Assainir la gestion des finances publiques en République démocratique du Congo. Jules Alingete Key, inspecteur général des finances chef de service à l’Inspection générale des finances -IGF-, est resté fidèle à son créneau lors des Etats généraux de la justice, menant un plaidoyer pour une justice financière forte en vue de blinder le front anti-corruption et anti-prédation. Cette plaidoirie est assortie de six mesures d’extrême urgence visant l’éradication de la corruption et le renforcement de l’efficacité judiciaire dans le traitement des affaires relatives à la mauvaise manipulation des deniers publics et au détournement.
La première d’entre ces propositions concerne la création d’un Parquet financier, dédié à la poursuite des délits financiers. Ce Parquet, selon Alingete, participe d’une innovation qui devrait permettre de spécialiser l’action judiciaire dans les affaires de corruption et de fraude économique. «Avec cette instance, la justice RD-congolaise serait mieux armée pour traquer les infractions liées aux finances publiques», a-t-il argué, évoquant, par la suite, la formation des magistrats en matière financière comme deuxième recommandation pour assainir la gestion des deniers publics.
«Le renforcement des compétences des magistrats en matière économique et financière apparaît nécessaire pour une prise en charge efficace des dossiers financiers. En formant les magistrats à ces enjeux spécifiques, l’IGF vise à accroître leur expertise pour des décisions plus justes et éclairées», a expliqué Alingete. Il a, en outre, fait comprendre que la lutte contre la corruption et le détournement passe aussi par «l’amélioration des conditions financières et du régime disciplinaire des magistrats».
Par cette recette, le chef de service de l’IGF a plaidé pour des «conditions salariales décentes» à offrir aux magistrats. Celles-ci, a-t-il souligné, sont «essentielles pour réduire leur vulnérabilité à la corruption». Dans le même ordre d’idées, Alingete a suggéré un «régime disciplinaire plus strict afin de renforcer la rigueur et l’intégrité au sein du corps judiciaire». «Révision des immunités des membres du gouvernement». Ainsi, le flic financier en chef a formulé sa quatrième mesure urgente, appelant notamment à la «révision du régime des immunités, particulièrement pour les membres du gouvernement impliqués dans la gestion publique».
Jules Alingete est convaincu qu’en «réduisant ces privilèges, la justice pourrait intervenir plus efficacement contre les responsables de mauvaise gestion». Dans la suite de cette suggestion, le chef de service de l’IGF a épinglé le renforcement des contrôles préventifs des finances publiques qui devrait, de son avis, reposer sur la «patrouille financière».
Son souci est de «mettre en place des contrôles plus réguliers et stricts des flux financiers de l’État pour prévenir toute tentative de détournement avant qu’il ne soit trop tard». La sixième précaution préconisée par Alingete est relative à la mise à jour du Code pénal RD-congolais. «Face aux nouvelles formes de criminalité financière, l’adaptation du Code pénal devient une priorité», a-t-il soutenu, appelant, dans la foulée, à l’actualisation des lois pour faire face aux crimes financiers modernes et les réprimer de manière efficace.
Au travers de ces six mesures urgentes, dont la finalité est d’encadrer la gestion des finances publiques, Alingete, qui a déjà fait ses preuves dans la traque des «prédateurs financiers» mais dont les efforts sont parfois sapés par un système judiciaire «malade», a apporté sa pierre à la construction de cette thérapie devant redonner une santé de fer à la justice RD-congolaise.