Le Lycée Lubusha est une grande école pour les filles. Construit vers les années 1965 en moellons et décoré de malachites, cet établissement d’enseignement est l’une des écoles prestigieuses des filles dans la région. Située précisément à Luisha, à 80 kilomètres de la ville de Lubumbashi, cette école a le malheur d’avoir été construite sur un filon de cuivre, matière tant prisée par des exploitations sauvages.
Au vu du silence radio affiché par des officiels face la menace de démolition qui pèse sur ledit lycée, tout porte à croire que ces exploitants sauvages agissent avec la complicité de ces derniers. Alors qu’elle porte les germes de la destruction de l’avenir de toute une jeunesse, cette affaire n’a pas laissé indifférent Moïse Katumbi Chapwe. Et face à ce qui s’apparente à une fuite de responsabilité ou complicité des officiels, le potentiel candidat à l’élection présidentielle de 2023 est sorti de sa réserve.
Depuis la lointaine cité de Lourdes où il est en prière, le président d’Ensemble pour la République s’est, dans un communiqué, dressé énergiquement contre la démolition de cette école, au motif que «c’est une des plus belles et prestigieuses institutions de formation des jeunes filles que compte notre pays».
Selon lui, «notre avenir n’est pas dans les mines, mais dans l’éducation». Depuis août 2019, des informations ont circulé sur les réseaux sociaux en RD-Congo faisant état de la vente d’une partie de la concession du Lycée Lubusha à l’entreprise chinoise Excellent Mineral au prix de 1,9 million des dollars américains. Qui veut donc sacrifier l’éducation des enfants, des filles surtout, à cause de l’exploitation minière? Selon les médias parus à l’époque, l’archevêque de Lubumbashi avait indiqué, dans une mise au point datée du 13 août 2019, que deux prêtres sont accusés dans cette vente sans son accord et que les enquêtes étaient en cours.
À en croire des sources recoupées, des politiques dont les noms n’ont pas été révélés ont depuis fait irruption dans ce dossier. Les parties des terres «vendues» représentent plus de 1 400 hectares soit une dizaine des carrés miniers. Il y a quinze ans, la vente de ce site avait suscité non seulement un débat houleux, mais également des marches de protestation.
Au mois de juillet dernier, les élèves du Lycée Lubusha ont fait le déplacement de Lubumbashi pour manifester leur mécontentement à cause de l’exploitation minière qui se fait à proximité de leur école. Les manifestants ont estimé que leurs vies sont en danger à la suite notamment des détonations des explosifs utilisés par les entreprises minières, qui brisent leur quiétude et endommagent les bâtiments scolaires.
Les élèves filles de cette école étaient accompagnées dans cette marche par d’autres élèves des écoles conventionnées catholiques de Lubumbashi. Elles arboraient des calicots portant des messages tels que: «Pour la cause de Luisha, nous ne nous tairons pas», «Sacrifier l’éducation au profit de l’exploitation minière est intolérable», «Non à l’analphabétisation de la jeune fille congolaise».
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