Le président de l’Assemblée nationale a bien conscience que la Constitution et le Règlement intérieur ont été violés dans le contenu et l’alignement de la proposition de Loi sur la congolité à l’agenda de la chambre basse du Parlement. La décision de soumettre, malgré tout, la copie irrégulière de Nsingi Pululu au débat dans une chambre aux ordres, trahit une volonté politicienne mûrement réfléchie d’opérer un passage en force. Une analyse froide et factuelle peut, si tout le monde en prend conscience, démonter ce diabolique piège qui se prépare à l’Assemblée nationale…
Les masques sont peut-être tombés le jeudi 20 avril 2023 lors de la plénière à l’Assemblée nationale. Son président, Christophe Mboso, ne s’est pas empêché de commenter les événements liés à la proposition de loi sur la congolité, initiée par Noël Tshiani et portée à l’hémicycle par le député Nsingi Pululu, jugées «discriminatoire, séparatiste…» aussi bien par l’église catholique que par des diverses organisations de la Société civile et des personnalités politiques. «Pour qu’une proposition de loi passe, elle va d’abord au bureau d’étude. Quand le bureau d’étude rejette, on ne peut rien. Cette proposition avait déjà été rejetée et on avait signifié à l’auteur que sa proposition énerve la Constitution», a relevé Christophe Mboso, avant de jouer à la Ponce Pilate et de tenter de se dédouaner en arguant: «Si un député s’entête à corriger et à déposer encore sa proposition, ça n’engage aucun membre du bureau». Tout de suite après, le speaker a semblé lever le voile sur une volonté politicienne mûrement réfléchie d’opérer un passage en force. «Le jour où ça sera aligné, ça sera discuté. Si ça n’énerve pas la Constitution et les autres lois, nous déciderons nous tous librement et souverainement», a-t-il dit. Si certains y ont vu un rétropédalage, d’autres ont décelé un coup fourré, un piège dans les propos du président de l’Assemblée nationale. Mboso Nkodia Pwanga et son camp politique savent qu’ils ne peuvent rien faire pour corriger le caractère anticonstitutionnel de la proposition de Loi Tshiani et essayer de redresser un niveau d’impopularité qui va perdurer et même s’accentuer. En fin politicien, il sait aussi que pareille proposition de loi raciale et discriminatoire ne devrait pas passer après son rejet de la part de l’Opposition, des partenaires internationaux, de l’Eglise et d’importantes couches sociales. L’idée est de tenter un passage en force sous couvert d’une prétendue souveraineté avec le double ou triple objectif d’aligner irrégulièrement cette mouture déjà recalée en 2021 par le bureau d’études puis conditionner les députés aux ordres afin d’obtenir un vote favorable et arguer qu’il s’agit d’un acte d’assemblée auquel personne ne saurait s’opposer. Mboso a déjà atteint le premier objectif consistant à programmer la proposition de loi Tshiani au calendrier, en violation de la Constitution et de la procédure de traitement prévue par le Règlement intérieur. Voilà, de l’avis des analystes, le piège tendu à l’Opposition et à la nation toute entière par le président téméraire de l’Assemblée nationale, qui a récemment biaisé la procédure en refusant de passer par un vote secret pour obtenir la destitution du Directeur général de la SNEL. Selon ces analystes, il est temps que des voix s’élèvent davantage pour déjouer cette stratégie.