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RDC : Le bien-fondé du Forum de l’unité et de la réconciliation des Katangais révélé dans le discours de clôture de Mgr Muteba

Il l’a glissé pour la première fois en juillet 2021 à Manono. Il l’a répété pendant plusieurs mois aux leaders, aux responsables et aux fidèles dans les tournures de ces homélies. Il l’a proclamé haut et fort à la clôture du Forum de l’unité et la réconciliation des Katangais, le 22 mai. Dans le temple de Dieu, la Cathédrale Saints Pierre et Paul de Lubumbashi, Mgr Fulgence Muteba a dit sa joie d’avoir relevé, ensemble avec ses frères et sœurs, le défi de «refonder» le Katanga sur de nouvelles bases, après des années de crises, de doutes et de méfiances et de suspicions. Le grand coup, ça a été la poignée de main entre Joseph Kabila et Moïse Katumbi. «AfricaNews» reprend pour vous l’intégralité du discours du prélat pour que vous en découvriez la teneur.


Homélie prononcée à l’occasion de la messe de clôture du Forum pour l’unité et la réconciliation des Katangais en la Cathédrale Saints Pierre et Paul de Lubumbashi

Frères et sœurs,

Les textes bibliques retenus pour nous enseigner, ce jour, nous amènent sur deux pôles. Le premier cadre avec le temps liturgique. Ce pôle se propose de nous inviter à prendre conscience que le temps pascal, constitué de six dimanches, culmine dans la célébration de l’Ascension du Seigneur, c’est-à-dire de son retour auprès du Père céleste. C’est le passage de l’Evangile selon Saint Jean, au chapitre 14, les versets 23 à 29, qui constitue l’essentiel de ce pôle. Cette péricope évangélique a été choisie par les liturgistes pour montrer comment Jésus a préparé les cœurs de ses disciples avant son Ascension.

Dans cet épisode de l’Evangile, le Christ, en effet, constate que ses disciples éprouvent une certaine peur à l’idée qu’Il va quitter ce monde, pour retourner auprès du Père. Ils ont peur d’être abandonnés à leur triste sort, peur d’avoir perdu leur temps à suivre Jésus, peur de s’être engagés dans une aventure sans issue.

Cette peur s’est transformée en angoisse, celle de ne pouvoir être en mesure de continuer une mission qui les dépasse et s’annonce, somme toute, ardue. Face à ce sentiment de peur et à l’angoisse qui en résulte, Jésus fait quatre promesses et rassure ses disciples, pour qu’ils ne se sentent pas esseulés et ne se troublent point quand il va rejoindre le Père dans les cieux.

Premièrement, Jésus promet solennellement que si quelqu’un l’aime vraiment, il gardera sa Parole et ne la déformera pas, sous-entendu qu’il se nourrira de cette Parole et en fera une règle de vie. En échange, promet le Seigneur, Lui-même et son Père, viendront chez lui et demeureront en lui (Cfr J 14, 23). Bien entendu, cette forme de présence rassurante sera toute différente de celle qu’il a manifestée à ses disciples jusqu’à présent. Elle ne sera pas physique, mais mystique. Cette promesse de dépasser leur peur de rester seuls, d’avoir confiance en Jésus leur donne une responsabilité importante, celle de conserver sa Parole de vie, de l’annoncer sans désemparer, d’en faire une nourriture de vie et de s’y confier en toute circonstance. A travers cette promesse, Jésus réaffirme la mission confiée à ses disciples, celle d’assurer la continuité de l’œuvre de l’évangélisation en son absence physique dans ce monde, dans la fidélité à ce qu’Il a Lui-même enseigné.

Frères et sœurs,

Il nous arrive, à nous aussi, de nous sentir seuls, d’avoir peur, de croire que Dieu nous a abandonnés. Assez souvent, cela nous arrive quand les difficultés nous accablent et nous assaillent, ou quand nos projets sont noyés, notre espoir déçu, ou encore quand notre volonté n’est pas faite. Dans le cheminement de la foi, je vous avoue que ce sentiment est humain, naturel mais nous ne devons pas nous y enfermer. Dès lors, la promesse rassurante de Jésus nous concerne. Dieu est parfois là où nous le croyons absent. J’affirme avec assurance qu’Il ne nous oublie pas ou, plus précisément, Il ne nous oublie jamais ! Dieu ne nous abandonne jamais. C’est ici le lieu de nous rappeler cette parole mémorable de Dieu proclamée par le Prophète Isaie: «Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas. Vois, je t’ai gravée sur les paumes de mes mains, tes remparts sont devant moi sans cesse» -Is 49, 15).

