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Sénat : la tête de Badibanga mise à prix

10.000 dollars proposés à chaque sénateur en échange d’une signature sur la pétition visant l’ancien Premier ministre, alerte l’ONG «Le Congo en danger» dont les accusations sont corroborées par PULIS

La corruption est une souillure inqualifiable pour une Chambre du Parlement réputée pour le degré élevé de sagesse et de maturité de ses membres. Signer une pétition en contrepartie d’USD 10.000 pour faire tomber le 1er vice-président du Sénat, Samy Badibanga, dont la tête est ainsi mise à prix, voilà à quoi consiste cette corruption, dénoncée urbi et orbi par des ONG remontées de voir ces pratiques «d’achat de conscience pour régler des comptes politiques» élire domicile au sein des institutions de la République.

La première à monter sur le créneau est l’ONG «Le Congo en danger» qui, au travers d’un communiqué signé Musafiri Molisho, secrétaire général, a alerté au sujet de cette opération visant à corrompre les sénateurs moyennant des billets de banque pour obtenir l’éjection de Badibanga du bureau de la Chambre haute. Dans ce communiqué, «Le Congo en danger» a nommément cité Eric Rubuye, questeur du Sénat, comme l’instigateur de cette opération au motif que l’ancien Premier ministre a marqué sa présence à la cérémonie de prestation de serment des juges de la Cour constitutionnelle contre la volonté de l’ensemble du bureau, qui, du reste, a brillé par son absence ce jour-là. Il est également reproché au leader des Progressistes d’être le seul proche du Président de la République à siéger au bureau du Sénat alors que le divorce est déjà consommé entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila.

Les accusations formulées à l’encontre d’Eric Rubuye sont corroborées par «Peuple uni libre indépendant et souverain» -PULIS-, ONG de défense des droits de l’homme et de lutte contre la corruption. Le PULIS a dit avoir eu vent de cette campagne de corruption de la part de «certains sénateurs qui ont requis l’anonymat». Ces sénateurs, à en croire le PULIS, auraient aussi cité le questeur Eric Rubuye comme l’auteur de cette opération visant la tête de Samy Badibanga contre USD 10.000 par sénateur.

«Le PULIS dénonce avec la toute dernière énergie le recours à cette méthode archaïque, illégale et anarchique d’achat des consciences dont le questeur Rubuye Akizwami Eric serait auteur pour régler des comptes politiques à l’honorable Samy Badibanga qui travaille jour et nuit pour la matérialisation de la vision patriotique du Président Félix Tshisekedi celle de l’Union sacrée», a dénoncé le PULIS dans son communiqué de presse du 5 janvier 2021 signé par son porte-parole Me Gaspard Murhula. Cette ONG a appelé à la «vigilance des cours et tribunaux et de l’Agence de lutte contre la corruption, mises à rude épreuve par ce comportement illégal de la part d’un membre du bureau du Sénat en la personne de M. Rubuye». Pour cette ONG, s’attaquer à Samy Badibanga, c’est faire la guerre au Chef de l’Etat. Le PULIS, dans son communiqué, a soulevé des interrogations relatives à la source de provenance des fonds utilisés pour corrompre les sénateurs, tenant notamment compte à l’une des prérogatives du sénateur Rubuye, celle de gérer les finances de la Chambre des élus des élus. «D’où provient cet argent? De sa poche? De ses économies? De la dotation destinée au Sénat?», autant d’interrogations, qui, logiquement, ont conduit Me Gaspard Murhula à lancer un appel à l’attention de l’Inspection générale des finances dans l’optique d’éclairer la lanterne de l’opinion «sur l’origine de l’argent utilisé par cet élu pour nuire à son autorité hiérarchique qu’est le premier vice-président du Sénat».

Laurent OMBA

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