Le projet de construction des infrastructures universitaires en cours et plus précisément à Mbuji-Mayi, dans la province du Kasaï Oriental, et à Kananga, dans le Kasaï Central, piétine. Et des langues se délient, trouvant à redire dans l’attribution des marchés publics qui, pour beaucoup, ont entraîné un cafouillage à la base de la dilapidation des fonds de l’Etat. L’affaire fait grand bruit. Dans un briefing co-animé mercredi 11 janvier avec son collègue de l’Information et Médias, Patrick Muyaya Katembwe, le ministre en charge de l’Enseignement supérieur et universitaire -ESU-, Muhindo Nzangi, a livré sa version, balayant du revers de la main tous les chiffres cités autour de ce dossier, invitant à se référer aux seules sources officielles.
A en croire le patron de l’ESU, seul son ministère est à même de donner les vrais chiffres. Tandis que les 47 ou 43 millions de dollars qui auraient pris une destination inconnue, c’est de la manipulation. Muhindo a affirmé avoir respecté toutes les étapes d’attribution des marchés publics, conformément à la volonté du Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi, se disant en même temps favorable à l’enquête menée par le Procureur de la Cour des comptes au sujet de ces appels d’offres. A propos des entreprises ayant gagné le marché et avec les mêmes actionnaires, «il s’agit d’un consortium d’entreprises et les marchés ont été attribués à celles qui les ont gagnés, sans chercher à savoir qui est derrière qui au risque de tomber dans la subjectivité», a-t-il lâché, précisant que le retard dans la réalisation de ce projet à Mbuji-Mayi et à Kananga est dû aux mauvaises conditions d’approvisionnement.
Alors que sa version et ses chiffres contrastent avec ceux de la députée honoraire belge Isabelle Kibassa, passée par le chantier de l’Université officielle de Mbuji-Mayi, le ministre Nzangi a évité de répondre à toute question y relative, préférant dire qu’il s’agit de la rue. Isabelle Kibassa appréciera.
Le projet de construction des infrastructures universitaires en RD-Congo a été au cœur de ce briefing co-animé par le ministre de la Communication et Médias et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, et son collègue de l’ESU, Nzangi. Dans son intervention, le patron de la Communication a, dans son mot introductif, circonscrit la rencontre du jour, soulignant la tournée qu’a effectuée le ministre de l’ESU sur tous les chantiers des universités en phase de réhabilitation ou de construction. «Avant nous, aucun gouvernement ne l’avait fait, construire à la fois 5 universités à travers le pays», a souligné le ministre Muyaya, invitant son collègue à rencontrer les préoccupations des professionnels des médias concernant les rumeurs de détournement des fonds. «Vous avez appris qu’il y a des détournements, le ministre va vous donner de la lumière là-dessus».
Prenant à son tour la parole, Mohindo Nzangi a planché sur l’ouverture de la l’année académique à travers tout le pays. Il a parlé de l’avancement du programme LMD avec ses premiers diplômés cette année. Puis, il a annoncé le programme de construction des universités qui se fait en deux phases. Pour la première phase, il y a l’Université pédagogique nationale, l’Université de Mbuji-Mayi, l’INBTP, l’Université de Kananga, l’Université de Bunia. Depuis l’indépendance, l’Etat RD-congolais n’a jamais songé à construire de nouvelles universités, a-t-il dit, avant de souligner l’ampleur des travaux de réhabilitation de l’UPN, qui sont très avancés après huit mois seulement. Avec 15 mètres de profondeur, l’UPN a des homes quasi-terminés, qui seront bien équipés et adaptés à la modernité. Quid de l’Université de Mbuji-Mayi? Les travaux ont bel et bien commencé.
«S’agissant du retard observé dans l’exécution des travaux, les conditions d’approvisionnement ne sont les mêmes qu’à Kinshasa», a-t-il laissé entendre, ajoutant que c’est aussi la même chose à Kananga. Mais il a rassuré que les travaux vont pouvoir s’accélérer partout. C’était pour lui le lieu d’inviter le peuple RD-congolais à la patience car, «ces travaux vont se terminer et un contrôle va être fait sur la passation des marchés». Au sujet du financement, lequel des chiffres avancés est vrai? A cette question, il a répondu en invitant les journalistes à se fier aux informations données par eux-mêmes. Par ailleurs, répondant à une question sur Kagame face aux réfugiés RD-congolais, «il y a plus de réfugiés rwandais en RD-Congo qu’il y en a des Rwandais en RD-Congo», a souligné le porte-parole du gouvernement, déplorant le fait que le président Kagame qui se dit panafricain, fasse du chantage avec des vies humains.
«S’agissant des mercenaires que la RD-Congo aurait engagés, c’est un faux fuyant pour nous écarter de nos objectifs mais aussi dédouaner le Rwanda de sa responsabilité dans les massacres de Kishishe», a martelé le ministre des Informations, rappelant l’hospitalité RD-congolaise lors des événements ayant frappé le Rwanda en 1994. «Imaginez ce qui se serait passé si la RD-Congo avait fermé ses frontières aux réfugiés rwandais», a-t-il lancé, poursuivant, «la RD-Congo ne pouvait le faire parce que nous nous sommes un peuple hospitalier». Réagissant à son tour à cette question, le ministre Muhindo a déclaré: «c’est un chantage malheureux».