Tout comme Il n’abandonne pas son peuple et ses serviteurs, il ne nous laissera point ; à condition, bien entendu, que nous marchions sur le chemin qu’Il nous a tracé. A cet égard, l’auteur de l’épître aux Hébreux a noté avec justesse : « Que votre conduite soit exempte d’avarice, vous contentant de ce que vous avez présentement, car Dieu lui-même a dit: Je ne te laisserai ni ne t’abandonnerai; de sorte que nous pouvons dire avec hardiesse: Le Seigneur est mon rempart; je ne craindrai pas…» -He 13, 5. Avant de monter vers le Père, ayant donné rendez-vous aux onze en Galilée sur une montagne, Jésus ressuscité leur dit sans détours, «… je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde» -Mt 28, 20.

Deuxièmement, Jésus réitère ici une promesse qu’il a faite ailleurs et qui trouve toute son actualisation dans le contexte de son départ imminent de ce monde. Il s’agit de la promesse d’envoi par le Père, du Défenseur, du Paraclet, c’est-à-dire du Saint Esprit (Jn14, 26). Face au vide apparent que créera son départ de ce monde, le Seigneur décrit le rôle de cet Esprit. Celui-ci est double. Il enseignera tout aux disciples (Cfr Jn 14, 26) et leur fera souvenir tout ce que Lui, Jésus, leur a enseigné pendant tout son séjour terrestre (Cfr Jn 14, 26). Il n’y a aucun doute : l’Esprit est une force qui comblera les limites et les lacunes des disciples, ainsi que leur fragilité, en vue de les rendre capables d’accomplir leur mission. Le même Jésus n’avait-il pas dit: «Mais, lorsqu’on vous livrera, ne cherchez pas avec inquiétude comment parler ou quoi dire ; ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment, car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit de votre Père parlera en vous» -Mt 10, 19. De la sorte, il rassure qu’il demeurera à leurs côtés.

Le livre des Actes des apôtres fourmille de témoignages de l’action de l’Esprit dans les activités missionnaires des apôtres. A la lecture, l’on est frappé de constater à quel point l’Esprit a agi de manière spectaculaire dans l’expansion de l’Evangile. Il nous faut recourir à cet Esprit pour demeurer fidèles à Dieu et accomplir les tâches qu’Il nous a confié dans sa vigne, selon nos catégories et en regard des talents dont il nous a dotés. L’Esprit Saint est cette force permanente que Dieu met à notre disposition pour nous soutenir dans notre cheminement dans la foi et dans nos efforts pour témoigner du Christ ressuscité.

La troisième promesse, quant à elle, porte sur la paix. « Je vous laisse la paix, dit Jésus, je vous donne ma paix » (Jn 24, 27). Mais il précise qu’il ne donne pas cette paix à la manière du monde, c’est-à-dire une paix selon la conception des hommes et signifiant absence de guerre et des contrariétés, absence de difficultés. Mais la paix qu’Il leur laisse n’est pas une tranquillité extérieure, mais la paix du cœur, synonyme d’être dans la cohérence et dans l’harmonie avec Dieu et avec ses semblables. Cette paix du cœur a un prix inestimable et transcende les projets humains.

Frères et sœurs,

Nous sommes, nous aussi, héritiers de ces promesses. Dans notre cheminement de foi, le Seigneur ne nous laisse pas seuls. Il se tient à nos côtés et nous accompagne. Si nous l’aimons en vérité, de tout notre cœur et de toutes nos forces, comme dit un de ses commandements, Il habite en nous et Il vient demeurer en nous.

Son Esprit habite également en nous. C’est lui qui nous fait crier Abba -Ga 4,6-, nous réconforte et nous guide sur de bons chemins pour que nous restions fidèles à Lui. C’est cet Esprit qui dirige l’Eglise et inspire de bonnes initiatives, à l’instar de celle qui nous a réunis en frères et sœurs pendant trois jours ici à Lubumbashi. Il nous faut l’invoquer à chaque instant pour être sûrs de marcher sur le chemin que Jésus nous a tracé à travers son enseignement contenu dans les Evangiles. Quant à la paix, nous savons que nous en avons besoin. Nous devons la préserver à chaque instant, avec jalousie, pour nos frères et sœurs du nord et sud Kivu, de l’Ituri et pour nous-mêmes, notamment au Tanganyika, où nos frères TWA affrontent leurs propres frères LUBA, ou encore dans les territoires de Mitwaba et Pweto dans le Haut-Katanga, où sévit l’insécurité, par endroit, provoquée les miliciens bakata Katanga.

