Proposé à la succession de l’abbé Malumalu par sept confessions religieuses mais contesté par l’influente Eglise catholique, le secrétaire exécutif adjoint est aussi englué dans des scandales divers comme les membres du Bureau et de la Plénière de la CENI accusés d’incapacité managériale ayant paralysé le processus électoral mais
de s’octroyer des salaires à faire pâlir ministres, députés, sénateurs et autres directeurs généraux
L’Abbé Apollinaire Muholongu Malumalu a démissionné depuis le 9 octobre de la présidence de la CENI. Le Président de la République a pris acte de cette démission et demandé à la composante dont il était issue notamment la société civile, plus précisément les confessions religieuses, de se réunir pour lui trouver un successeur. Polémique au sein de la classe politique. D’aucuns estiment que le président est dans une approche juridique. D’autres, parmi lesquels des ténors de l’Opposition, sont favorables à une solution politique devant conduire à la refonte totale de la CENI. L’argument fait mouche. Il tire ses racines dans l’ADN même de la Centrale électorale: une structure où toutes les grandes forces politiques ainsi que la Société civile siègent via leurs délégués, mais où personne ne fait confiance à personne. Et l’attitude de la CENI en a rajouté à ce climat de suspicion. Evoquant le manque des moyens financiers, la Centrale électorale n’a pas pu organiser les élections conformément à son propre calendrier. Même la moins coûteuse comme l’élection des gouverneurs de provinces n’a pu se tenir pour les mêmes raisons.
Voici que le ministre de l’Economie Modeste Bahati, ancien acteur de la Société civile, ancien ministre du Budget, jette un pavé dans la marre affirmant haut et fort que le gouvernement approvisionne régulièrement la CENI. Vrai ou faux? Des sources dignes de foi confirment les déclarations du ministre de l’Economie, pointant du doigt le Bureau et la Plénière de la CENI, accusés de s’octroyer des salaires à faire pâlir députés, sénateurs, ministres et autres directeurs généraux des entreprises du Portefeuille: USD 35.000 par mois pour chaque membre du Bureau, USD 32.500 pour chaque membre de la Plénière et USD 25.000 pour chacun de deux animateurs du Secrétariat exécutif, le titulaire Flavien Misoni et son adjoint Corneille Nangaa. Côté logistique, il se raconte que seules 27 véhicules tout terrain et une soixantaine de motos sont disponibles tandis que des milliers de générateurs sont tombés en panne.
«La CENI est engluée dans des scandales divers où le secrétaire exécutif Misoni et le secrétaire exécutif adjoint Nangaa sont tout aussi mouillés que le bureau et la plénière», assène un député UNC. Mais personne n’ose dénoncer. Apparemment, chaque mandant ne boude pas son plaisir de recevoir la retro commission de la part de son mandataire à la centrale électorale.
Pendant ce temps, la CENI est trainée en justice pour faux et usage de faux par le MIR, un parti membre de la Majorité présidentielle, se plaignant d’avoir été victime de falsification de ses listes aux élections provinciales dans plusieurs circonscriptions électorales. Le MIR ne se garde donc pas de charger le Bureau et le Secrétariat exécutif de la CENI. Selon des sources proches du dossier, la plainte est à l’origine de la démission de Malumalu, décidé d’éviter une condamnation, donc une humiliation, et de la fuite présumée du secrétaire exécutif Flavien Misoni.
Regain de crise
«Le Secrétariat exécutif n’est-il pas la structure qui conduit l’administration et les opérations techniques à la CENI?», interrogent des observateurs pertinents qui se méfient de ceux qui voient en Corneille Nangaa -l’adjoint de Misoni, proposé à la succession de Malumalu à l’issue d’un processus de désignation conclu mercredi par sept confessions religieuses mais contesté sur toute la ligne par la puissante Eglise catholique- l’homme providentiel qui sortira le pays de la panade. L’influente Eglise catholique a critiqué jeudi le choix du nouveau chef de la Commission chargée d’organiser les élections en RD-Congo, à un peu plus d’un an de la prochaine présidentielle. «L’Eglise catholique n’a pas voulu participer à cette parodie de désignation», a déclaré à AFP l’abbé Léonard Santedi, secrétaire général de la Conférence épiscopale du Congo -CENCO.
Pour l’Eglise catholique, la personne qui prend la destinée de la CENI doit être une personne d’une probité morale sans faille, un homme intègre, capable de résister à toutes les pressions politiques de tous les camps. Voici que Nangaa est retoqué. Moralité: les statuts du «sage» et du «laïc neutre» avec des solutions miracles ne conviennent pas à cet ancien conseiller de l’ancien ministre de l’Economie Jean-Paul Nemoyato Bagebole, lui-même entré au gouvernement avec le label CDC-Opposition du duo Kiakwama-Mokonda. Le propulser aux commandes de la CENI, ce serait tomber de Charybde en Scylla ou déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Paul. C’est incontestable, la sortie de l’Eglise catholique est venue accentuer la crise à la CENI dont le vice-président PPRD André Mpungwe a déposé sa démission sur la table du Président de la République, il y a environ une semaine.
Les délégués de sept confessions religieuses ont beau transmettre le procès-verbal de désignation de Nangaa jeudi au président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku, observateurs et analystes pensent qu’un dialogue politique destiné à la refonte de la CENI et à la confection d’un calendrier électoral réaliste et consensuel ainsi que l’organisation d’un processus électoral crédible et pacifique devient la seule voie de sortie de la crise actuelle.
AKM
Octave MUKENDI
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