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RDC : L’Église dit non à la balkanisation

Toute la RD-Congo est vent debout contre le projet de balkanisation du pays, l’agression rwandaise via le M23, les tueries à répétition à l’Est depuis près de trois décennies. Dimanche 4 décembre 2022, à la suite de l’appel lancé par la Conférence épiscopale nationale du Congo -CENCO-, des millions de fidèles, rejoints par des milliers de croyants d’autres confessions religieuses, ont pris d’assaut les rues et autres places publiques pour dire avec force «non à la balkanisation» de la RD-Congo. Ils ont soutenu que l’intégrité territoriale du pays n’est pas négociable.

De Kinshasa à Kisangani en passant par Beni, des Chrétiens ont dénoncé haut et fort «la guerre dans l’Est de la RD-Congo menée par la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda» et manifesté leur «soutien envers les FARDC». Aussi, ils ont «dénoncé l’hypocrisie de la communauté internationale face à la crise sécuritaire» qui sévit à l’Est de la RD-Congo. A Kinshasa, des fidèles ont marché suivant leurs doyennés, entonnant des chants et multipliant des prières. Chaque doyenné, mené par son curé-doyen, a eu son point de chute. Dans les différents points de chute, le message des évêques a été lu à l’attention des marcheurs. Au Palais du peuple, Mgr Carlos Ndaka, vicaire général de l’archidiocèse de Kinshasa, a pris la parole pour fustiger le cycle de guerre dans la région du Kivu depuis 1994 à la suite de l’arrivée des réfugiés rwandais.

De son avis, la RD-Congo a été abandonnée par la communauté internationale face aux différentes crises sécuritaires et humanitaires dues à la traversée des communautés rwandaises. Pourtant, c’est cette même communauté internationale qui avait demandé aux autorités RD-congolaises d’ouvrir les frontières pour les accueillir. L’attitude de la communauté internationale traduit son «hypocrisie face à la situation sécuritaire dans l’Est de la RD-Congo».

A Beni, la pluie n’a pas arrêté l’élan patriotique des chrétiens qui l’ont bravé pour «dire non à la guerre, non aux massacres et non à la balkanisation». Leur marche a débouché sur le rond-point Nyamwisi sur le boulevard du 30 juin. Ici, Mgr Laurent Sondirya, vicaire général et prêtre de la paroisse de Paida, a déclaré: «la marche consiste à soutenir pacifiquement notre pays pour qu’il ne soit pas balkanisé, qu’il y ait la paix, que la guerre finisse. L’heure est grave. Nous devons nous solidariser pour que notre pays ne soit pas balkanisé à notre insu. Et pour qu’il y ait la paix, tous ces motifs de guerre c’est pour essayer de disqualifier notre pays, de le partager sans que nous ne le sachions.  C’est pourquoi, les évêques invitent les fidèles et les hommes de bonne volonté à prendre conscience que notre pays est en danger». Mgr Laurent Sondirya a, en plus, demandé à ses brebis et autres personnes de bonne volonté de jeûner et prier pour la paix au pays ainsi que de marquer l’amour et la solidarité envers les déplacés de guerre. A Kisangani, au-delà de la dénonciation du projet de balkanisation de la RD-Congo, le message de circonstance a préconisé la réduction du train de vie des institutions pour financer les FARDC, au front. «Il faudrait impérativement réduire le train de vie de nos institutions et de nos dirigeants pour renforcer nos moyens de défense. Nous encourageons les efforts diplomatiques comme solution éventuelle à la tragédie que nous vivons. Cependant, l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale ne sont pas négociables», a martelé Mgr François Mwarabu, qui a, au nom des évêques, lu le message de la CENCO en présence de la gouverneure de la Tshopo, Madeleine Nikomba.

Et Mgr Marcel Utembi, président de la CENCO, d’expliquer: «c’est en solidarité avec nos frères et sœurs qui souffrent et dans l’esprit patriotique de préserver l’intégrité nationale, la souveraineté nationale que nous avons fait cette marche pour prendre à témoin la communauté nationale et internationale au regard de ce qui se passe au Congo et nous voulons la paix». A Goma, chef-lieu de Nord-Kivu, province sous état de siège, la marche des Catholiques a été annulée, après évaluation de la situation sécuritaire dans et autour de la ville. Le Comité laïc de coordination -CLC- a motivé que l’annulation de la marche devait permettre d’éviter une éventuelle infiltration.

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