L’Inspection générale des Finances -IGF- a rendu public son rapport de mission relatif au contrôle de gestion de l’Université pédagogique nationale -UPN-, couvrant la période allant de 2015 à mai 2023. Au regard de plusieurs bavures et fautes administratives graves constatées au cours de cette période pendant laquelle l’UPN a été dirigée par plusieurs comités de gestion dont celui encore en place au moment de l’exécution de la mission, l’Inspection général des Finances exige la suspension immédiate de l’actuel comité de gestion de l’UPN.
En même temps, elle invite le Procureur général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe à se saisir de ce rapport aux fins de l’interpellation de la rectrice, de l’administrateur du budget ainsi que de tous les quatre membres du comité de gestion «impliqués dans la mauvaise gestion des deniers publics afin d’en tirer toutes les conséquences légales sur leurs comportements indélicats».
Par ailleurs, l’IGF appelle à la suppression de la Coordination de préparation professionnelle -CPP-, ainsi qu’à la rétrocession aux facultés et départements des fonds prévus dans les clés de répartition fixées par les différentes décisions rectorales en vue de leur permettre de fonctionner normalement. Ce rapport de l’IGF relève plusieurs griefs contre l’actuel comité de gestion de l’UPN, prouvant ainsi la mauvaise gestion de cette Alma Mater.
En clair, il est reproché à ce comité de gestion dirigé par la rectrice Anastasie Masanga Maponda, entre autres le non-paiement des quotités dues au Trésor public sur les frais de diplôme dont le montant total s’élève à USD 190.225 pour l’année académique 2021-2022; la fragmentation de la gestion financière de l’UPN caractérisée par la multiplicité des points de perception des frais illégaux au niveau des facultés et départements, dont la gestion échappe totalement au comité de gestion; la mise en veilleuse de la Direction de l’audit interne dont le dernier rapport de mission remonte à 2020; la non-comptabilisation de 25% des recettes mobilisées par l’université au cours de l’année académique 2021-2022 et qui sont consommées à la source pour un montant total de CDF 7.470.724.243; la minorisation des effectifs des étudiants régulièrement inscrits sur les listes officielles de l’université, dégageant un écart de 2.502 étudiants ayant payé les frais académiques mais non pris en compte pour l’année académique 2021-2022.
A en croire le rapport de l’IGF, cette minoration des effectifs a eu comme conséquence, le non-paiement des quotités sur les frais d’inscription et de minerval dues aux entités externes à l’UPN, prévues dans les instructions académiques pour un montant total de CDF 617.000.000. l’IGF reproche aussi à l’actuel comité de gestion de l’UPN d’accorder des avantages indus en faveur des membres du comité de gestion, pour un montant total de CDF 537.353.180, comprenant notamment les frais d’installation et les frais du troisième cycle; la non-rétrocession des quotités des frais de fonctionnement dues aux entités internes de l’université pour un montant total de CDF 6.588.397.695, mettant en péril le fonctionnement harmonieux de l’ensemble des départements et facultés de l’UPN.
Le rapport de l’IGF note également que le comité de gestion de l’UPN s’illustre par une mauvaise allocation des ressources financières provenant de la COGIT caractérisée par des disparités criantes entre les montants exorbitants octroyés aux membres de la coordination et supervision au titre de prime de structure -plus ou moins CDF 6.000.000 par membre et par tranche.
En outre, concernant le mandat du recteur ou du Directeur général, dans son rapport, l’Inspection générale des Finances dénonce la violation, par le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire -ESU-, des dispositions de l’article 42 de l’Ordonnance numéro 16/071 du 29 septembre 2016 portant organisation et fonctionnement des organes d’administration de l’ESU qui stipule que le recteur ou le Directeur général des établissements publics sont élus par leurs pairs, en tenant compte de la parité, pour un mandat de quatre ans renouvellements une fois. Ils sont investis par le Président de la République. «Les modalités d’élection du recteur et du Directeur général sont déterminées par voies d’arrêté ministériel; ce qui n’a pas été le cas et pour l’UPN et pour les autres institutions d’enseignement supérieure et universitaire», déplore l’IGF dans son rapport. Ci-dessous, l’intégralité du rapport de l’IGF.