Nos villes du Katanga ne sont pas épargnées. Jamais l’insécurité n’y a tant régné, nous plongeant dans la peur et l’incertitude. Denrée précieuse sans laquelle il n’y a ni développement, ni progrès social, la paix a fait aussi partie des préoccupations de notre Forum. Nous la voulons dans nos cœurs, au Katanga et partout en RDC.

La quatrième et dernière promesse faite par Jésus à ses disciples concerne son départ imminent vers le Père. En effet, après s’être montré plusieurs fois et de diverses manières à ses apôtres, le Christ ressuscité a annoncé son départ de ce monde, comme nous l’avons dit plus haut -Cfr Jn 14, 28-, mais il ajoute tout de suite qu’Il va revenir. Son départ n’est donc pas un départ définitif, mais un aller avec un retour, quand il reviendra dans sa gloire, à la fin des temps. Le Seigneur ouvre les cœurs des disciples à l’espérance de le revoir physiquement, mais seulement à la fin des temps. De même, Il les invite implicitement à se tourner résolument vers les horizons eschatologiques.

Le deuxième pôle de la liturgie de la parole de ce sixième dimanche du temps pascal concerne l’Eglise primitive, c’est-à-dire, celle des premiers temps du christianisme, constituée des chrétiens et chrétiennes qui ont eu un contact physique avec les apôtres de Jésus, immédiatement après sa résurrection. Cette Eglise primitive nous est souvent présentée comme un modèle à imiter. En lisant le livre des Actes des apôtres, que saint Luc a écrit avec un talent remarquable, il apparaît effectivement qu’elle est un modèle à plusieurs égards, à travers notamment le courage des apôtres à annoncer l’Evangile, leur sens d’organiser les communautés des croyants, leur audace de relever les défis de tous ordres, mais aussi la force de leur témoignage, etc.

La première lecture de ce dimanche nous présente la sagesse des apôtres, ces hommes dont on disait qu’ils n’avaient pas assez d’instruction -Cfr Ac 4, 13-, dans la solution apportée à un conflit né dans une de leurs communautés récemment fondées, en l’occurrence celle d’Antioche -Cfr Ac 1, 1. Le conflit qui suscita de graves discussions entre les chrétiens d’origine juive et ceux d’origine païenne concernait la pratique de la circoncision. Selon Genèse 17, 11, la circoncision était un rite institué par Abraham, ancêtre fondateur du peuple juif. Tout enfant mâle devrait s’y soumettre à l’âge de huit jours. Le livre de Lévitique, au 12 chapitre, verset 3 l’atteste. Ce rite, considéré par les juifs comme un commandement, représentait la marque de l’Alliance du clan abrahamique avec Dieu. On peut imaginer son importance en milieu juif.

En effet, pour les juifs, il était en parallèle avec la «circoncision du cœur» dont parlent les prophètes Ezékiel -Cfr Ez 44,7- et Jérémie -Cfr 4,4s-, revêtant une dimension morale et symbolique, comme si le cœur avait, lui aussi, un prépuce à enlever. Chez les juifs, la non pratique de ce rite était sanctionnée sévèrement. C’est cette pratique qui fut au cœur du violent conflit qui éclata à Antioche entre chrétiens d’origine juive et ceux d’origine païenne. Les premiers estimaient qu’en devenant chrétiens, les non juifs devraient obligatoirement s’y soumettre, ce que récusaient les chrétiens d’origine païenne, la considérant comme une pratique culturelle, et non une loi liée à la foi en Jésus Christ.

Pour apporter une solution à cette querelle, les apôtres convoquèrent le premier concile de l’histoire du christianisme naissant qui se tint à Jérusalem. Ce concile trancha net : il n’était pas question d’imposer cette pratique millénaire aux chrétiens d’origine païenne. Pour recevoir le baptême, ces hommes et femmes d’origine païenne devraient se contenter de s’abstenir de certaines pratiques jugées répugnantes, comme d’une part ne pas manger les aliments offerts aux idoles, du sang et de la viande non saignée et, d’autre part, ne pas s’adonner à des unions illégitimes.

