Aux commandes du ministère de la Communication et des médias, Patrick Muyaya Katembwe, nommé au gouvernement pour la première fois en 2021, a rempilé. Sa reconduction est non seulement sans surprise mais aussi méritée, selon de nombreux analystes politiques, mettant en exergue sa dextérité dans la conduite du front médiatique face à l’agression rwandaise contre la RD-Congo.
Estampillé porte-parole du gouvernement, Muyaya a défendu bec et ongle l’Exécutif auprès de l’opinion nationale et internationale, s’appuyant notamment sur le concept «nouveau narratif», sorti de son neurone. Ce concept est l’expression de son credo fondé sur le principe de la reprise, par la RD-Congo, de l’initiative de sa communication, perdue au profit du Congo Bashing. Ce même concept a donné naissance à des actions de communication soigneusement ficelées, ayant fait découvrir à la face du monde le rôle majeur du régime de Paul Kagame dans la déstabilisation de l’Est de la RD-Congo, a soutenu un analyste.
Muyaya est en outre auteur d’un exercice de redevabilité dans lequel il a entrainé les membres du gouvernement. Ce, en initiant le briefing presse hebdomadaire au cours duquel un ministre présente les avancées réalisées dans son secteur à l’opinion via les médias. Son idée, a-t-on estimé, est de marquer la différence par la culture de rendre désormais compte au peuple des actions réalisées par les ministres, chacun dans son secteur.
Assainir les médias
A son avènement à la tête du ministère de la Communication et des médias, Muyaya a pris le pari d’assainir le secteur des médias qui, ces dernières années, peine à jouer son rôle de quatrième pouvoir. Il s’est attelé notamment à réformer la loi de 1996 sur l’exercice de la liberté de la presse en RD-Congo en y intégrant de nouvelles réalités relatives à l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Cette réforme a abouti en 2023 quand la copie de Muyaya a été adoptée à l’Assemblée nationale puis promulguée par le Président de la République, le même qui lui a renouvelé sa confiance en le maintenant dans ce département gouvernemental.
La promulgation de la nouvelle loi de la presse a été perçue, dans les rangs des professionnels des médias, tel un acte majeur de l’engagement de Muyaya à «promouvoir l’exercice de la liberté d’expression dans le respect strict des lois de la République pour contribuer à l’essor d’un journalisme responsable, éthique et professionnel».
Rompu du journalisme pour l’avoir exercé pendant des années, l’homme de nouveau narratif, décidé à redorer le blason terni de la profession, a, au cours de son premier mandat au département de Communication, apporté son appui très significatif à l’Union nationale de la presse du Congo -UNPC-, organe d’autorégulation de la presse en RD-Congo, pour l’organisation de son Congrès de 2020 à Moanda. A la faveur de ce congrès, des bases de la refondation de l’UNPC ont été jetées afin de renforcer la structure en tant que tribunal des pairs, redonner tout le sens à la carte professionnelle de presse, d’organiser le secteur par la publication, de manière régulière, de l’annuaire des journalistes RD-congolais, et la réalisation des projets pour le développement structurel et scientifique de la presse.
Les Etats généraux de la communication et des médias -EGCM- ont pris le relai de ce Congrès pour marquer la refondation du métier de journaliste, victime de nombreuses mutations au gré de l’évolution technologique. Ces assises, tenues à Kinshasa fin janvier 2022 avec la bénédiction du Président Tshisekedi, ont sonné la fin de l’insalubrité médiatique. En vue de la matérialisation de cette vision chère à Muyaya, ce dernier a mis en place une commission chargée de suivre la mise en application des 80 recommandations issues des EGCM et dont le but est «d’assainir, d’adapter et de professionnaliser le secteur à la lumière des enjeux du développement auxquels la RD-Congo fait face».
Pour la cause de ce métier qui le passionne, Muyaya, ont commenté des confrères, a débordé d’initiatives, sans se montrer à court d’idées ni se lasser de charbonner pour doter son pays d’une presse responsable, débout et droit dans ses bottes.
Une détermination née, à n’en point douter, de son aventure dans les médias, entamée après avoir décroché, à l’ex-IFASIC, son titre de licencié en journalisme et politique extérieure.
Une formation suffisante qui a ouvert les portes du monde politique à Muyaya au point de se retrouver, en 2005, conseiller politique de feu Pius Isoyongo Lofete, deuxième rapporteur du bureau de l’Assemblée nationale de transition
Deux ans plus tard, l’actuel porte-parole du gouvernement a été nommé conseiller en communication de feu Antoine Gizenga, alors Premier ministre. L’année suivante, il a été élevé au rang de conseiller principal chargé de la communication et de la presse à la Primature sous le mandat d’Adolphe Muzito. Il a occupé ce poste jusqu’en 2011 quand il a été élu, du haut de ses 29 ans d’âge, député national à Kinshasa-Funa sur la liste du Parti lumumbiste unifié -PALU.
En 2018, Muyaya a figuré dans le groupe très restreint des députés nationaux ayant conservé leur siège à l’hémicycle. En 2023, il est passé «double brassard», fort de son élection aussi bien comme député national de la Funa que comme député provincial de Bandalungwa, son fief. L’homme du nouveau narratif a signé son entrée au gouvernement en 2021 sous les ordres de Sama Lukonde.