Le Parquet a rendu public jeudi 29 février 2024 le rapport de l’enquête sur la mort, en juillet 2023, de l’opposant et député Chérubin Okende. Et d’après Firmin Mvonde, procureur général près la Cour de cassation, l’ex-ministre des Transports s’était «suicidé». Selon cette enquête criminelle, Okende «était vraiment stressé, très préoccupé. Deux ou trois jours avant son décès, il faisait parfois des sorties inopinées, lui-même au volant, monologuant, s’adressant à son garde du corps, demandant pourquoi est-ce qu’il n’était pas aimé».
Le Parquet a complété sa conclusion en ajoutant que le défunt avait affirmé par écrit, dans un agenda trouvé après perquisition dans ses bureaux, «être au bout du rouleau».
Puis: les données téléphoniques, la veille de sa mort, ont signalé que Okende aurait été localisé du côté de l’avenue Sendwe dans la commune de Kalamu, vers 16 heures, puis dans la commune de Barumbu, vers Ndolo, aux alentours de 22 heures.
Le Procureur a fait désormais savoir que la suite de l’enquête consistera à comprendre non pas l’identité de l’assassin, mais plutôt la cause qui préoccupait l’ancien ministre.
Détresse de la famille et du parti Ensemble pour la République, suivie d’un tollé général après cette sortie de Firmin Mvonde. «Tu roules au sol pour salir tes habits avec du sable, tu te remets au volant toute la nuit,repéré par plusieurs caméras de surveillance, tu gares finalement ta voiture, tu tires sur toi et tu remets la ceinture de sécurité, tu déposes l’arme à côté», a réagi l’avocat de la famille Okende, repris sur le réseau social «X» par le journaliste Pascal Mulegwa.
Sur le même réseau, plusieurs comptes ont rejeté les conclusions de la justice, expliquant que les photos de la scène du crime, qu’ils ont entrepris de rediffuser via le même canal, infirment la version du Parquet général près la Cour de cassation.
À titre d’échantillon, un certain Kibwe Bonaventure, non autrement identifié, a eu les commentaires suivants: «Notre justice prend les Congolais pour des fous? Ça ressemble vraiment à un suicide Sérieusement? Pouvons-nous donner raison au président de la République @Fatshi20, l’auteur du terme ‘la justice congolaise est malade´?».
Tout aussi dubitatif, sieur Jerry Gérard a embrayé avec ces mots: «Suicide avec des balles à l’extérieur? Mais aussi pourquoi le sang ne s’était-il pas versé sur la ceinture de sécurité à part sur sa chemise? Pourtant il avait été retrouvé attaché sur sa ceinture…»
Pour Jim Wamba, «le Procureur doit nous expliquer comment la personne qui s’est suicidée a réussi à tirer une balle qui a perforé le véhicule de l’extérieur».
«Une seule balle sur un artère vital suffit pour mourir pour quelqu’un qui s’est suicidé. Chérubin Okende a bravé la loi de l’inertie en se criblant 3 balles toujours vivant pour s’autoachever avec la quatrième balle. Le simulacre ne fait plus illusion, on se croirait dans 24h chrono», a fait remarquer de son côté l’analyste politique panafricaniste Wesley Ngandu, cité par le journaliste Steve Wembi.
Incrédule, lui aussi, le président de l’ASADHO Jean-Claude Katende a estimé que «la conclusion rendue publique par les autorités judiciaires en charge du dossier Okende est la plus ridicule qui soit. Le fait qu’elles ont menacé d’arrêter toute personne qui critiquerait durement leur conclusion montre qu’elles ont compris que personne ne va y croire. Elles ont oublié que la justice est rendue au nom du peuple congolais. Le jour où le peuple comprendra que la justice est rendue en son nom, certaines autorités judiciaires se verraient interdites d’accéder à leurs bureaux, pas par la décision d’une autorité supérieure, mais par le peuple souverain».
Sur la plateforme X, d’autres utilisateurs encore ont également de refusé de croire que que Chérubin Okende ait pu prendre le temps de sortir de sa voiture, de tirer une balle dans la portière de sa voiture avant de se tirer plusieurs coups de balles dans son corps sans même prendre le temps de retirer sa ceinture de sécurité.
Alors que la version du Parquet est jugée peu convaincante, les photos abondamment partagées sur les réseaux dans l’affaire Okende vont devoir jouer un rôle clé dans le cadre d’une éventuelle enquête neutre et indépendante. L’opinion pourrait savoir, enfin, pourquoi les enquêteurs ont semblé éviter de se soumettre à la force de l’image malgré l’impact de plus en plus important des éléments visuels dans ce genre d’investigations criminelles.