Le torchon brûle au sein de la Société congolaise des transports et des ports -SCTP. L’une des épines dorsales de l’économie nationale RD-congolaise depuis l’époque coloniale se trouve dans une zone de très fortes turbulences. La compagnie a perdu de sa superbe et chaque jour qui passe apporte des nouvelles plus qu’alarmantes qui servent de toile de fond à la grogne sociale sans cesse croissante. Depuis quelques mois, ceux qui empruntent le boulevard du 30 juin assistent à des scènes bruyantes caractérisées par des levées des boucliers récurrentes des agents et cadres de l’ex-ONATRA.
Essoufflés d’aligner des arriérés de salaires de plus de six mois, les travailleurs des ports et chemins de fer sont montés sur leurs grands chevaux pour s’en prendre ouvertement aux membres de l’actuel comité de gestion. Sans discrimination, ils ont mis tout le monde dans un même sac. Des cercueils portant les noms de tous les mandataires ont été exposés devant le bâtiment administratif avec tout ce que cela peut générer comme effets collatéraux dans la dimension parapsychologique.
Voulant se dégager de cette étreinte infernale, Vicky Katumwa, Présidente du conseil d’administration, a donné de la voix. Elle n’y est pas allée de main morte en pointant du doigt l’artisan qui serait à la base de tous les malheurs qui s’abattent aujourd’hui sur la SCTP.
Quand Vicky Katumwa tire à boulets rouges sur Jean Kimbembe
Dans une sortie médiatique musclée tenue lundi 26 juin 2017, la PCA de la SCTP a tiré à boulets rouges sur l’ancien DG Jean Kimbembe Mazunga, l’accusant d’avoir détourné près de USD 7 millions destinés à la paie du personnel. Ce qui, à ses yeux, aurait privé l’actuel comité de gestion de moyens nécessaires pour faire face aux rémunérations des travailleurs depuis plusieurs mois. Les médias écrits et audiovisuels en ont fait leurs choux gras tout comme sur la toile où les commentaires sont allés dans tous les sens. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’image de l’ancien gouverneur de la ville province de Kinshasa en est sortie fortement écornée. Cependant, dans le souci d’entendre tous les sons de cloche, la rédaction d’«AfricaNews» a approché l’intéressé pour en savoir un peu plus sur les graves accusations portées contre sa personne par Vicky Katumwa qui est aussi membre d’une même famille politique au sein du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie -PPRD. Calme, serein et nullement agité, Jean Kimbembe Mazunga fixe le décor. Il refuse de se lancer dans une polémique stérile. Ayant pris connaissance de la quintessence du point de presse de la PCA de la SCTP, l’ancien DG indique qu’il saute clairement aux yeux qu’il s’agit d’une tentative visant à trouver un bouc-émissaire aux marasmes actuels face auxquels elle vient de montrer ses limites.
Relance de la SCTP par la synthèse «rail-ciment»
A l’en croire, c’est la deuxième fois que la PCA Katumwa affiche son incapacité à contenir le personnel ou apporter une solution à une situation de crise au sein de cette société. C’était pareil en novembre 2016, poursuit Kimbembe, lorsqu’il a été contraint de quitter son lit d’hôpital pour ramener les travailleurs au calme. L’ancien mandataire de l’Etat regrette ce qui arrive à la SCTP, cette société qui a pourtant atteint le seuil de sa relance par la synthèse «rail-ciment» que son comité était sur le point de réaliser. Dans son entendement, l’actuelle équipe aux commandes a tort de ne pas surfer sur cette vague. Prenant de la hauteur, il refuse de suivre la PCA dans cette logique. Jean Kimbembe éperonne à son tour Vicky Katumwa du fait d’avoir verrouillé la direction générale pour tout régenter à son niveau. Hélas, force est de noter son incapacité avérée à gérer la société et à payer le personnel. L’ancien maire de la ville trouve tout de même insensé que Mme la PCA puisse revenir à lui 7 mois après et dire qu’il a mal géré les avoirs de la société. Il précise que toutes les dépenses de plus de USD 500.000 requièrent l’aval obligatoire du Conseil d’administration.
Les USD 7 millions destinés à l’acquisition des équipements pour le port de Matadi
A celle qui lui place le couteau sous la gorge, l’ex-DG demande ce qu’elle dit des conclusions du rapport des commissaires aux comptes ayant côté la gestion Kimbembe meilleure que celle de ceux qui l’ont précédé. S’agissant des USD 7 millions à la base de ce remue-ménage, il martèle qu’ils n’étaient nullement destinés au fonctionnement de l’entreprise ni à la paie des salaires du personnel, mais plutôt à l’acquisition des équipements pour le Port de Matadi. Kimbembe s’interroge à haute voix: «quand bien même je serais parti avec les USD 7 millions -qui, en réalité, étaient logés à la BGFI au moment de ma suspension-, il se recommande de lui poser la question de savoir le montant de l’enveloppe pour la paie mensuelle des salaires du personnel actif ainsi que les rentes des retraités».
Pour ce mandataire dont l’honneur est souillé sur la place publique, la PCA Katumwa a manqué une belle occasion de se taire. Quant à lui, il estime qu’on peut comprendre ses émotions si l’on se rappelle que le vendredi 23 juin 2017, il y avait un cercueil également pour elle et c’est tout ce qu’elle n’avait jamais voulu vivre durant son mandat à la présidence de la SCTP.
Rendre compte de la gestion au gouvernement et non à la presse
Jean Kimbembe conclut en trois points. Primo, la PCA n’a pas répondu aux attentes des agents; elle n’a pas indiqué la voie pour le règlement des salaires. Les agents, en effet, posent la question de savoir si Kimbembe est parti avec les locomotives, les rails, les grues,… Secundo, depuis novembre 2016, la PCA a transmis le dossier au Parquet général. Elle a même transmis au même Parquet le rapport d’audit effectué par le Conseil permanent de la comptabilité au Congo -CPCC- en février 2017. L’instruction suit son cours et tout le monde en attend les conclusions. Tertio, en tant que mandataires de l’Etat, c’est au seul gouvernement que tous doivent rendre compte de leur gestion et non à la presse. Et c’est pour cette raison que Jean Kimbembe ne suivrait pas la PCA Vicky Katumwa sur ce terrain.
YA KAKESA
