Alors que le président Tshisekedi est en train d’achever la première année de son second et dernier mandat constitutionnel à la tête de la RD-Congo, les états-majors politiques se préparent, surtout dans les rangs de l’opposition, prête à reprendre le pouvoir mais inquiète de voir le fromage lui être ravi du bec à la faveur d’une réforme constitutionnelle. Déjà, un front anti-Tshisekedi semble se mettre en place avec, en tête, le duo Kabila-Katumbi. Les deux hommes se sont rencontrés la semaine dernière à Addis-Abeba, capitale de l’Éthiopie pour évoquer ce qu’ils ont qualifié de «grave crise politique, sécuritaire et socio-économique que traverse la RD-Congo».
Jeudi 26 décembre, Olivier Kamitatu, directeur de cabinet et porte-parole de Katumbi, a dévoilé les contours de cette rencontre inédite, révélée en début de semaine par Lalibre.be. Après Lubumbashi en 2022 sous la médiation de Mgr Fulgence Muteba, les deux hommes ont, cette fois-ci, longuement échangé, fustigeant la gestion de Tshisekedi, marquée pas «des choix politiques désastreux» avec pour conséquences la radicalisation de certains RD-Congolais et la privation de paix aux populations de l’Est du pays, malgré la «prolifération des forces illégales, y compris des mercenaires et des troupes étrangères, sur le territoire national». Comme alternative, Kabila et Katumbi, tout en saluant les efforts de médiation en cours, ont encouragé «les facilitateurs à demeurer attentifs aux revendications des parties en présence et, surtout, des populations RD-congolaises qui aspirent à la paix, à la liberté et à la démocratie».
Kabila et Katumbi, réunis dans le même bord politique, l’opposition, après avoir été alliés dans la majorité entre 2006 et 2015 avant de se brouiller à l’approche de la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel, ont aussi déploré la dictature et l’oppression qui, selon eux, ont remplacé la démocratie et l’Etat de droit. Ils ont brandi comme preuve de ce virage dangereux du régime Tshisekedi, «les restrictions des libertés qui se matérialisent par des arrestations arbitraires de journalistes, d’activistes, d’opposants et d’autres citoyens, civils et militaires, du fait de leurs opinions ou de leur appartenance ethnique, et exigent leur libération sans condition».
Opposés à toute réforme constitutionnelle
Le raïs et celui qui a été, neuf ans durant, son meilleur élément montent au front, promettant de «résister activement», aux côtés de tous les RD-Congolais, à cette «dictature naissante» dont le point d’orgue semble être la rupture du «pacte républicain, fruit d’un large consensus national ayant permis la réunification et la stabilité du pays, ainsi que le rétablissement des institutions démocratiques». Allusion faite aux réformes constitutionnelles voulues par le président Félix Tshisekedi.
Pour l’ancien président de la République et l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga, cette démarche est simplement «illégale et inopportune dans les circonstances actuelles», soupçonnant une ambition de «consolider de la dictature à travers une présidence à vie». Ils ont ainsi mis en garde contre le «risque d’exacerber les divisions au sein de la population RD-congolaise et d’achever le délitement de -la- Nation».
Pour un large consensus
Alors que l’opposition se mobilise autour de cette démarche de Félix Tshisekedi, notamment à travers le «Sursaut national» lancé par Sesanga, Kabila et Katumbi ont appelé à un large consensus des forces politiques et sociales pour «œuvrer sans relâche pour une alternative crédible à la situation de désespoir, de pauvreté et de misère, de mauvaise gouvernance, de pillage des ressources nationales, de destruction des infrastructures, etc., qui sévit actuellement en RD-Congo».
Aussi, ces deux opposants de premier rang ont émis le vœu de voir la Communauté internationale «sortir de son inaction et accompagner les efforts du peuple RD-congolais visant à se libérer d’une dictature assise sur des violations intentionnelles de la Constitution». Cette Communauté internationale s’est montrée jusque-là aphone. Un signe d’accommodation «aux dérives du régime en place», selon Katumbi et Kabila, déterminés à maintenir le cap de nouvel élan pour mettre fin au régime Tshisekedi.
DL