restés inactifs alors qu’il s’agit de deux secteurs sensibles: l’éducation et les affaires? Comment s’exposent-ils à décourager les initiatives locales?
Alors que le débat sur la Loi de finances 2014 sera bientôt lancé au Parlement, les lanceurs d’alerte tirent la sonnette d’alarme, estimant que le ministère des Finances a choisi son camp. Leur souci est de comprendre pourquoi les argentiers s’arc-boutent sur leur refus pendant près de 7 ans. Les jours qui viennent montreront si le ministère des Finances ne joue pas le jeu des saboteurs de la réforme de l’enseignement et du climat des affaires.
Tino MABADA