En l’espace de cinq jours, deux animateurs du Bureau de l’Assemblée nationale ont livré deux versions contradictoires en rapport avec les automobiles à répartir aux députés nationaux. Ça traduit tout le malaise au sein de la Majorité Union sacrée…
L’annonce d’un don des 500 véhicules 4×4 offerts aux députés nationaux par le Président de la République Félix Tshisekedi a provoqué la clameur publique. Au signal révélé par l’enregistrement sonore de Christophe Mboso Nkodia Puanga, symbole du Pouvoir, de la Majorité Union sacrée à l’Assemblée nationale, l’opinion a réagi, de manière virulente, par un haro traduisant l’offense faite au peuple. Le seul haro évoqué ne saurait d’ailleurs résumer à lui seul toute la désapprobation exprimée par différentes couches sociales. Entendue comme une plainte, cette clameur publique, ou clamor publicus, une prise de parole politique, a contraint les ténors de l’Union sacrée à se dédire, à se renier mutuellement, à se déconsidérer.
Aux affirmations enregistrées du vieux routier Mboso, du N°2 de la République fier de faire part aux élus du cadeau présidentiel il y a cinq jours, mais obligé depuis de se taire dans toutes les langues à cause du malaise créé au sein du groupe, sont venues s’opposer les viles dénégations du rapporteur du Bureau de la Chambre basse, Joseph Lembi Libula.
Tel un enfant soufflé par des malins adultes déterminés de convaincre un auditoire incrédule et hostile, l’honorable rapporteur a entrepris de démonter sans convaincre les propos prononcés de bonne foi par l’honorable président. Pensant pouvoir faire comprendre que ces jeeps «seront octoyées aux députés à crédit» après avoir été achetées conformément à la tradition instaurée depuis 2003 à l’époque du président Olivier Kamitatu avec les X-Trail, en 2007 sous les bureaux Vital Kamerhe et Évariste Boshab avec les Nissan, puis en 2011 du temps du président Aubin Minaku avec les Toyota Prado et Fortuner, acquises toutes sous forme de crédits véhicules, donc n’impliquant pas des dépenses publiques, la sortie du rapporteur Lembi Libula est passée comme un cri isolé d’autant plus qu’elle n’a pas su et ne saura jamais effacer la précédente annonce de Mboso qui précise que les véhicules de 2021 sont un don du Président de la République aux députés en récompense au «bon combat», qu’ils seront aussi offerts aux élus membres de l’Opposition pour leur montrer la «grandeur d’âme» du Président Tshisekedi. Le mal a déjà été fait. Mboso avait déjà tout dit et le public, scandalisé, avait déjà tout entendu.
Voici que l’infortuné membre du Bureau désespérément envoyé au front a menti de sang froid quand il a dit, dans l’espoir de trouver une explication à ce que l’Observatoire de la dépense publique -ODEP- et des mouvements comme l’ASADHO et LUCHA ont qualifié de corruption, que «les députés se rendent aux travaux de la plénière à moto et en taxi», que «l’Assemblée nationale enregistre beaucoup d’accidents». Trop beau pour être vrai. À l’ère des réseaux sociaux, où tout se sait, se filme, se fait filmer et se partage de façon instantanée, difficile que des scènes des députés gagnant le Palais du peuple sur des motos ou victimes d’accidents de circulation puissent échapper au public friand d’images sensationnelles! À moins que le rapporteur Lembi dispose des preuves inédites!
Pour le Bureau de l’Assemblée nationale, l’octroi de ces automobiles participe de la prestation sociale des députés et procède de l’engagement pris par l’équipe Mboso de donner un sens élevé au mandat représentatif et au statut parlementaire.
Mais ces justifications intervenues après coup, celui opéré par Mboso, n’ont pas convaincu. Sur la toile, le public a plutôt crié au mensonge.
Moralité: la contradiction entre le speaker et le rapporteur est flagrante. Plutôt que d’éteindre la polémique née des affirmations euphoriques mais imprudentes du président Mboso Nkodia Puanga immortalisées dans un audio, les déclarations intempestives du rapporteur Lembi Libula du 22 juin 2021 sont, sans nul doute, venues renforcer son ampleur. Les générations futures auront tout le loisir d’analyser les deux prestations contradictoires et apprécier les incohérences. En attendant, cette histoire des jeeps constitue une épine sous l’ongle du Président. Le Pouvoir USN est dans la confusion, dans des sales draps.
AKM