Denis Kadima Kazadi pense qu’il n’a plus une seule minute à perdre. Après avoir fait ses adieux à l’EISA, où il a passé deux décennies et fourbi ses armes en matière électorale, le président de la CENI et ses équipes s’enferment, à partir de ce vendredi à Kinshasa, dans un séminaire d’imprégnation. Les travaux interviennent dans un contexte particulier : le climat désormais rasséréné entre le Pouvoir et l’Église à l’issue de la rencontre, jeudi à Kinshasa, entre le chef spirituel de l’Église du Christ au Congo -ECC-, André Bokundoa, et le président de l’Assemblée nationale Mboso Nkodia Puanga, son collègue du Sénat Modeste Bahati, le premier ministre Sama Lukonde, le conseiller spécial du président de la République François Beya, précédée des échanges, 48 heures plus tôt, entre le même quatuor et le Cardinal Fridolin Ambongo.
Ils ont lieu un mois après l’investiture de la plénière de la nouvelle CENI et près de deux semaines après la première visite de terrain effectuée par Denis Kadima, qui a assuré que c’était pour lui l’occasion de réfléchir à des solutions concrètes pour améliorer les conditions de travail des agents et cadres de la CENI. «Je vais commencer par des solutions qui exigent des réponses immédiates», a promis dans un tweet le numéro 1 de la Centrale électorale, donnant les signes qu’il est déterminé de bouger les lignes. Des sources ont fait part jeudi à AfricaNews du projet de mise en place d’une nouvelle architecture efficace, susceptible de déboucher sur des réformes organisationnelles et d’instaurer la confiance entre les acteurs politiques.
À en croire les mêmes sources, après ce séminaire, la plénière va se consacrer aux états des lieux, à l’inventaire du patrimoine de la Centrale électorale. Bien entendu, avant de plonger dans le bain électoral, Kadima veut savoir ce qui a été fait et ce qui reste à faire notamment l’utilisation de fonds alloué à son institution et la situation du personnel. Il sera question de faire ici un audit financier et administratif. C’est à l’issue de ce processus que la plénière pourra rédiger sa feuille de route pour l’organisation des prochaines élections car tous les paramètres seront déjà étudiés afin de poser chaque acte en son temps. L’organisation des élections est un système complexe. Cette complexité tient au fait qu’il y a des tâches qui seront exécutées par la CENI, notamment le volet technique -recrutement du personnel, organisation de formation, acquisition des matériels électoraux, enrôlement des électeurs etc., mais également celles exécutées par le Parlement, notamment le vote de la loi électorale et celle sur la répartition des sièges dans les circonscriptions électorales sans oublier le financement des opérations électorales dont les fonds seront décaissés par le Trésor public, donc le gouvernement.
Contestés par une frange partie des leaders politiques et religieux, Denis Kadima et son staff n’ont pas droit à l’erreur. Alors que la machine paraît lancée et inarrêtable, pendant longtemps, le pays entier et les partenaires suivront la marche de Kadima et devront lui rappeler son tout premier engagement solennel: «Conscient de la lourde responsabilité dont je suis investi, et des aspirations des Congolaises et des Congolais, je m’engage à offrir à notre pays, avec l’appui, la contribution et l’engagement de tous, des élections crédibles, inclusives et transparentes».
Tino MABADA