Pendant ce temps, les sénateurs, mécontents, demandent également d’être reçus par le Président de la République, se disant négligés…
La publication du gouvernement Sama, longtemps attendue, a fait des mécontents au sein de l’Union sacrée de la nation. Près de 200 députés, pour la plupart issus du FCC, ont étalé sur la place publique leurs frustrations. Au départ 138, ces élus, réunis au sein du “Collectif des révolutionnaires”, ont vu leurs rangs s’agrandir. Ils ont été rejoints par 62 de leurs collègues, selon des sources concordantes. Signataires de la pétition ayant débouché sur la défénestration du Bureau Mabunda, ces élus ont, au lendemain de la publication de l’équipe Sama, craché leur colère, fustigeant de “n’avoir pas été récompensés à la hauteur de la lutte menée dans le basculement de la majorité parlementaire”.
Ce basculement, il faut le rappeler, s’est concrétisé par la déchéance de l’équipe Mabunda, symbole de l’alliance FCC-CACH, qui aura été un test grandeur-nature en vue de la consolidation de l’Union sacrée, ce courant politique acquis à la cause du Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. “N’eut été nos sacrifices, le Président Tshisekedi n’aurait jamais obtenu la majorité parlementaire et n’aurait pu former un gouvernement sous contrôle total”, a déclaré un député frondeur, confirmant dans la foulée que leur collectif a transmis au Chef de l’Etat un mémorandum sans en dévoiler le contenu.
Des sources ont rapporté à AfricaNews que ces députés exigeraient jusqu’à 50.000 dollars sinon des jeeps à titre de récompense au combat mené pour débarrasser Félix Tshisekedi de son ex-allié, le Front commun de Joseph Kabila, qui “l’empêchait” de conduire à bon port son action politique. Plus qu’une grogne, c’est la gronde. Ça frise un spectacle de chantage mutuel. Contre ces revendications, certains analystes estiment que la hiérarchie de l’Union sacrée pourrait brandir la menace de dissolution du Parlement aux députés boudeurs pour les forcer à reculer. Les grognards ont donc le choix.
Négociation avec Mboso
Joint par téléphone dans la soirée du jeudi 15 avril 2021 par la rédaction d’AfricaNews, un député USN a, à scruter ses propos, tenté de ramener à la raison ses collègues frondeurs. “Le gouvernement ne pouvait pas qu’être composé des députés nationaux. Dans ce gouvernement, sur 56 membres, il y a 24 députés, soit près de 50%. La volonté du Président de la République de consolider la majorité à travers la nomination de ces élus, a été manifeste”, a-t-il souligné.
De son avis, il est tout à fait naturel qu’il y ait des frustrations parce nombreux espéraient faire leur entrée au gouvernement. Cependant, a martelé cet élu sous couvert d’anonymat, leurs frustrations ne doivent pas “remettre en cause le fondement du combat qu’on a mené au sein de l’Union sacrée”. Et de s’interroger: “est-ce qu’on peut faire un gouvernement avec 100 députés? Les gens qui protestent sont combien?”
Alors qu’une frange de l’opinion soutient que la principale promesse faite aux députés USN a été la nomination au gouvernement, cet élu, formel, a déclaré: “Il n’y avait pas de promesse”. Et de poursuivre: “le Président Tshisekedi nous avait dit que c’est notre courage qui va assurer notre devenir. Comment vous faites pour promettre des postes à 500 députés?”.
Au sujet d’une autre promesse, celle des jeeps, évoquée avec insistance dans l’opinion, ce représentant du peuple a eu cette réponse: “s’il y a des choses qui ont été conclues, elles arriveront à leur temps. Cela ne doit pas justifier l’attitude de certains collègues. Ils manifestent leurs frustrations et cela doit être prise en compte mais cela ne va pas remettre en cause les fondamentaux de l’Union sacrée”.
À la faveur de cet échange téléphonique, il a révélé et rassuré: “les collègues ont commencé des entretiens avec le président Mboso. Il les a écoutés et le Président de la République, au moment opportun, va le recevoir pour discuter et voir dans quelle mesure prendre en compte leurs observations”.
Pendant ce temps, la gronde va vraisemblablement atteindre la Chambre haute où des sénateurs, mécontents, demandent également d’être reçus par le Président de la République. Ils estiment être négligés. En attendant, l’investiture du gouvernement est menacée.
Laurent OMBA