En attendant, une question taraude les esprits: «À quand la mise sur pieds de la Commission enquête indépendante avec en son sein les experts de la MONUSCO, belges, américains, britanniques, français, sud-africains et RD-congolais?
Les opposants Moïse Katumbi, Matata Ponyo et Delly Sesanga exigent au président de la Cour constitutionnelle, Dieudonné Kamuleta, et au juge constitutionnel, Sylvain Lumu en charge du dossier Okende, de démissionner et de se mettre à la disposition de la justice. Dans leur correspondance du jeudi 27 juillet, les trois opposants au régime Tshisekedi reprochent aux deux juges constitutionnels la violation de leur obligation de réserve et leur prise de position publique sur une question susceptible de faire l’objet de décision de la Cour. Ces trois opposants déplorent le fait que ces juges constitutionnels accordent des interviews aux médias sur l’assassinat odieux du député Chérubin Okende Senga, sous prétexte d’éclairer l’opinion publique sur ce crime. Alors que, rappellent-ils, en leur qualité de juges de la Cour Constitutionnelle, ils sont astreints à l’obligation générale de réserve, de dignité et de loyauté envers l’État, conformément à l’article 29 de la loi organique n°13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour constitutionnelle.
«La loi vous interdit, durant vos fonctions, de prendre une position publique ni donner une consultation sur des questions ayant fait ou susceptibles de faire l’objet de décision de la Cour. Faute de cela sur pied de l’article 30 de la loi organique, il y a commission d’une faute disciplinaire sanctionnée conformément aux dispositions du statut des membres de la Cour», soulignent-ils dans leur lettre. Et de poursuivre: «malheureusement et aussi surprenant que cela puisse paraitre, vous vous prononcez publiquement par voie de presse sur le sujet de l’assassinat de l’honorable Chérubin et vous vous exprimez comme pour vous disculper en vous exonérant de toute responsabilité dans ce qui est advenu tel qu’il apparait notamment dans votre appel à témoins relayé par la Radio Okapi le 13/07/2023. Pourtant, vous êtes sans ignorer que jusqu’à ce qu’une enquête indépendante puisse établir la vérité, il est rapporté que l’enlèvement de l’honorable Chérubin a eu lieu dans l’enceinte même de la Cour alors qu’il s’y était rendu suite à votre invitation. C’est de là qu’il aurait donné ses dernières nouvelles à sa famille et ses proches. C’est donc le point de départ de ce crime».
Moïse Katumbi, Delly Sesanga et Matata Ponyo estiment que dans le cas de l’honorable Chérubin Okende, ces juges constitutionnels devraient se mettre à la disposition de la justice pour l’éclairer plutôt que de se répandre dans les médias. Il faut noter que le président de la Cour constitutionnelle, Dieudonné Kamuleta, avait fait plusieurs déclarations lors de son point de presse du 13 juillet dernier sur l’assassinat de Chérubin Okende, animé conjointement avec le procureur général près la Cour Constitutionnelle, Jean-Paul Mukolo Nkokesha, et le procureur général près la Cour de Cassation, Firmin Mvonde Mambu. «Le corps sans vie du regretté Chérubin Okende a été trouvé dans son véhicule, attaché à la ceinture de sécurité, le moteur en marche, la climatisation aussi. Une arme a été trouvée à côté du défunt. Les premiers éléments révèlent que la mort a été donnée par balle. L’arme du crime est connue. Je voudrais vous informer également que présentement se trouve entre les mains de la justice le premier suspect qui est en train d’être entendu par le parquet de grande instance», avait déclaré Dieudonné Kamuleta.
Répondant à la question de savoir si Chérubin Okende était invité par la Cour Constitutionnelle, le président de la Haute Cour avait confirmé, indiquant cependant qu’il n’était pas possible à ce stade de dire s’il était physiquement passé dans les installations de son office la journée du mercredi 12 juillet. Par ailleurs, Dieudonné Kamuleta avait renseigné que sa juridiction avait juste reçu un émissaire de Chérubin Okende la journée de mercredi à 11 heures pour prendre un courrier. La même personne y est revenue aux environs de 16 heures pour déposer une correspondance. Elle est revenue encore à 20 heures pour chercher si Chérubin Okende était à la Cour.
«Vous comprendrez que c’est cette personne qui est aux arrêts. Elle est revenue ici le jeudi matin aux environs de 8 heures pour dire que Chérubin Okende a été retrouvé à travers le système GPS de son véhicule sur Poids lourds. Comment expliquer que son GPS n’a pas fonctionné à 20 heures quand il est revenu chercher l’honorable ici? Les enquêtes se poursuivent. Le moment venu, nous vous communiquerons les détails», avait-t-il précisé.
Pour sa part, le juge Lumu s’était prononcé sur cette question dans une noté confidentielle dont les médias se sont fait l’écho. Les avocats de la famille ont aussi fustigé le comportement du Procureur général près la Cour de Cassation, l’accusant d’avoir violé le secret d’instruction préjuridictionnelle et entrepris d’orienter l’enquête. Alors que Bintou Keita, la représentante du Secrétaire général de l’ONU en RD-Congo, a désigné le délégué devant conduire l’assistance technique de la MONUSCO dans le cadre de l’enquête, en la personne du Général Mody Béréthé, commandant de la Police de la MONUSCO, une question taraude les esprits. C’est celle de savoir «à quand la mise sur pieds de la Commission enquête indépendante avec en son sein les experts de la MONUSCO, belges, américains, britanniques, français, sud-africains et RD-congolais».
Jeudi soir, des sources ont confié que les avocats du garde du corps et du chauffeur de Chérubin Okende, entre les mains de la justice, tiennent une conférence de presse ce vendredi.
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