Dans une lettre rendue publique le mercredi 6 septembre 2023, le président du parti politique Engagement pour la citoyenneté et le développement -ECIDé- et candidat malheureux de la coalition Lamuka aux élections de 2018, Martin Fayulu Madidi, saisit le Haut-commissariat de l’ONU pour les Droits de l’homme concernant la situation des droits humains en RD-Congo.
Dans cette missive, Martin Fayulu dénonce une manigance sur la fraude électorale en cours et implore l’intervention du Haut-commissariat aux Droits de l’homme. «Nous venons auprès de votre personnalité et de la structure que vous dirigez pour vous informer d’une situation qui pourra mettre notre pays en feu et à sang dans un avenir proche si l’Organisation des Nations unies par l’entremise de votre structure ne vient pas à son secours en prenant des mesures préventives. Le peuple RD-congolais ne se laissera pas martyriser en permanence et lorsqu’il décidera de répondre à la violence par la violence, la situation deviendra non maîtrisable», mentionne-t-il.
Et de renchérir: «la RD-Congo, notre pays, traverse une situation difficile sur le plan sécuritaire, social et politique, cette situation est liée à des crises politiques récurrentes dont l’une des causes fondamentales est la contestation de la légitimité des institutions et de leurs animateurs. Ainsi le pouvoir actuel issu d’une fraude électorale se prépare à organiser les élections générales prochaines avec un agenda clair, celui de récidiver avec fraude».
Celui qui se réclame toujours comme le vainqueur de la présidentielle de 2018 que Félix-Antoine Tshisekedi aurait volé n’a pas loupé l’opportunité pour identifier les faits majeurs qui permettent aux observateurs avertis de se convaincre de la fraude électorale en préparation. Il évoque notamment la nomination par Félix-Antoine Tshisekedi des juges de la Cour constitutionnelle le 17 juillet 2020, en violation de la Constitution, l’instauration de l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri depuis le 3 mai 2021 pour anéantir les libertés fondamentales des citoyens habitants de ces deux provinces, l’adaptation, sans consensus entre toutes les parties prenantes, par l’Assemblée nationale, le 4 juin 2021, de la loi organique portant organisation et fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante -CENI.
Ce n’est pas tout, il cite aussi la création le 6 décembre 2021 de l’Union sacrée de la nation et la recomposition de la majorité parlementaire à l’Assemblée nationale en violation du Règlement intérieur de cette institution pour constituer une machine d’accompagnement de la fraude électorale avec les moyens de l’Etat, l’adoption d’une loi électorale -loi du 29 juin 2022- consacrant le vote semi-électronique et n’acceptant pas la proclamation des résultats bureau par bureau. A cela s’ajoutent la création d’électeurs fictifs lors de l’opération d’identification et d’enrôlement entre décembre 2022 et mai 2023 et le refus catégorique de l’audit indépendant au fichier électorale par un cabinet spécialisé voire de l’audit citoyen proposé par les églises catholiques et protestantes, l’entretien par le pouvoir en place de l’insécurité, des milices privées et d’un climat de peur par les perturbateurs des manifestations publiques de l’Opposition ainsi que par des arrestations arbitraires d’opposants, des militants des droits humains et des journalistes.
Par la suite, Fayulu dénonce le comportement du pouvoir en place qui, selon lui, n’a pas respecté la Constitution et les lois du pays. «Nous avions respecté toutes les démarches légalement prévues dans la Constitution et les lois de notre pays qui prévoient un régime d’information et non d’autorisation pour les manifestations publiques», déclare-t-il.
Puis: «Nous nous étions retrouvé en face d’un gouvernement qui s’est illustré par des graves violations des droits de l’homme en commençant par chercher les astuces pour nous refuser de marcher notamment par le report de notre marche du 13 au 18 mai 2023 avec pour motif l’insécurité. Après avoir programmé notre marche pour le 20 mai 2023 afin de permettre au gouvernement sous les ordres de Monsieur Félix Tshisekedi Tshilombo de garantir la sécurité des manifestants, il autorisa deux autres activités politiques le même jour avec l’intention de ne pas prendre acte de la nôtre en changeant notre itinéraire». Puis encore: «Le peuple RD-congolais, souverain, qui a décidé de nous accompagner dans cette marche a refusé de se soumettre à cette violation de ses libertés fondamentales en vertu de la Constitution de notre pays qui, en son article 28, lui donne le droit de refuser d’exécuter un ordre manifestement illégal. De ce fait, il a maintenu sa marche avec l’itinéraire prévu».
Selon lui, «le gouvernement en place enverra la Police nationale accompagné la milice de l’UDPS de Monsieur Tshisekedi munie des machettes et d’autres armes blanches en vue de massacrer le peuple marchant dans les rues de Kinshasa».
Le président de l’ECIDé fait également le compte-rendu de son sit-in devant la CENI cinq jours après cet incident, soit le 25 mai 2023. Il signale que cette manifestation était aussi soldée par une agression de la part de la Police, sur l’ordre du pouvoir en place. Outre ce sit-in, il informe qu’un meeting a été organisé le 25 juin 2023 à la Place Sainte Thérèse à N’Djili/Kinshasa où la Police a de nouveau commis des actes de violence. Après celà, il y a eu encore un autre cette fois-ci au terrain Bouddha à N’Djili où les participants à ce meeting du 25 juillet 2023 ont été victime d’actes de violence perpétrée par la Police et la milice privée du parti politique UDPS appelée Force du progrès de l’UDPS.
Pour ce faire, l’homme de la «vérité des urnes» fait appel au Haut-commissariat des Droits de l’homme afin de prendre ses responsabilités pour faire appliquer les décisions étatiques en matière de respect, de protection et de garantir les droits de l’homme en RD-Congo.
Plamedie MBENZA