Se remettant à la Cour constitutionnelle, la famille politique de Joseph Kabila appelle à l’annullation de la déchéance du gouverneur du Tanganyika «pour non respect du droit sacro-saint de la défense» et à sa réhabilitation
La déchéance, jeudi 6 mai 2021, de Zoé Kabila de son poste de gouverneur du Tanganyika n’a pas laissé indifférente sa famille politique, le Front commun pour le Congo -FCC-, auteure, hier mardi, d’une déclaration dénonçant «la dérive vers un Etat de non droit». Cette dérive, selon le FCC, s’est manifestée une fois de plus avec «la destitution, aussi irrégulière qu’injutifiée, orchestrée et pilotée depuis Kinshasa, du gouverneur de la province du Tanganyika, M. Zoé Kabila Mwanza Mbala».
«Pire, cette destitution a été entachée de grossières violations de ses droits fondamentaux -le gouverneur n’ayant pu présenter ses moyens de défense puisque retenu à Kinshasa par les autorités nationales- ainsi que des lois et règlements pertinents», a fustigé le camp politique de Joseph Kabila, signifiant, par conséquent, qu’il «ne peut cautionner et condamne cette dérive vers un Etat de non droit, doublée d’une destabilisation en règle de toutes les institutions délibérantes, nationales et provinciales».
Dans cette déclaration du 11 mai 2021, portant la signature de Raymond Tshibanda, président de la cellule de crise, et des présidents des regroupements membres, le FCC, avec «indignation», a noté que «la boulimie de pouvoir et la conception autocratique de celui-ci qui caractérisent l’Union sacrée et l’amènent à vouloir assujetir tous les Congolais et toutes les institutions de la République, nationales, provinciales et locales à la volonté d’une seule personne, ne s’embarrassent d’aucun scrupule, d’aucune règle, d’aucune limite».
A en croire les lieutenants fidèles à Kabila, le gouverneur déchu du Tanganyika jouit d’un «soutien massif» de la population au regard notamment de «ses remarquables réalisations sur les plans sécuritaire, économique, social et du développement des infrastructures». A scruter leurs propos, un tel soutien populaire ainsi que tels accomplissements, sont suffisants pour permettre à Zoé Kabila de récupérer son fauteuil de gouverneur. Ils ont ainsi exhorté «la Cour constitutionnelle, conformément à sa jurisprudence constante, à annuler la décision de l’Assemblée provinciale du Tanganyika pour non respect du droit sacro-saint de la défense et à retablir, en conséquence, le gouverneur irrégulirèment déchu dans ses fonctions».
Etat de siège: le soutien du FCC au FARDC
Dans la même déclaration du 11 mai 2021, le FCC a dit prendre acte de l’option levée par le Président Félix Tshisekedi de proclamer l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri dans l’optique de restaurer la paix dans ces entités. «Le FCC apporte son soutien multiforme aux FARDC qui, comme elles ont eu à le démontrer contre le M23 notamment, sont capables de venir à bout des forces négatives, pour autant que les moyens nécessaires soient mis à leur disposition et que, grâce à une politique favorisant le consensus national», a déclaré le FCC, non sans partager «la douleur des populations meurtries de ces deux provinces, en proie à des violences qui y occasionnent quotidiennement mort d’hommes et destructions de biens».
Le FCC a en outre pris l’engagement d’assurer «avec le concours des élus du peuple, de la Société civile et des hommes et des femmes de bonne volonté, un suivi régulier de la mise en œuvre de l’état de siège». Le FCC est aussi et surtout disposé à «dénoncer tout type d’abus qui découleraient des mesures d’exception qui accompagnent» l’état d’urgence, étant donné qu’en dépit du caractère exceptionnel de celui-ci, «il est des droits qui ne peuvent être restreints, moins encore violés».
Laurent OMBA