Le plus important à retenir, c’est la manière dont les apôtres ont solutionné ce conflit. Au lieu de le laisser pourrir ou de prendre le risque de perdre une partie de leur chrétienté, ils ont emprunté le chemin du dialogue, ici incarné par le concile de Jérusalem. Paul et Barnabé qui se trouvaient au milieu de ces convertis de la région d’Antioche, de Syrie et de Cilicie, ont effectué plusieurs kilomètres pour se rendre à Jérusalem, auprès des apôtres pour leur exposer le problème. A leur tour, les apôtres les ont écoutés, ont discuté avec et entre eux, en engageant un processus de dialogue constructif pour trouver une solution adéquate. Les apôtres ont résolu pacifiquement un conflit dont on ignorait l’issue, mais dont on peut imaginer qu’il pouvait porter préjudice à l’annonce de l’Evangile en milieu non juif.

Frères et sœurs,

Cet épisode du livre des Actes des apôtres cadre bien avec ce qui nous a réunis pendant trois jours. Les conflits sont de l’ordre de la nature humaine. Quand on peut les éviter, c’est tant mieux, mais lorsqu’on y fait face, il est de l’intérêt de tous de les résoudre de façon pacifique. Comme les apôtres au concile de Jérusalem, nous avons pris le chemin du dialogue, de la discussion, de la négociation directe et de la compréhension mutuelle pour résoudre nos différends. Nous reconnaissant Frères et sœurs un jour, Frères et sœurs pour toujours, nous nous sommes assis ensemble pour consolider notre fraternité et notre unité en tant que Katangais et Katangaises, fiers de l’être. Ni la profondeur de nos blessures du cœur, ni nos frustrations personnelles ne nous ont empêchés de nous rappeler que nous sommes réellement Frères et sœurs, appelés à nous pardonner. Certes, le chemin n’a pas été facile.

Par moment, ce dialogue fraternel a subi les menaces de ruptures, mais ce qui nous unit étant plus fort que ce qui nous divise, nous aurons réussi à surmonter les obstacles pour atteindre les objectifs que nous sommes fixés au départ. Nous reconnaissons que c’est la main de Dieu qui nous a conduits et soutenus tout au long de ce parcours périlleux mais combien exaltant et plein de joie. Ce même Dieu a transformé nos cœurs endurcis et nous a conduits jusqu’à nous réconcilier. Pour l’honneur du Katanga et sachant que le monde entier nous regarde, je souhaite ardemment que cette réconciliation soit sincère et revêtue de vérité. L’ambiance fraternelle et conviviale qui a régné hier au Stade Mazembe de la Kamalondo témoigne déjà de la sincérité de cette réconciliation que nous avons cherchée tous ensemble, comme quoi, même le sport a été mis à contribution pour nous réconcilier, parce que nous sommes Katangais.

Cette réconciliation va être davantage matérialisée d’abord pendant l’échange de paix ici à l’église, devant Dieu et en présence de nos sœurs et de nos frères. Elle va culminer dans le rite de lavement des mains sur l’esplanade de cette cathédrale, sous l’œil vigilant d’un échantillon de notre peuple. Aussi, je ploie sous une vive émotion à l’idée que nous partageons un même souci, celui d’être un peuple de bien et d’honneur, au sien de la République Démocratique du Congo ; un peuple soudé et, à chaque instant, prêt à jouer, dans l’unité, sa partition dans le concert de l’histoire. Je ne saurai cacher ma fierté et mon admiration pour vous, peuple Katangais.

Et maintenant, avec la permission de Son Excellence monsieur le Président honoraire de la RDC, je voudrais m’adresser aux participants au forum. Auparavant, je les prie de se mettre debout pour que nous les applaudissions. Je les prie de se tourner vers le peuple et être applaudis une fois de plus, avant de m’adresser à eux et, à travers eux, à tout notre peuple qui nous suit.

