«L’ACAJ peut de manière certaine indiquer que le cabinet du Premier ministre comprend 208 unités dûment recensées au titre de personnel politique, administratif et d’appoint», lit-on dans le communiqué de cette ONG, chiffre contredisant celui de 606 unités avancé par l’ODEP dans son rapport annuel 2021
L’opinion est fixée au sujet du personnel engagé à la Primature et plus particulièrement au cabinet du Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde à la lumière du communiqué de l’Association congolaise pour l’accès à la justice -ACAJ- et le rapport annuel de l’Observatoire de la dépense publique -ODEP.
Dans un communiqué diffusé le 09 janvier, l’ACAJ est formel: il y a 208 unités engagées à la Primature. «Dans le cadre de ses investigations relatives aux effectifs des différentes institutions de la République, l’ACAJ avait sollicité et obtenu des services du Premier ministre les effectifs de la Primature et du budget alloué par le Trésor public pour leurs rémunérations», lit-on dans ce communiqué dont une copie est arrivée à la rédaction d’«AfricaNews». Puis: «À date, après divers recoupements avec les données reçues de la Direction de paie, et en attendant la publication du rapport détaillé, l’ACAJ peut de manière certaine indiquer que le cabinet du Premier ministre comprend 208 unités dûment recensées au titre de personnel politique, administratif et d’appoint».
Cette ONG RD-congolaise note qu’il importe de relever que la Primature, considérée au sens large, comprend, outre le personnel sus évoqué, plusieurs services publics y rattachés. Notamment le Secrétariat général à la Primature; le Programme de stabilisation et de reconstruction des zones sortant des conflits armés; l’Autorité de régulation des marchés publics -ARMP-; la Cellule d’analyse des indicateurs du développement -CAID-; le Comité national de désarmement et de la sécurité internationale -CND-SI-; le Bureau de coordination et de suivi des programmes sino-congolais; et la Cellule de gestion des immeubles du gouvernement.
Selon l’ACAJ, ces différents services sont essentiellement composés des agents de carrière des services publics de l’Etat régis par la Loi n° 16/013 du 15 juillet 2016 portant statut des agents de carrière des services publics de l’Etat. «Dès lors, ils ne doivent pas être confondus avec le personnel relevant stricto sensu du cabinet du Premier ministre», précise-t-on dans le communiqué, soulignant que, selon les informations recueillies par l’ACAJ, cette structuration date du gouvernement Gizenga et a toujours figuré dans la Loi des finances au titre des prévisions budgétaires pour le cabinet du Premier ministre. Ce qui constitue une aberration qu’il importe de corriger».
A cette fin, l’ACAJ recommande au Premier ministre de mettre en place des mécanismes idoines devant permettre de faire un distinguo net entre le personnel de son cabinet politique et celui des services publics de l’Etat mis à sa disposition pour un fonctionnement optimal de la Primature. «Aussi, pourrait-il fixer l’opinion quant aux chiffres des prévisions budgétaires et surtout leur exécution depuis l’entrée en fonction de son gouvernement», revendique l’ACAJ.
ACAJ-208-unités-de-personnel-au-Cabinet-du-PMDeux jours avant le communiqué de l’ACAJ, soit le vendredi 7 janvier, l’Observatoire de la dépense publique -ODEP- avait publié son rapport annuel 2021 intitulé: «Constats majeurs sur la gestion des finances publiques en 2021: vision erronée du chemin vers l’émergence, braquage permanent des ressources publiques, crimes économiques récurrents anti-peuple et anti-patrie. Rapport de monitoring de l’exécution de la Loi des finances de janvier à septembre 2021».
A la fin de sa page 10, le rapport de l’ODEP qu’«AfricaNews» a consulté table sur le niveau de paiement des rémunérations. «La rémunération reste l’épine dorsale pour la gestion des dépenses en RD-Congo. Fin septembre, 3.012,82 milliards de FC ont été dépensés contre les prévisions linéaires de 3.889,04 milliards de FC, soit 77,47%… Elles représentent 52,9% des dépenses effectuées, en-tête de toutes les affections de l’Etat», a constaté l’ODEP. Et de poursuivre: «cela se justifie par le recrutement fantaisiste du personnel politique dans les différents cabinets: institutions et ministères. Les effectifs du bureau du Président de la République par exemple sont passées de 445 en 2019 à 1.018 en 2021. Au niveau de la Primature, ce sont 606 personnes en charge de l’Etat; 2.756 dans les cabinets du bureau de l’Assemblée nationale et 881 au sénat, en dehors de 500 députés et 108 sénateurs pris en charge par l’Etat. Alors que les deux chambres du Parlement disposent d’une administration de qualité capable d’accompagner les personnels politiques».
Contactées dimanche soir par la rédaction d’«AfricaNews», les sources de la Primature ont confirmé que le nombre du personnel politique, administratif et d’appoint engagé par le Premier ministre est 208 unités tel que ressorti par l’ACAJ et non 606 avancés par l’ODEP.
Octave MUKENDI