Après des révélations, des sanctions. L’Inspection générale des finances -IGF-, droite dans ses bottes, ne désarme pas dans l’affaire de détournement de plus d’USD 10 millions à la Générale des carrières et des mines -GECAMINES-, fruit des prélèvements injustifiés des fonds dans les comptes de la Société immobilière du Congo -SIMCO-, une société appartenant à 99% au géant minier RD-congolais.
L’IGF a réclamé des sanctions contre les bénéficiaires de cette somme, partagée entre mandataires, cadres et agents de la GECAMINES. Elle a notamment sollicité la mesure d’interdiction de sortie du territoire national contre tous les bénéficiaires de ces fonds détournés.
Outre cette mesure, ce service de contrôle des finances publiques, dirigé par Jules Alingete, a ordonné la saisie des comptes bancaires des bénéficiaires ainsi que le remboursement d’office à la GECAMINES des fonds détournés, à partir des comptes des bénéficiaires. Cet ordre, explique-t-on dans les couloirs de ce service rattaché à la présidence, traduit davantage l’engagement de l’IGF de «ne plus laisser impunie la prédation financière en RD-Congo».
A la GECAMINES, la prédation a été constatée début octobre après que plus de 25 personnes, parmi lesquelles des mandataires, cadres et agents de cette entreprise publique, se sont partagé USD 10.156.754 au motif de «dotation spéciale» ou «collation spéciale». Ces motifs, indiqués sur les ordres de paiement -OP-, ne figurent pas dans la convention collective de la GECAMINES en ce qui concerne les cadres et agents qui sont liés par un contrat de travail, a avancé l’IGF pour soutenir qu’il s’agit des «avantages illicites» qui constituent des faits de «détournement». La somme ainsi détournée provenait, selon une note de l’inspecteur général chef de brigade, G.F. Muzeze Nzonzimbu, adressée à l’Inspecteur général des finances chef de service, Jules Alingete, des dividendes versés à la SIMCO par la Sicomines et KCC entre octobre 2022 et décembre 2022, deux sociétés où elle est actionnaire aux côtés de la Gécamines.
Les révélations de l’IGF avaient placé le président de l’Intersyndicale de la Gécamines, par ailleurs promoteur du club de football lushois Groupe Bazano, Kasongo Mabwisha, en tête des bénéficiaires de ces avantages illicites avec, à lui seul, 1,39 millions d’USD. Il est suivi juste derrière par l’actuel PCA Guy Robert Lukama, administrateur à l’époque de cette magouille, 1,157millions d’USD. DGA en 2022 et passé Administrateur depuis, Léon Mwine s’est arrogé plus d’un million d’USD. Le DG de l’époque, Ntambwe Ngoy, devenu administrateur, s’en est sorti avec 913.000 USD. En plus de ce quatuor, 23 autres personnes se sont partagé les 5,6 millions restants -détails dans le tableau.
Ces nouvelles révélations sont faites au moment où le Conseil d’administration de la Gécamines avait évoqué des «opérations parfaitement documentées au sein de ses organes sociaux, réalisées en toute transparence en 2022 via des virements bancaires aisément retraçables et retracés, mais malheureusement présentés une année plus tard comme de possibles détournements». Ce géant public du secteur minier RD-congolais n’avait pas exclu la possibilité de «demander réparation de tous dommages causés par de fausses allégations et l’indemnisation des préjudices matériels, moraux, financiers et réputationnels découlant de déclarations contraires aux faits».
Des menaces à peine voilées qui n’ont pas eu le mérite de faire broncher Jules Alingete face à «une bande des maffieux» qui a décidé de manière unilatérale de puiser «à la source, sur les fonds qui devaient venir à la Gécamines». «Ces individus dont certains touchent plus de 100.000 USD le mois à la Gécamines ont suffisamment démontré leur capacité de nuisance. Comment pourrait être possible que l’IGF ait été au courant et que ça soit la même IGF qui les interpelle aujourd’hui?», s’était interrogé Alingete dans un récent avec AfricaNews.