Venus des quatre coins du Katanga, de Kinshasa, d’Afrique du Sud, d’Europe et d’ailleurs, vous avez répondu généreusement à l’invitation de l’ASSEPL et ses associés. Vous avez abandonné momentanément vos familles et vos tâches quotidiennes par amour du Katanga, notre patrimoine commun, et par fierté de votre identité. Pendant trois jours, vous avez travaillé assidûment en donnant le meilleur de vous-mêmes pour affirmer haut et fort que nous sommes frères et sœurs toujours, malgré nos querelles de clocher, nos différences idéologiques, nos limites humaines et nos incompréhensions passagères. Dans un dialogue sincère et constructif, dans l’écoute mutuelle et dans les échanges féconds, nous avons envoyé un signal fort à nos compatriotes de la RDC et au reste du monde, à savoir que notre fraternité basée sur les liens de sang et nos affinités sont incorruptibles. Cette fraternité, disais-je, n’est pas de façade. Elle est enracinée dans nos fibres existentielles. Elle triomphe de nos dissensions ponctuelles et nous pousse à marcher ensemble sans désemparer. Dans une ambiance de concorde, nous avons vécu des jours merveilleux, qui sont désormais inscrits en lettre d’or dans les annales de notre histoire commune et dans nos esprits. Comment ne pas être fier de vous? En effet, vous avez réussi un pari mémorable en entrant dans l’histoire du Katanga, de la RDC, de l’Afrique et du monde par la grande porte ; une porte d’honneur et de dignité en tant qu’échantillon d’un peuple respectable et à respecter.

Acteurs et témoins d’une histoire mouvementée, marquée des soubresauts imprévisibles, vous avez réussi d’une part à surmonter d’implacables obstacles qui nous ont éloignés tantôt en douceur, tantôt brutalement, laissant parfois des égratignures ou, dans le pire des cas, des plaies béantes et sans cesse saignant. Vous avez surtout réussi à aplanir un terrain couvert de bosses, sans en laisser des trous profonds. Le parcours n’a pas été facile. Mais, parce que vous croyez au Katanga, vous l’avez transformé petit à petit en un voyage agréable, tel le voyage à l’infini des vagues d’une mer. Notre marche commune, pendant ces jours heureux, a été comme une danse joyeuse aux sons d’un doux chant d’une mère qui berce un enfant pleurant non pas pour se plaindre, mais par simple plaisir d’entendre sa mère chanter.

Au terme de notre séjour mémorable, nous avons la fierté de réaffirmer que «frères et sœurs, nous le sommes vraiment; frères et sœurs nous le sommes toujours». La fraternité entre nous n’est pas un mythe, une fantaisie éphémère ou un vain cri de consolation réciproque, mais une réalité incontestable, indéboulonnable, indéracinable, incassable, insolvable et …, pourquoi pas, immortelle. S’il m’était donné de composer un poème pour vous honorer, ce serait un poème d’éloge de la fraternité héroïque. Ses vers chanteraient la louange de vos vertus de tolérance, de vos capacités à vous dépasser, de votre fierté à appartenir à ce peuple épris de dignité de son identité et confiant dans l’avenir, et ce malgré les incertitudes liées au mystère de l’histoire. Il ne me reste qu’à vous remercier et à vous souhaiter un bon retour chez vous. Je garderai de vous des souvenirs vivants. Je vous présente les excuses des évêques de l’ASSEPL pour les quelques désagréments et failles de l’organisation ou du protocole. Dans le fond, notre personnel et nos collaborateurs n’ont eu qu’un seul souci : vous servir avec loyauté.

Je remercie toutes les institutions que nous ont aidés. Je remercie Son Excellence Monsieur le Président de la République qui a encouragé ce forum. Sa sagesse a triomphé sur les lectures baisées de ce Forum qu’ont largués les disciples et maîtres de soupçon. Ma profonde gratitude va tout droit à Son excellence monsieur le Président honoraire de la République pour sa présence combien édifiante et sa bienveillance. Ma gratitude s’adresse au Premier ministre et au gouvernement qu’il dirige pour leur soutien et leurs encouragements. J’adresse un vif remerciement au Gouverneur du Haut-Katanga, à madame le maire de la ville de Lubumbashi, à la police et aux autres services de sécurité pour leur dévouement.

Je remercie les évêques, les chefs des confessions religieuses, les Co-modératrices, les membres du Secrétariat technique, les jeunes, les membres du protocole, les commis à la sécurité, les hommes et femmes des médias, les techniciens de la cuisine, les responsables du Centre pastoral et tous les collaborateurs. Je souhaite que les engagements que vous allez prendre soient mis en actes pour le bien du peuple katangais et pour la prospérité de la RDC. Ce forum a été financé entièrement par les Katangais et Katangaises. Je les remercie chaleureusement pour leurs contributions financière et matérielle, tout en gardant l’anonymat; ce qui est un signe de grandeur d’âme et de fierté katangaise. Que Dieu, notre Père, soit glorifié à travers l’unité et la fraternité des Katangaises et Katangais. Amen.

Lubumbashi, le 22 mai 2022

Fulgence MUTEBA MUGALU
Archevêque Métropolitain de Lubumbashi.

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