Dossier à la Une

Qui arrêtera Pierre Lumbi?

Pierre Lumbi, autorité morale du MSR
Pierre Lumbi, autorité morale du MSR
La baisse de l’influence de l’ancien animateur de la Société civile et de son parti, le MSR, n’est pas pour demain. Deuxième force politique de la Majorité présidentielle et l’une de grosses écuries de la scène politique, le MSR et ses satellites rangent, à eux seuls, près de 1400 candidats. Ambitions absolues d’enracinement dans une joute où d’autres partis alliés, risibles, alignent un candidat chacun
Pierre Lumbi est-il en train de réussir son pari d’être incontournable dans le gotha politique RD-congolais? Si la fin devra justifier les moyens, les fondations posées en 2006 et renforcées en 2011 sont en voie d’être consolidées au regard du nombre des candidats alignés et des sièges escomptés aux prochaines provinciales. Ensemble, le MSR, le MCR et le MSC constituent l’empire politique du conseiller spécial de Kabila. Ils mettent 1383 candidats en ordre de bataille, soit plus de 238 prétendants que le tandem PPRD-PPPD, presque l’équivalent des candidats du PALU, UDPS et MLC réunis. Ou encore du trio AFDC-CNC-UFC.
 
La RD-Congo se prépare à des élections historiques. Notamment les législatives provinciales, les deuxièmes de l’ère Joseph Kabila ou de la 3ème République, passage obligé pour le renouvellement des Assemblées provinciales, des directions des provinces -après la transition due au démembrement- et du Sénat, fin mandat depuis 2011. Un scrutin très disputé, où vont devoir s’affronter 322 partis aux forces inégales les uns des autres. Le tableau illustrant le rapport synthèse de la Commission africaine pour la supervision des élections -CASE- sur la situation des candidatures par parti politique aux prochaines élections provinciales laisse deviner que certaines formations politiques escomptent le succès tandis que d’autres gagent la déroute. Grands favoris, partenaires de coalition aguerris, modestes partis aux dents longues ou nouveaux-nés, le tour d’horizon des forces en présence dévoile les sérieuses ambitions de Pierre Lumbi et sa galaxie.
Deuxième force de la Majorité en 2006, le MSR a consolidé sa place à l’issue des législatives nationales de 2011 en s’appuyant sur ses satellites, le MSC -que certaines sources lui attribuent- et le MCR. L’écurie n’est pas rassasiée pour autant. Elle vise plus haut. Elle donne les signes de vouloir jouer les premiers rôles au terme des provinciales. Le nombre des candidats rangés en dit long sur ses visées: 681 MSR dans 184 circonscriptions, 519 MCR dans 113 circonscriptions et 222 MSC dans 58 circonscriptions. Un total de 1383 candidats, soit plus de 238 prétendants que le tandem PPRD-PPPD, presque l’équivalent des candidats du PALU, de l’UDPS et du MLC réunis. Ou encore du trio AFDC-CNC-UFC.
Entre 2007 et 2015, le MSR a pu placer un ministre d’Etat en charge des Infrastructures, son propre président, Pierre Lumbi, depuis passé conseiller spécial du Chef de l’Etat, un questeur au bureau de l’Assemblée nationale, Bolenge Tenge, actuel locataire du ministère des Affaires foncières, où l’avait précédé son camarade César Lubamba, un vice-gouverneur au Sud-Kivu, Jean-Claude Kibala, aujourd’hui ministre de la Fonction publique, où il y a eu parmi les prédécesseurs un autre camarade, Laurent Simon Ikenge, d’autres ministres dans le gouvernement central, une dizaine de ministres provinciaux et un gouverneur, Jean Bamanisa Saidi. Avec la plus grosse troupe des provinciales, Pierre Lumbi surfe sur le manque d’audace, pourquoi pas de réalisme de certains partis membres de la famille politique à laquelle il appartient et dont il demande la démocratisation des débats. Personne ou rien ne semble l’arrêter.
Sauf si le PPRD sait comment s’y prendre. Première force de la Majorité présidentielle à l’Assemblée nationale et dans les Parlements provinciaux depuis 2006, le PPRD, 692 postulants dans 189 circonscriptions, est le deuxième gros pourvoyeur des candidats après le team MSR. Il porte le total de ses candidats à 1147 s’il faut compter avec les 455 prétendants disposés par son appendice, le PPPD. Il a, lui aussi, les clés de ce scrutin.
Alors qu’il compte un vice-gouverneur à Kinshasa et dans l’ex-Bandundu, où il a pu engranger des modestes sièges à l’issue des législatives provinciales de 2006, le PALU du vétéran Antoine Gizenga, l’autre allié du PPRD depuis 2006, semble également bien lancé avec 626 candidats, soit 43 de moins que l’AFDC de Modeste Bahati.
Côté Majorité présidentielle, la grande surprise vient du CNC de Pius Mwabilu qui, pour sa première expérience aux provinciales, sort ses griffes et place dans la course 411 candidats dans 113 circonscriptions, bien plus que l’ARC d’Olivier Kamitatu, 384 candidats dans 102 circonscriptions, le BUREC de Julien Paluku, 365 candidats dans 105 circonscriptions, et la CCU de Lambert Mende, 356 candidats dans 113 circonscriptions. Regroupés, les candidats issus de ces quatre partis forment un bloc de 1516 prétendants, soit seulement 133 candidats de plus que les troupes de Pierre Lumbi.
La même faiblesse s’observe également du côté de principales écuries de l’Opposition. Mis ensemble, l’UDPS de Tshisekedi, 276 candidats dans 81 circonscriptions -bien en deçà du poids historique et du prestige de cette formation politique-, l’UNC de Kamerhe 523 candidats dans 150 circonscriptions -la plus grosse mise dans le camp des adeptes de l’alternance- et le MLC de Jean-Pierre Bemba, 519 candidats dans 158 circonscriptions, atteignent 1318 candidats. Il leur manque 65 candidats pour égaler la colonne de Pierre Lumbi. 1383 candidats, c’est 5 fois Léon Kengo ou 27 fois Franc Diongo.Clair, le spécial se fait l’un des enjeux de ces provinciales. A l’analyse, rien ne se fera sans lui.
 
Achille KADIMA MULAMBA

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page