Vingt-cinq jours après la découverte du corps sans vie de Chérubin Okende, député national et ancien ministre des Transports et voies de communication, le meurtre est toujours non résolu alors que l’enquête a enfin connu un coup d’accélérateur la semaine passée avec l’annonce de l’autopsie de la dépouille. Dans les salons huppés, les analyses vont dans tous les sens pour tenter de comprendre les tenants et les aboutissants de cette affaire qu’Ensemble pour la République, parti dont Okende était, jusqu’à sa mort, porte-parole, a qualifié d’un «crime d’Etat». Parmi les pertinentes hypothèses avancées jusque-là, celles du député national Léon Nembalemba dit Papa Molière, membre de l’Union sacrée de la nation -USN. Tetela comme Okende, Léon Nembalemba n’a pas eu sa langue dans sa poche au micro de la journaliste Paulette Kimuntu. Bien que membre de l’Union sacrée, Léon Nembalemba, a fait taire, le temps d’une émission télévisée, ses convictions politiques pour faire parler, au nom de la vérité certainement, son cœur, sa raison et les évidences en avançant des hypothèses susceptibles de couler le Régime auquel il appartient et qu’il défend. L’élu de la Funa a violement taclé l’«incompétence des services» qu’il a accusés ouvertement d’avoir «tué» son collègue et frère. «Okende a été enlevé puis tabassé à mort. Son cœur a lâché et il a succombé d’un arrêt cardiaque», a-t-il affirmé sans langue de bois. Fidèle à son style provocateur, «Papa Molière» s’est moqué du «maquillage» à «l’emporte-pièce» de la voiture de Chérubin Okende en scène de crime alors que, a-t-il avancé, des évidences prouvent qu’il a été «entrainé» vers ce véhicule. «Ils ont attaché la ceinture de sécurité pourtant, selon sa femme, il ne la mettait jamais. D’ailleurs, nous sommes nombreux à Kinshasa à ne pas la mettre. De plus, il y a des traces de boue séchée sur ses habits», a-t-il analysé.
Une hypothèse qui rencontre la version avancée par la journaliste belge Colette Braeckman qui a brandi les similitudes entre le meurtre de Chérubin Okende et celui de Floribert Chebeya. Selon cette sépécialiste de la RD-Congo, les deux corps portaient «des traces de mauvais traitements» et la ceinture de sécurité sur le corps sans vie d’Okende «ne portait aucune trace de sang». De quoi conclure à un crime «commis ailleurs», a-t-elle avancé en attendant l’analyse du «système GPS du véhicule» et de l’enregistreur de bord.
Remettant une couche, le député Nembalemba a raillé le «scénario» très mal pensé tout en accusant des «responsables des services de sécurité» d’avoir donné le feu vert pour tuer Okende. «Ils tentent désormais d’entrainer le Président dans la bêtise», a-t-il déploré. Papa Molière s’est dit impatient de prendre connaissance des résultats de la balistique pour confirmer sa thèse car des évidences tendent à la corroborer: «pas assez de sang, ni éclaboussures». «Maintenant, ils sont dans une démarche pour soigner les apparences. Ils cherchent comment présenter la situation au public», a-t-il fait remarqué tout en se réjouissant la désolidarisation du Président de la République. Il en tient pour preuve le récent remue-ménage à la tête de l’appareil sécuritaire du pays. Cependant, Léon Nembalemba a dit refuser «de trop s’impliquer de peur de verser dans la passion», rappelant ses liens fraternels et amicaux avec le défunt.
Comme le député Nembalemba, plusieurs voix s’élèvent pour avancer la thèse d’un meurtre maquillé alors que le Procureur général près la Cour de Cassation avait dans un premier temps confirmé une mort par balle avant de se rétracter. Une attitude vivement dénoncée par les familles biologique et politique du défunt qui avaient vu une démarche visant à dissimuler la vérité alors que le garde du corps et le chauffeur d’Okende sont toujours aux arrêts et privés d’accès à leurs avocats. «Aucune expertise balistique n’a encore été faite, l’autopsie n’a pas non plus été pratiquée pour déterminer les causes réelles du décès, mais le procureur général fait des déclarations à l’emporte-pièce. Ce n’est pas professionnel et cela pousse à croire qu’on veut maquiller l’assassinat», avait dénoncé un proche cité par le journal français «Le Monde».
Le même confère a également abordé «un nettoyeur de voiture» à la Cour constitutionnelle qui a vu Okende en compagnie «des hommes armés habillés en civil» qui l’auraient alors embarqué «à bord d’un pick-up Toyota de couleur blanche».
Natine K.