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RDC : Louise Munga garde encore ses immunités

Bien que l’Assemblée nationale ait juste autorisé l’ouverture de l’instruction, l’intéressée est également couverte par plusieurs correspondances du Premier ministre dans cette affaire du Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo

Dans cette bataille judiciaire pour faire éclater la lumière sur la gestion jugée opaque du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo où l’Etat RD-congolais aurait perdu USD 250 millions, les choses commencent à se préciser avec la position prise par l’Assemblée nationale, autorisant le Procureur général près la Cour constitutionnelle d’auditionner les députés cités dans cette affaire, alors qu’ils occupaient des postes ministériels à l’époque. Ils sont auditionnés juste dans le cadre de l’instruction et non des poursuites judiciaires.

La résolution de la Chambre basse du Parlement renferme, cependant, des points à éclaircir face au public, mieux mérite de lever quelques confusions dans la tête de l’opinion qui interprète les choses inversement. D’abord, l’Assemblée nationale a juste autorisé l’ouverture de l’instruction de l’affaire. Les députés attendus au Parquet général près la Cour constitutionnelle vont répondre en gardant leurs immunités. A cette étape, elles ne sont pas levées.

Puis, «Louise Munga Mesozi a comparu de manière volontaire devant l’Office du Procureur général. Elle a été également entendue volontairement par l’Inspection générale des Finances -IGF-», a confié son Conseil, martelant que «partout où elle est passée, elle a fourni les éléments qui la mettent hors cause». Enfin, on accuse Munga d’avoir signé un contrat qui a permis aux sociétés d’accéder aux fonds publics, pourtant, elle a une ribambelle des correspondances officielles dans ce dossier du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo.

Selon son Conseil, toutes ces correspondances constituent des éléments de son innocence dans ce dossier. Pour prouver son innocence, Louise Munga brandit la lettre du Premier ministre Matata Ponyo sur «le protocole d’accord relatif à la mise en place du parc agro industriel de Bukanga Lonzo» datée du 18 février 2014. «Au regard de l’urgence, je demande à Madame la ministre du Portefeuille de prendre les dispositions nécessaires pour finaliser ce processus y compris la signature du protocole d’accord ce mercredi 19 février 2014», lit-on dans cette lettre du PM Matata qui précise encore: «par ailleurs, je rappelle à Madame la ministre ma lettre n°CAB/PM/CJFAD/J.NK/2014/8947.

Par cette correspondance, je l’autorise à signer les statuts de trois sociétés dont la Société Parc Agro-Industriel de Bukanga Lonzo. Ces statuts sont aussi attendus ce même mercredi 19 février 2014». Déjà le 10 février 2014, le Premier ministre avait minuté une correspondance n° CAB/PM/ADR/IN/2014/ 9179 axé sur «Contrat de gestion du Parc Agro-industriel de Bukanga Lonzo» dans laquelle il précise: «Africom, un consortium sud-africain  spécialisé dans l’agriculture de précision et la gestion des parcs multidimensionnels, s’est proposé d’assister le gouvernement en qualité de gestionnaire du projet Bukanga Lonzo.

Pour ce, un projet de contrat de gestion ici en annexe a été élaboré et pour lequel j’attends vos avis et considérations d’ici mardi 11 février 2014». Ce n’est pas tout. Dans une correspondance n° CAB/PM/CCPG/AI/2015/2114 du 07 avril 2015 adressée au ministre d’Etat en charge du Budget, le Premier ministre table sur la «Libération du capital social des entreprises du Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo et des frais de premier établissement de la Société des Parcs Agro-Industriels -PARCAGRI S.A».

«Pour enregistrer au RCCM les trois sociétés du Parc Agro-Industriel de Bukanga Lonzo nouvellement créées et permettre à l’une d’elles, la PARCAGRI S.A de pouvoir amorcer un début de fonctionnement, je vous demande de liquider en deux tranches l’équivalent en francs congolais de la somme de USD 1.304.611», a sollicité Matata Ponyo, en justifiant: «cette liquidation se fera à partir de la ligne budgétaire ‘Investissement en ressources propres’ de la manière suivante: USD 939.916, au cours de ce mois d’avril 2015, pour couvrir la libération du capital des trois sociétés –PARCAGRI S.A, SEPAGRI SA et MARIKIN S.A-, l’installation de la PARCAGRI S.A et trois mois de son fonctionnement; USD 364.595 au début du mois de juillet 2015 comme provision pour 9 autres mois de fonctionnement». Et de conclure :«madame la Directrice générale désignée devra communiquer, dans les meilleurs délais, les numéros des comptes bancaires dans lesquels seront logés ces différentes sommes».

Audition de Mumba

Devant la Commission ad hoc de l’Assemblée nationale chargée d’auditionner les députés Louise Munga et son collègue Lumbu Kiala, Munga a été claire. «Elle a reconnu avoir comparu en volontaire pour des raisons évidentes liées notamment au respect du droit de la défense; au fait que l’IGF ne l’avait pas entendu et que le réquisitoire ne relatait pas exactement les faits et qu’il fallait combler le vide auprès du procureur général près la Cour constitutionnelle; au rétablissement de la vérité et à son honneur et, a fortiori, à l’éclairage de la lanterne du Procureur général près la Cour Constitutionnelle», lit-on dans le rapport de cette Commission que AfricaNews a pu consulter.

Octave MUKENDI

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